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Dans l'État futuriste d'Europack, conçue comme une gigantesque branche d'ADN reliant les différents nucléo- Paris/Berlin/Barcelone/Naples, etc, l'apocalypse climatique a déjà éclaté. L'éventrement définitif de la couche d'ozone a depuis longtemps sonné le glas des ondes domestiques et du trafic aérien, peu à peu remplacé par les trains-zéphir ultra rapides et capables, quand ils doivent progresser à découvert, de s'entourer d'une gaine protectrice : le générateur de bouclier embarqué peut être déclenché à volonté, même si ce n'est plus guère nécessaire que sur les lignes transversales encore confrontées aux dernières zones rurales. Conséquence directe de l'insécurité écologique, la corruption, étroitement mêlée aux intérêts politiques, bat son plein, symbolisée par l'alliance improbable entre trois hommes : Alessandro Born, le Grand Pensionnaire d'Europack, Glenn Trippa, le chef du puissant Magasin qui a la haute main sur le marché des vox-lifters et le Père Niels à la tête des Jésus m'aime, mouvement de développement personnel qui a juré la perte de l'Eglise. L'enjeu du pouvoir ? La population masculine qui, frappée de plein fouet par le dérèglement climatique, souffre d'une pathologie incurable : la dégénérescence vocale. Faute de remède adéquat, les implants de voix de synthèse font florès. Le Starkvox, infiniment plus coûteux que le Voxup - car plus efficace et moins destructeur à court terme - nécessite d'énormes quantités de Pantatigre, précieuse variété de chanvre. Hélas, cette plante-miracle a peu à peu muté sous l'effet des radiations et, si la formule qui en résulte dope la libido, elle présente aussi désormais de sérieux risques pour la peau, la moelle osseuse, le système nerveux, etc. Un homme, un seul, défie cette triste condition du sexe fort :
Melchior Maluir, le chanteur lyrique, surnommé « Tue-Tête » à cause de sa voix d'or. « Dernier homme chantant », Tue-Tête exerce sur les foules un pouvoir quasi physique. Il est vrai qu'il séjourne toute l'année au Dulce&Decorum, vieil hôtel du nucléo-Amsterdam au luxe visionnaire et bénéficie à ce titre des services empressés, parfois inavouables, du majordome David Adhum, être complexe, à la fois raffiné, discret et décadent, passé maître dans l'art du compromis, gardien des secrets les plus honteux et, malgré tout, humaniste dans l'âme.
Ida Mésange, l'inspecteur de Pack-Stups en lutte depuis des décennies contre les filières de vox-lifters découvre son agent Edilion étrangement assassiné au nucléo-Barcelone : une brûlure intérieure a fait littéralement fondre sa nuque. Un ouvrage repose à côté du cadavre. Entraînée depuis toujours à décrypter inscriptions et graffitis, Mésange y décèle très vite un message caché : Lämplein - Mésange - Amsterdam. Car Edilion était censé lui livrer de précieuses informations sur l'histoire de sa famille. Orpheline, Ida Mésange cherche désespérément la vérité sur ses origines. Elle ignore qu'elle est sur le point de tout en découvrir au péril de sa vie quand elle décide soudain d'assister au prochain récital de Tue-Tête, accompagné de Zoé Zaffius, pianiste non moins légendaire , qui se donne le soir même au Concertgebouw du nucléo-Amsterdam.
Lu de décembre 2023 à mars 2024 (roman policier, dystopie)
Évalué 4 étoiles : indigeste, mais génial.
Tue-tête de Frédéric Sounac, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2017
Il y a quelques années, j’avais repris des études de Lettres à l’université, pour mon plaisir personnel. Frédéric Sounac a été l’un de mes professeurs de littérature comparée en Licence, puis en Master. Ses domaines de prédilection s’articulent autour des littératures policières et des relations entre littérature et musique.
Il m’a fait découvrir James Ellroy, Jack O’Connell autour des fictions de l’Amérique décadente et José Carlos Somoza, pour une réflexion sur l’art et ses dérives.
J’ai gardé un excellent souvenir des cours et séminaires suivis auprès de Frédéric Sounac. Ses approches n’étaient pas des plus faciles à suivre, les auteurs du corpus proposé avaient en commun un discours pessimiste, plus ou moins explicite et violent, avec des intrigues où la corruption et les pulsions sexuelles se donnaient libre cours, où la psychopathologie meurtrière se révélait métaphore et reflet des maux de la société…
Je ne m’attendais donc pas, de sa part, à un roman aisé à lire et à comprendre…
Une dystopie…
Dans l'État futuriste d'Europack, l'apocalypse climatique a déjà éclaté.
La population masculine est frappée de plein fouet par ce dérèglement, souffrant d'une pathologie incurable de dégénérescence vocale. Un seul homme, défie cette triste condition du sexe fort : Melchior Maluir, le chanteur lyrique, surnommé « Tue-Tête » à cause de sa voix d'or.
Conséquence directe de l'insécurité écologique, la corruption, étroitement mêlée aux intérêts politiques, bat son plein. Les enjeux de pouvoir sont partagés entre trois hommes : Alessandro Born, le Grand Pensionnaire d'Europack, Glenn Trippa, le chef du puissant Magasin qui a la haute main sur le marché des vox-lifters et le Père Niels à la tête des « Jésus m'aime », mouvement de développement personnel qui a juré la perte de l'Église.
Un roman policier…
Ida Mésange, inspecteur de Pack-Stups en lutte depuis des décennies contre les filières de vox-lifters, découvre son agent Edilion étrangement assassiné au nucléo-Barcelone : une brûlure intérieure a fait littéralement fondre sa nuque.
Une histoire de famille…
Orpheline, Ida Mésange cherche désespérément la vérité sur ses origines. Elle ignore qu'elle est sur le point de tout découvrir au péril de sa vie quand elle décide soudain d'assister au prochain récital de Tue-Tête, accompagné par Zoé Zaffius, une célèbre pianiste.
Des lieux : Europack est conçue comme une gigantesque branche d'ADN reliant les différents nucléo-Amsterdam/Paris/Berlin/Barcelone/Naples, etc… J’ai même relevé un nucléo-Toulouse où subsiste l’hôtel d’Assézat.
Un endroit particulier : le Dulce & Decorum, un vieil hôtel du nucléo-Amsterdam au luxe visionnaire…
Un roman polyphonique…
Frédéric Sounac nous propose plusieurs focalisations autour des principaux personnages avec une place particulière pour David Adhum, qui s’exprime à la première personne ; c’est le majordome du Dulce & Decorum, un homme étrange, complexe, à la fois raffiné, discret et décadent, passé maître dans l'art du compromis, gardien des secrets les plus honteux et, malgré tout, humaniste dans l'âme.
Une réflexion sur le pouvoir et ses dérives… Une satire des postures des politiques narcissiques qui se croient au-dessus des lois, se maintiennent dans une prospérité excessive et honteuse, dominent et humilient les classes laborieuses, gouvernent par la terreur et la répression…
Un style… Une écriture… Une densité…
Les différents chapitres son introduits par quatre lignes de graffitis, en plusieurs langues, du genre des inscriptions graveleuses que l’on peut trouver dans les toilettes publiques. Déjà, cela impose une atmosphère connotée…
L’écriture est dense, travaillée, recherchée, complexe.
L’éventail des thématiques et des problématiques abordées est foisonnant. Nous sommes dans un roman noir qui nous parle de décadence, d’écologie, de politique, de questions de genre, de trafics de toutes sortes…
Un immense univers référentiel qui remonte à l’Antiquité… Sur la couverture du roman figure un portrait de Méduse par Le Caravage… Les allusions littéraires, musicales, géographiques, architecturales, etc. abondent dans le récit.
Un livre de plus de 400 pages, un pavé dont ma lecture fut laborieuse. Je reconnais avoir eu besoin de temps pour entrer et rester dans ce livre ; plus de trois mois de lecture à petites doses… Il m’a sûrement manqué des clefs de lectures.
Un roman pour lecteurs avertis et courageux.
Une claque littéraire pour celles et ceux qui iront jusqu’au bout.
#lesglosesdelapiratedespal
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