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Chronique
Curieux titre choisi pour ce roman autobiographique dans lequel Catherine Cusset raconte plus son enfance et ses premières amours d'adolescente et de jeune femme que le rapport qu'elle a entretenue jeune avec la religion catholique.
L'auteur brosse le tableau de son enfance parisienne plutôt bourgeoise, tiraillée entre un père de tradition catholique et une mère athée d'origine juive, et malmenée par une soeur aînée qu'elle déteste. La petite fille, assez mal dans sa peau, habitée d'un profond sentiment d'infériorité, s'éloigne peu à peu de la foi dans laquelle elle ne voit qu'un leurre et se réfugie dans des amitiés exclusives qui lui permettent de s'évader de son cadre familial.
Comme le roman laisse assez vite s'y attendre, Catherine, romanesque, exaltée, croit vivre son premier grand amour avec Ximena, une amie de classe dominatrice qui lui fait découvrir des caresses amoureuses dans le secret de leurs chambres de jeunes filles. Déçue, elle entreprend de mettre fin à ses jours dans une pathétique tentative de suicide qui ne parvient qu'à la rendre malade toute une nuit.
De petits drames en grandes déceptions, l'auteur poursuit son parcours initiatique qui la mène finalement au grand amour et au mariage, dans lequel elle trouve enfin la sécurité et le sentiment de plénitude auquel elle aspire si fort.
Catherine Cusset nous livre là une description sans concession de la jeune fille qu'elle a été et pour laquelle on peine à éprouver la moindre sympathie. Irritante, capricieuse, fantasque, ses tribulations finissent par fatiguer le lecteur qui tente de la suivre au travers des hauts et des bas de ses élans amoureux et de ses coups de foudre sans lendemain. Elle ne lui épargne aucun de ses états d'âme, aucune de ses crises de larme ni de ses expériences sexuelles, détails à l'appui.
On comprend mal le lien entre l'éducation catholique de l'héroïne (qui n'a de catholique que le nom) et le récit de cette jeunesse compliquée, faite de hauts et de bas, vaguement teintés d'une pointe de mysticisme. La quête de l'homme qui la comblera et lui apportera la sécurité affective qui lui manque passe par de tels chemins qu'elle en devient lassante.
Ce roman n'a pas manqué de me décevoir ; pourtant écrit d'une plume alerte et agréable, il manque de fond, il manque de corps. S'il n'était fondé sur des faits vécus par Catherine Cusset dans sa jeunesse, on pourrait lui reprocher d'avoir accumulé trop de poncifs sur l'enfance ingrate et les émois adolescents. Sans donc lui faire ce grief, je garderai pour ce livre qui heureusement se lit vite un intérêt très mitigé.
Dans ce court roman, Marie la narratrice nous retrace sa découverte de Dieu et ses émotions dans cette recherche spirituelle et sa foi individuelle. Son aversion pour l’hypocrisie de ces coreligionnaires et le reniement de sa foi émergent au fur et à mesure de son évolution.
Adolescente, sa passion pour son amie Xiména évolue au détriment de sa foi en Dieu. Cette découverte du désir et la découverte de l’attirance physique est idéalisée, par Marie la romantique qui relate ses émois sur ses désirs charnels. Le récit se poursuit avec Marie devenue adolescente tiraillée entre sa fidélité exclusive à son amie Xiména et son attirance pour d’autres personnes. Cette dualité sera totalement assumée après une rupture majeure dans le récit qui lui font renié définitivement toute croyance en Dieu : la mort de son neveu nourrisson. Le traumatisme de Marie marque un tournant dans le récit et dans ses choix, Marie tombe dans la dépression et se relève grâce à son nouvel amour Guillaume. Cette rencontre physique et spirituelle lui permet de se découvrir et d’assumer complètement sa passion de la chaire avec la compréhension bienveillante bien malgrè lui de Guillaume. Cette libération du corps et du cœur permet à la narratrice de nous servir des théories sur le désir versus le sentiment amoureux. Cette dernière partie atteint son apothéose avec l’entrée en scène d’un nouveau protagoniste Allan. Là, la passion de Marie est tiraillée entre les deux hommes et cette dernière partie devient fastidieuse au rythme des « je t’ aime mais je te quitte ». Les atermoiements de Marie et ses hésitations sont relatées dans toujours un style léché et une écriture fluide qui sauve le roman et permet de poursuivre la lecture mais n’apporte plus beaucoup de consistance au récit.
Ce court roman retrace une vision moderne des vicissitudes du cœur et des drames de vie qui bouleversent les croyances et qui permettent de comprendre l’évolution du personnage. Le côté égotique de la narratrice ne permet pas de remettre ces débats privés dans un contexte plus général. Cette vision intimiste d’un parcours d’une femme des années quatre-vingt entre Paris et New-York, et malgré une écriture et un style lisible et clair, ne permet pas d’atteindre la consistance d’un roman tel qu’un Brillant Avenir. Catherine Cusset nous avait permis de découvrir dans ses précédents romans des personnages attachants justement dans un Brillant Avenir, d’autres cultures avec Inidgo, de décrire des sentiments familiaux dans la Haine de la famille, là la lectrice fidèle que je suis, attendait une mise en perspective au-delà du regard intimiste.