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Une baignoire dans le désert est l'histoire d'Adel, un enfant qui rencontre son premier ami, Darwin, un scarabée géant, au moment où ses parents lui annoncent leur divorce et où la guerre éclate dans le pays. Le temps que sa mère rende visite à sa grandmère, Adel est seul, dans la tourmente des combats qui agitent jusqu'à son village. Sa mère ne peut plus rentrer.
Apparaît alors Tardigrade, son second ami. Le trio demeure dans l'appartement aussi longtemps que possible. Puis c'est la fuite, et l'enlèvement d'Adel qui se retrouve face à un cheikh soupçonneux. Adel devra faire ses preuves et démontrer qu'il devient un garçon responsable.
Réflexion sur le passage de l'enfance à l'âge adulte, ce roman d'apprentissage intéressera un public large, de 7 à 77 ans.
Absolu, initiatique, un grand texte révélateur, qui nous lie à l’éternité.
Au pouvoir intrinsèque de réussir à surmonter les épreuves de la vie.
L’évocation des jours à hauteur d’enfant, grandissant au fil des pages.
Ce qui reste de gravé dans le temps et dont on retient le salvateur.
Adel est un enfant de la guerre, de toutes emmêlées. Solitaire, dans le silence d’une maison, l’absence des parents, la tragédie d’un imaginaire dont Adel cohabite grâce à ses deux insectes, amis et complices devenus, invisibles pour nos yeux. Ils ne sont que fantasme et mystère, pouvoir de résistance. Adel est replié dans l’immobilité. Rien n’advient à part ses conversations avec ses insectes. Il habite dans une maison agréable où règne une baignoire, celle des riches. On ressent le poids lourd d’un advenir qui va compromettre son élan. Poétique et superbe, l’oralité est une porte ouverte sur le désert. Il parle aux insectes, Darwin et sa sagesse, l’écho d’un enseignement ésotérique, tout en symbole.
« C’était un miracle que mes monologues avec Darwin échappent à la mère et à mon père… Il s’est approché et s’est penché à mon oreille. -On ne change que pour soi, Adel. »
Tardigrade et Darwin déambulent dans l’espace trouble des songes enfantins. Ils ne sont que consolations, soupirs et écoutes. Des voix qui plongent Adel en résistance. Ses parents divorcés, la guerre qui va tout bousculer. Adel est pris au piège. Dans un camp de réfugiés, seul encore. La société des hommes est une muraille.
« Quelqu’un me portait sur le dos. Je me souviens des grains de sable qui crissaient sous mes pieds. Je me souviens des maisons qui n’avaient pas de fenêtres et pas de porte. »
« Une baignoire dans le désert », métaphore d’une transmutation. Apprendre la vie par le malheur. La folie immonde des turbulences. L’énigme du mal dans le grand jour et dans le pâle des souvenirs.
« Je me suis réveillé en sursaut. Le cheikh m’avait jeté un sac de plastique à la tête. Il y avait des haricots à l’intérieur. Équeutez-les. À partir de maintenant, c’est vous qui serez en charge de votre nourriture.-Mais… -Et je ne vous écouterai pas tant que vous jouerez au petit gamin innocent. -Comment avez-vous appris à équeuter les haricots aussi vite ? -Ma mère me….Les mains sur le plastique, je n’ai pas réussi à m’empêcher de pleurer. »
Les insectes sont des sages, des contre-feux. Les paroles ne s’effacent pas, elles comblent sa mémoire. « -Adel, vous m’avez pas à le montrer. Vous n’avez pas à montrer quoi que ce soit. »
L’enfant est pris en tenaille sous le joug du cheikh.
« Comment pouvais-je espérer que le cheikh me libère si je ne le satisfaisais pas ? Mon père. J’aurais voulu sentir sa main me caresser les cheveux. »
Cet immense récit de Jadd Hilal, est l’apprentissage des survivances. Un lâcher-prise psychologique. Adel qui vaincra (peut-être) de ses ennemis intérieurs et véritables. La cicatrice rebelle qui ne se refermera que dans le sublime des pages finales. « Ils se sont vus à travers l’autre. Il faut parfois jouer longtemps avant de pouvoir jouer comme soi-même. » Miles Davis.
« Une baignoire dans le désert » est un récit miraculeux, indispensable, empreint de virtuosité. Bouleversant et stupéfiant de tendresse, significatif, il est universel. Le chemin parcouru dans le noble de ce livre est une ode à l’éveil, au courage d’affronter les contradictions de notre monde en faillite. La beauté est l’innocence et sa force, l’Alcazar. Publié par les majeures Éditions Elyzad.
« Ce que j’aimais le plus, c’étaient mes bains d’été. Notre baignoire était à côté d’une grand fenêtre, dans la salle de bains. Et derrière la fenêtre, comme on habitait au sommet d’une colline, je voyais très loin. »
Les parents d’Adel ont divorcé. La mère tient un salon de coiffure, toujours à le faire culpabiliser « Après l’éducation qu’on t’a offerte, après la fortune qu’on a dilapidée pour que tu puisses bien manger, après les heures qu’on a sacrifiées pour te consoler des voyages de ton père, de ton manque d’amis, après ‘énergie qu’on a dépensée à t’élever, voilà où on en est », le père, pilote d’avion, est un peu à côté de la plaque. Lorsqu’il retrouve son fils, il a toujours cette phrase « Mon fils, aucun avion ne t’est tombé sur la tête ? »
Adel, garçon solitaire, n’a pas d’amis. Pardon, si, il en a deux : Darwin, un très gros scarabée et Tardigrade, l’indestructible, qu’il voit et avec qui il a de grosses conversations. Cela énerve sa mère qu’il puisse passer son temps à discuter avec ses deux amis imaginaires
Après le divorce de ses parents, il quitte la maison sur la colline pour se retrouver dans un appartement. La ville ou le village est au cœur d’une guerre et il fuit dans le désert pour ne pas être tué. « Je me suis enfoncé dans le désert. Le bruit des tirs avait disparu mais je ne me suis pas arrêté. J’avais peur d’être suivi par ces inconnus qui avaient déboulé chez nous. » Il se retrouve dans un campement dirigé par un Cheikh… Là il apprend à grandir, à mûrir, à survivre aidé, très fermement quand même, par le cheikh. Les combattants, eux, hommes, ont des réactions d’enfants, rien ne faire sans l’assentiment du Cheikh alors qu’Adel doit se dépasser. « Marwan et Reda se sont regardés. Ils hochaient la tête, les sourcils froncés et la bouche en « o ». Dans la cour de récréation, à l’école, certains avaient le même air quand ils voulaient se donner du cran avant une bagarre »
J’y ai vu une illustration du proverbe « l’oisiveté est mère de tous les vices ». Oui, les combattants, faute d’actions s’ennuient, ne savent, ne veulent prendre une décision sans l’assentiment du Cheikh et projette d’aller chez l’ennemi où il y aurait plus d’actions « Vous êtes jaloux tous les deux. Jaloux ? C’est toi qui parles ? Tu m’as encore dit aujourd’hui que le cheikh me préférait à toi. Ce n’est pas vrai. Tu es jaloux et menteur en plus ? C’est toi qui mens. Moi, je mens ? Moi je mens ? Répète-ça pour voir…. Khalkass Chakib, baisse ton arme. Tu vas encore te faire punir par le cheikh » Non ce n’est pas une dispute entre enfants, mais entre les soldats… Confondant n’est-il pas !
Un conte, dans la veine du Petit Prince… Le père d’Abel n’est-il pas pilote d’avion ?
Un livre, promenade poétique lumineuse, tendre. un coup de coeur
Je suis séduite, une fois de plus, par le choix des éditions Elyzad, par la couverture originale
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