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Qui est ce soldat blessé sur une route de l'Oise en 1917, débarqué avec les troupes américaines ? Tunisien, épris de liberté, Daoud a quitté son pays pour échapper au poids de l'autorité, celle du père et celle du protectorat français.
Et c'est à New York, dans le quartier bouillonnant de Little Syria qu'il pose ses valises, et trouve (enfin) l'amour. Mais la tourmente de l'histoire change le cours de ses rêves.
Sa vie est un voyage foisonnant dans un siècle en plein essor, entre inventions merveilleuses et changements sociaux et politiques, de l'esclavage à la guerre des tranchées en passant par Ellis Island.
L’exil a toujours existé. DE tout temps, des populations se sont déplacées espérant un avenir meilleur. Daoud Kaci vit à Tunis sous protectorat français et, bien entendu, certaines hautes fonctions lui sont interdites. Par ailleurs, son père le rejette parce que sa mère, lorsqu’il a voulu prendre une seconde épouse, malgré la promesse écrite faite, a été répudiée. C’est donc une nourrice qui s’est toujours occupée de lui avec tout l’amour dont elle dispose.
Pour tenter sa chance, trouver la liberté, il décide de partir pour l’Amérique à fond de cale en compagnie de miséreux comme lui, dont une jeune femme avec une fillette. Lorsque le temps le permet, il se retrouve sur le pont en compagnie d’autres candidats à l’immigration, un vrai melting-pot où l’on se parle avec les mains « Usant de gestes et de mots communs dans leurs deux langues,il fait connaissance avec Lazzru, le Maltais »… Même privé de paysage, d’arbres et de pierres, un filet d’humanité continue de couler, aussi chaud et nécessaire que le sang
Daoud s’intègre dans le quartier de Little Syria, retrouve cette jeune femme rencontrée dans le bateau à Little Italy. Le bonheur arrive, palpable. La vie n’est pas si facile, mais l’avenir parle, il a même américanisé son nom, Daoud Kaci devient Dawood Casey . Sauf que la première guerre mondiale est là, que les États-Unis entrent en guerre. Daoud Kaci est envoyé combattre dans l’Oise où il est grièvement blessé et se retrouve dans un hôpital de campagne.
Dans ses délires, il revoit sa vie d’avant. La méchanceté de son père, surtout à son égard ; L’amour et la bonté de Mouldia ; L’impossibilité, malgré son intelligence (il voudrait être pilote) de faire de hautes études sous le protectorat français « Mais pour qui se prennent-ils tous ? Un brevet de pilote. Et puis quoi encore ? Je vous le dis, moi. Ils ne savent plus rester à leur place. C’est plus fort qu’eux. Parce qu’ils ont traîné quelques années sur des bancs d’école. Ça y est, ils y sont. Ils se croient arrivés… Mais qu’on les laisse à leur Kouttab. C’est bien assez pour eux. » « Même les diplômes ne suffisent pas à lever les barrières que l’administration du protectorat oppose aux indigènes. Seuls les emplois subalternes de la fonction publique leur sont accessibles, et encore. Et s’il s’agissait seulement d’ambitions, de carrières... » La débâcle financière de son père, ses actions militantes contre le protectorat (il était porteur et créateur de tracts) la menace de plus en plus précise, lui font fuir sa Tunisie plus tôt que prévu.
Il paie le prix fort, comme beaucoup, pour devenir américain à part entière. Dawood, fauché dans un chemin de l’Oise, ne connaîtra jamais complètement le parfum du bonheur, ni son enfant à naître. Parti pour ne plus supporter le protectorat français, il meure sur la terre de France, le destin peut être cruel.
Le protectorat n’était pas tendre avec les indigènes, mot, qui à la base, signifie originaire du pays où il vit, mais devenu dans la bouche des dominants, homme de seconde classe ou sous homme, voire sauvage.« Je pense que vous feriez bien de parler aussi de l’arrogance du personnel européen des tramways envers nous, les « indigènes »… Vous avez raison…. D’ailleurs, nous avons aussi évoqué ces attitudes méprisantes. »,
Cécile Oumhani fait un portrait du début du vingtième siècle avec une écriture subtile, descriptive qui m’a rendue captive de ses mots qui parlent de l’arrachement au pays, de la langue perdue Au plus profond de ce qu’il est, c’est la musique de son arabe natal qu’il entend. Inlassablement.
A la lecture de ce livre, comment ne pas penser aux Syriens, entre autres, qui fuient leur pays, la mort sous les bombardement incessants, les gaz meurtriers ; à tous ces hommes et femmes à la recherche d’un sort meilleur.
Une belle lecture. Décidément, j’aime la plume de Cécile Oumhani et le travail des Editions Elyzad.
« S’il voulait dessiner la fresque des derniers jours qu’il passa dans son pays natal, il appliquerait des hachures grisées pour représenter les frustrations, les illusions brisées. »
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