La revue de presse d’Abeline Majorel
La revue de presse d’Abeline Majorel
La revue de presse livres vous dit tout ce qu’il faut savoir — et emporter — avant l’été !
Il y a quelques années, j'ai trouvé ce livre posé sur du mobilier urbain, je me suis interrogée sur sa présence à cet endroit. Comme il pleuvait, je l'ai glissé dans mon sac pour lui éviter une issue fatale.
Arrivée à la maison, je l'ai posé sur ma Pal et je l'y ai oublié.
En faisant du tri cet été, je l'ai retrouvé et je me suis dit qu'il était temps de le lire puis de le relâcher.
Ce livre nous raconte l'histoire de Paul Hasen, qui est incarcéré à la prison Bordeaux à Montréal.
L'histoire alterne entre le récit de sa vie de prisonnier et son histoire avant le jour fatidique
L'auteur à travers ce récit, nous emmène dans la belle province de Québec que j'adore !!!
A la lecture de ce livre, j'ai pu retrouver les émotions que j'ai eu en parcourant ce territoire et en rencontrant sa population.
J'ai aussi découvert le Danemark grâce au passage qui nous parle de la famille du pasteur Hasen, le père de Paul.
Ce livre est captivant, l'écriture est limpide comme l'eau des grands lacs canadiens.
J'ai passé un excellent moment en compagnie de Paul et je vous recommande vivement ce livre
Merci à La personne qui me l'a fait découvrir
Retrouver l'élégance de Jean-Paul Dubois - ses obsessions aussi - et dès les premiers mots savoir que se sera trop court.
« L'origine des larmes » c'est l'histoire d'un paricide post-mortem et dans laquelle on trouve le patron d'une entreprise de housse mortuaire, fils d'un authentique salaud, un ancien secrétaire général des Nations Unis, un moine néerlandais du moyen âge, une intelligence artificielle, du Dacryoserum et beaucoup de pluie.
« L'origine des larmes » c'est une masse de sentiments, c'est la langueur et l'intelligence au service de la littérature. C'est Paul, l'éternel alter ego de l'auteur, « un homme qui fait ce qu'il peut, étant ce qu'il est ». C'est encore une histoire de famille, de transmission et de névroses. C'est l'art de toucher au tragique avec loufoquerie. C'est surtout le roman le plus sombre de l'auteur avec la mort omniprésente.
Ma tendresse pour Dubois ne faiblit pas à travers les décennies, elle aurait même tendance à progresser. Ce n'est pas une admiration béate comme cela arrive avec d'autres, plutôt une impression de connivance, liée peut être à la géographie, à la paresse, à la propension à cacher la gravité sous une certaine légèreté.
Il va sans doute falloir à nouveau attendre 5 ans pour que Jean-Paul ne se décide à nous livrer un nouveau roman. Ça va être très long.
Une montée en puissance ébouriffante !
J’avoue qu’au début, je me suis posée des questions sur cet auteur que j’aime lire et dont le début de ce roman commençait à me glisser des mains avec la mise en situation de son personnage dépressif.
Jusqu’à la 50eme page, le narrateur, Paul Peremülter, un écrivain désabusé qui toutefois vit de son métier sans excès, raconte son enfance à Toulouse, prise en étau entre la confiserie de sa mère et le cabinet de dentiste de son père puis de son mariage avec une riche héritière américaine qu’il finit par tant décevoir par sa stérilité au propre comme au figuré, que cela le mènera au divorce.
Le père part chaque année deux mois pêcher au Canada.
Une fois la mère décédée, la confiserie est vendue puis, le père est porté disparu, probablement noyé dans un des lacs où il se rendait chaque été.
Le narrateur est dépressif et ça, Jean-Paul Dubois, il sait trop bien le traduire.
Un jour, (aux environs de la cinquantième page), le cinquantenaire décide de quitter Toulouse et d’aller bourlinguer aux États-Unis.
Comme une voiture bloquée sur la première, l’auteur passe enfin les vitesses et appuie sur la pédale d’accélérateur pour nous livrer un voyage intéressant. Qui dit bourlingue, dit petits boulots et rien de mieux pour découvrir un pays que d’y travailler.
Avec ses boulots saisonniers, l’auteur nous fait vivre les Everglades, ses marécages et sa faune sauvage en Floride avec l’Hibiscus Island , la route US 41 le long du golfe du Mexique. Ses expériences finissent toutes avec des déceptions qu’il nous raconte en nous dépeignant la réalité du vécu quotidien dans cette partie des US sans en omettre la mentalité raciste crasse.
Il décide enfin de remonter vers le Canada en Colombie britannique où il fera visiter les sites de baleines à des hordes de touristes quand il décide d’aller là où son père allait passer ses étés, à La Tuque situé à cinq heures au NE de Montréal. C’est une région de grands lacs nichés dans l’immensité d’une toison végétale drue et indomptée auxquels on ne peut accéder qu’en aéroglisseur. Jean-Paul Dubois décrit le paysage de façon cinématographique et vivante.
Paul va rencontrer l’ancien ami de son père, un vieil homme qui a des choses à lui dire.
Là, on a quitté la cinquième et appuyé sur le bouton Spitfire ! On est dans une littérature puissante qui nous embarque à folle vitesse, pied au plancher, accroché à son siège, dans une nature sauvage fréquentée par des pêcheurs aguerris comme l’était son père.
Ce père cachottier qu’il admire et déteste tout à la fois, devenu ce fantôme qui en fait lui pourrit la vie et dont il a décidé, après la révélation d’un secret de famille, de se débarrasser une bonne fois pour toutes en affrontant ses peurs, en dépassant les limites imposées pour enfin être lui-même et aimer la vie.
Un roman captivant qui décoiffe ! Excellent.
Pourquoi Paul Sorensen, responsable d'une entreprise de fabrication de housses pour les morts, a-t-il tiré deux balles dans la tête de Thomas Lanski, son défunt père ?
C'est tout l'enjeu de « L'Origine des larmes » de retracer le parcours de cet homme qui n'aura écopé, à l'issue de son forfait, que d'un an de prison avec sursis et d'une obligation de soins.
Entre cauchemars et séances avec un thérapeute un brin manipulateur qui lui rappelle parfois son géniteur, Paul déroule dans la souffrance le cours de sa vie et étale ses névroses.
Compte tenu de l'existence qu'il a menée depuis sa naissance, le cinquantenaire a bien des raisons d'être neurasthénique. On le serait à moins...
Le 20 février 1980, Paul voit le jour. Sa mère meurt en couches et son frère jumeau ne survit pas.
Entre son job macabre et les deux événements fatals qui marquent sa venue au monde, la mort est omniprésente.
Pour souligner la monstruosité de son père, il rappelle que celui-ci a confié le nourrisson, c'est-à-dire lui, à un proche et s'est envolé pour l'Italie afin d'y passer quelques jours de vacances.
Cette première signature de l'abjection sera suivie de beaucoup d'autres. Pour le sixième anniversaire de son rejeton, il offrit un canari décapité par ses propres dents. Il l'obligea à jeter ses jouets, alors ses seuls amis.
Dans sa folie perverse, il n'hésite pas à blasphémer en dévorant des poignées d'hosties qu'il fait venir tout spécialement de Modène par sachets de cinq cents et qu'il fait déguster à sa progéniture en lui disant : « Goûte, ce sont les chips du diable » !
Non content de martyriser Paul, il persécuta aussi sa nouvelle épouse, une femme douce dont on se demande pourquoi elle s'est amourachée de cette ordure qui, en plus de pourrir la vie des siens, se lança dans des malversations minables et autres escroqueries.
Devenu adulte, le narrateur solitaire trouvera un peu de réconfort dans la gent canine avec laquelle il dialogue, le fantôme du frère, un grand-père maternel Secrétaire général de l'ONU inventé par le père dans un excès coutumier de méchanceté et des conversations avec une IA.
Tragi-comédie teintée d'un humour noir et désespéré, « L'Origine des larmes » est le récit poignant d'un homme brisé par son père et qui se venge en le tuant post mortem. Les préalables et les suites de ce faux assassinat seront à la hauteur des ravages subis pendant cinquante ans.
Tout, dans ce roman, rappelle la blessure primitive, tel ce déluge qui s'abat sur le pays depuis plusieurs mois après des années de sécheresse.
Comme Thomas Lanski, le climat est déréglé en cette année 2031 où se déroule le roman et ses fureurs cyclothymiques auront peut-être raison de nous.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-lorigine-des-larmes-jean-paul-dubois-lolivier/
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