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Il y avait jusqu'ici L'Espion qui venait du froid, John Le Carré ayant apporté au roman d'espionnage la dimension humaine qui lui manquait. Il y aura désormais Une lettre pour le Kremlin, qui, bien que totalement différent, devrait faire date aussi. Une lettre pour le Kremlin est en effet un roman d'espionnage d'un genre tout nouveau : un monstre de logique. Mais cette intelligence impitoyable du scénario s'accompagne d'humour, d'angoisse, de terreur, d'amour. La tragédie est jouée par des acteurs prodigieux, dont le moindre pourrait être à lui seul le héros d'un roman. Au centre, Charles Rone, enseigne de vaisseau, doué d'une mémoire «électronique», mais «puceau» du renseignement, choisi par les instances supérieures pour une mission insensée, pris en main et dressé impitoyablement, associé à une bande incroyable de mercenaires du renseignement. Il y a le Forban ; la Pute à lord Astor qui organise «les basses oeuvres» de Moscou ; Jack le Crack, dit «L'As du Vasistas» ; le Mécano fabricant de marionnettes ; Sturdevant, cordial Texan apparemment, mais cosaque et bourreau à ses heures ; et la touchante B.A., vierge éperdue d'amour et désespérée. Il y a aussi tous ceux d'en face, non moins pittoresques, non moins effrayants. Les deux équipes vont se retrouver à Moscou, pour récupérer une «lettre pour le Kremlin» de la plus haute importance. Ainsi commence une imbécile partie de roulette russe, menée par des espions habités par le doute et le sentiment de l'absurde.
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