Alors que les membres du jury s’attèlent à leurs dernières lectures et peaufinent leurs arguments pour le 5 mai prochain, où ils devront désigner cinq romans finalistes, revenons sur les 30 titres sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2015.
Jeune provincial, le narrateur débarque à la capitale pour faire ses années de classe préparatoire. Il va découvrir une solitude nouvelle et un univers où la compétition est impitoyable. Un jour, un élève moins résistant que lui craque en plein cours, sort en insultant le prof et enjambe la balustrade.
On retrouve dans Un hiver à Paris tout ce qui fait le charme des romans de Jean-Philippe Blondel : la complexité des relations ; un effondrement, suivi d'une remontée mais à quel prix ; l'attirance pour la mort et pour la vie ; la confusion des sentiments ; le succès gagné sur un malentendu ; le plaisir derrière la douleur ;
L'amertume derrière la joie.
Sont présents les trois lieux qui guident la vie de l'auteur : Troyes, Paris, les Landes. Dans la lignée de Et rester vivant, il y a chez le personnage-auteur-narrateur la même rage pure, la même sauvagerie - pour rester toujours debout sous des allures presque dilettantes.
Alors que les membres du jury s’attèlent à leurs dernières lectures et peaufinent leurs arguments pour le 5 mai prochain, où ils devront désigner cinq romans finalistes, revenons sur les 30 titres sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2015.
Les 20 romans plébiscités par nos lecteurs en 2015
La sensation d'entrer dans le journal de bord du narrateur qui débarque à Paris pour ses études.
Un récit intemporel qui mêle les difficultés tant sociales que scolaires, avec au centre la rigueur d'une prépa qui mène les étudiants à leurs limites. Entre la famille, les amis, les professeurs, difficile parfois de trouver sa réelle place, de connaître la sincérité des uns et des autres, de savoir de quoi notre avenir sera fait.
Une plume simple et facile à lire qui fait émerger une problématique scolaire perdurant encore aujourd'hui.
"Mieux vaut devenir le maître des illusions que le jouet de ceux qui vous entourent."
Au retour de vacances, une lettre. le nom de l'expéditeur, son adresse ne sont pas inconnus à Victor, le narrateur. Il hésite. Et finit par l'ouvrir. L'occasion de revenir plus de trente ans en arrière. A Paris, un hiver, durant ses études au lycée D.
Dans les années 1980, Victor quitte sa province natale pour poursuivre des études littéraires à Paris. Hypokhâgne, khâgne. Dans un lycée parisien huppé où il n'a pas sa place, mais qui l'éloigne de sa famille. Il a besoin de fuir. La découverte d'une institution où tout n'est que compétition. Un nouvel univers sans aucune pitié pour les plus faibles.
"Les dialogues envahissaient mon existence. Moi qui n'avais vécu que par soliloques, commentaires écrits, exégèses, réflexions en trois parties, remarques inabouties. Parfois j'avais envie de m'en extraire."
A la rentrée en deuxième année, il fait connaissance avec Mathieu qui vient d'entrer en première année. C'est la première personne vers qui Victor va naturellement, sans réfléchir. Les choses semblent parfois évidentes. Ils ne se parlent pas beaucoup. Fument des cigarettes ensemble. Il ne le connait pas bien, Mathieu, mais il songe à l'inviter à son anniversaire, en octobre. Cela n'arrivera pas.
Des cris dans les couloirs du lycée. Tous savent. Quelqu'un a sauté. La mort dans leur routine quotidienne. le suicide. C'est Mathieu qui a sauté.
"Un hurlement.
Bref.
Violent.
Un son mat."
Une semaine plus tard, le père de Mathieu vient au lycée. Il veut parler avec les camarades de son fils. le début d'une relation entre Victor et lui. Une relation spéciale, comme un père et un fils qui n'en sont pas. Une relation qui devrait pas être. Certains la dise malsaine.
Trente ans plus tard, c'est Patrick, le père de Mathieu qui écrit à Victor.
"La vie, c'est long. Il y a un moment où vous accumulez trop de souvenirs. Alors, vous ouvrez une trappe et les plus douloureux disparaissent. Vous l'oublierez, vous verrez."
En apnée. J'ai lu ce livre en retenant ma respiration. Les mots de Jean-Philippe Blondel sont beaux, le récit coule tout seul. Il nous transmet toute une tempête d'émotions. Il explore la jeunesse en abordant des thèmes qui nous parlent : l'amitié, l'amour, le mal-être, la découverte de soi, les sentiments qu'on confond, la mort, les parents, la vie. Et le suicide.
Le suicide. C'est un sujet qui me touche personnellement, et j'ai beaucoup aimé la manière dont Jean-Philippe Blondel avait choisi de le traiter. Pudiquement, tout en sensibilité. Sans violence surtout et sans jugement. Merci Monsieur Blondel de parler aussi délicatement et en même temps aussi profondément de ce sujet souvent tabou.
Un hiver à Paris, c'est le genre de roman dont on ne sort pas indemne. Un roman initiatique dont chaque mot nous touche. Une lecture qu'on n'oublie pas. Une belle découverte pour moi, je vais m'empresser de découvrir d'autres livres de Jean-Philippe Blondel.
"Nous sommes beaucoup plus résistants que nous le croyons."
https://ellemlireblog.wordpress.com/2018/09/25/un-hiver-a-paris-jean-philippe-blondel/
Un hiver à Paris de Jean-Philippe Blondel
5/ 5
Le compte à rebours avant la rentrée des classes est déclenché et, pour certains, le passage en classe prépa tant convoité, se concrétise. Victor appartient à ses élus. Il quitte sa famille, le bac avec sa belle mention dans la poche et des rêves ambitieux plein la tête, pour rejoindre Paris et son établissement prestigieux. Face aux vicissitudes qu'il est obligé d'affronter, il déchante sitôt le premier mois écoulé. Cependant, malgré l'arrogance de ses camarades parisiens envers le petit provincial qu'il est, malgré l'indifférence perverse des professeurs et malgré le travail titanesque chargeant ses jours et ses nuits qui le retrouvent exsangue au bout de l'année scolaire, il est l'un des douze accédant à la classe supérieure, acceptés en khâgne. Victor a 19 ans, il commence à maîtriser les codes et parvient à surnager dans cet univers élitiste. Il échange même quelques cigarettes avec Mathieu, un « première année ».
C'est l'hiver 84.
Brusquement, tout bascule, Mathieu volontairement par-dessus la rampe d'escalier ainsi que Victor et son avenir, aspiré par le drame et les questions qui s'imposent puis s'enchaînent.
Des phrases lapidaires et des mots qui s'abattent comme des coups de poings participent au climat tantôt oppressant, tantôt lancinant qui nimbe ces 268 pages parcourues, quasiment en apnée, presque en état d'urgence. Jean-Philippe BLONDEL, au travers de cette rétrospective, nous permet d'approcher au plus près le cercle très fermé et impitoyable des classes préparatoires, d'en saisir les troubles enjeux et de subir avec Victor, en décalé, les impacts occasionnés sur l'adulte en devenir qu'il était à cette époque.
Voyage dans l’enfer des classes prépa littéraires : Victor, un jeune homme brillant issu d’une famille modeste de province, a traversé l’année d’Hypokhâgne dans un grand lycée parisien comme un zombi, sans se lier avec personne, sans se soucier de l’agressivité ambiante, sans se laisser atteindre par la morgue des professeurs. Mais alors qu’il entame dans le même état d’esprit son année en khâgne, un drame se produit dans ce lycée, quasiment sous ses yeux, un drame si peu imprévisible. Ebranlé bien au-delà de ce qu’il imaginait, Victor cherche à comprendre ce qui est arrivé, cherche à comprendre où est sa place dans ce drame. Au bout de l’année scolaire, il aura compris qui il est et comment il doit mener sa vie. C’est un roman intéressant, pas très long et assez facile à lire que propose Jean-Philippe Blondel, un roman que l’on imagine sans mal autobiographique. Il y a plusieurs sujets dans c e roman, des sujets qui s’entremêlent, s’influencent, se percutent : le travail de deuil des proches mais aussi des moins proches, les relations familiales déstructurées, les non-dits qui empoisonnent tout, la culpabilité avec laquelle on doit composer, les classes sociales qui se côtoient sans se mélanger et évidemment sans se comprendre et surtout l’ambiance étrangement sado-masochiste des classes prépas. A ce titre, certains passages sont édifiants pour ne pas dire plus, mais je ne doute pas une seconde de leur véracité. Ce monde darwiniste jusqu’à l’absurde, jusqu’à l’inhumain, est à la fois le centre et le contexte du roman. J’avoue que je n’ai pas toujours compris l’attitude parfois un peu étrange de Victor, sa personnalité si détachée, pour ne pas dire si froide et que je ne l’ai pas toujours trouvé très sympathique mais la lecture de « Un hiver à Paris » est un moment intéressant, qui permet une immersion dans un monde qui est inconnu du plus grand nombre et qui interroge chacun de nous sur des choses essentielle : quelle chemin se choisir dans une société comme la nôtre ?
Un nom au dos d'une lettre, et Victor replonge 30 ans en arrière. Le narrateur d'Un hiver à Paris, prof d'anglais et écrivain (tiens tiens ! ), était alors élève d'une prépa littéraire, dans un lycée parisien. Provincial, peu averti, il peine à accéder aux codes qui régissent ce milieu élitiste. Il expérimente la solitude et le travail acharné, intègre la deuxième année. C'est alors qu'un élève plus jeune, avec qui il partage parfois discussions et cigarettes, se jette par-dessus la rambarde de l'escalier du prestigieux établissement. Stupeur et tremblements dans le monde de la culture, de la compétition, de la réussite...Victor est naturellement ébranlé, mais l'impact de ce drame sur ses relations, son travail, sa façon d'envisager l'avenir est imprévisible. Peu à peu, tout change dans sa vie. Jean-Philippe Blondel exprime une fois encore son talent dans des portraits empreints d'humanité et de réalisme. Il décrit avec finesse un milieu, le choc des cultures, un parcours initiatique.
Au retour de vacances passées dans les Landes, Victor, le narrateur trouve une lettre de Patrick Lestaing qui provoque une déferlante de souvenirs. Cet hiver à Paris est celui de ses dix-neuf ans alors qu'il est en 2ème année de prépa dans un lycée prestigieux. Provincial isolé, ignorant des codes d'une classe sociale qui n'est pas la sienne, il ne supporte cette atmosphère de compétition acharnée et de mépris à peine voilé qu'en se plongeant dans le travail. Mathieu est le seul élève dont il pourrait se sentir proche. Mais un jour de cet hiver ineffaçable, Mathieu se jette du haut des escaliers du lycée. L'onde de choc de ce suicide se répercute dans l'existence de Victor qui en quelque sorte instrumentalise sa reconstruction d'une relation avec Mathieu. Soudainement son statut change : de transparent il devient "populaire", d'isolé il devient entouré et même sollicité. Il noue avec Patrick, le père de Mathieu une relation secrète, "glauque" selon un professeur. Il apprend peu à peu à se méfier des apparences et des idées préconçues sur les personnes qu'il côtoie. Il apprend à accepter et à refuser. Il apprend à grandir et il apprend à être. Et c'est cette initiation que raconte Jean-Philippe Blondel d'une manière absolument lumineuse. Il en évoque chaque étape par le biais de rencontres, de micro-évènements, de choix imperceptibles qui prennent une dimension essentielle à l'aune d'une existence. C'est à la fois une dentelle aérienne et un marbre pur et compact. Une merveille de subtilité et de sensibilité !
Avant tout, merci au site Lecteurs.com pour la découverte de ce titre. J'ai découvert cet auteur avec son dernier titre Mariages de Saison et cette plume si sensible m'avait beaucoup plu.
Une nouvelle fois on plonge dans un roman tout en émotions, en ressentiments, en situations du quotidien analysées à leur paroxysme.
Ici la vie va se montrer difficile pour notre personnage principal, fraichement débarqué à Paris pour des études préparatoires qui le plongent dans un univers intense en travail. Déboussolé par ce nouveau quotidien, le jeune homme reste solitaire face à des camarades habitués à la vie parisienne.
Au fil des ses études quelques relations relatées intensément viennent ponctuer son quotidien.
Et puis le drame qui va tout changer pour lui.
Ce que j'aime chez Blondel c'est la simplicité des intrigues et la complexité des relations, des sentiments, des émotions. Une intensité ressort de la lecture pour toucher le lecteur de plein fouet. C'est beau et tellement réaliste.
Une nouvelle fois Jean-Philippe m'a captivé dans son univers avec des thèmes du quotidien, certains plus graves que d'autres mais tous abordés avec une justesse déstabilisante.
Un auteur que je vais désormais suivre avec attention.
Vraiment un bon moment de lecture, très réaliste, très juste, dans une écriture fluide et agréable. On s'attache au personnage du narrateur, jeune provincial largué dans un lycée assez bourgeois de Paris... la solitude, le temps d'adaptation, la difficulté de s'intégrer, la rigueur des classes prépa et l'exigence des professeurs tout y est. Puis tout bascule pour le meilleur ?
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