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La rencontre entre l'artiste international Gary Hill et Martin Cothren, Amérindien ouvrier pêcheur de la réserve Yakama, jeté en prison et mort sans abri peu après sa libération : conçu par Gary Hill, cet ouvrage singulier alterne le récit par l'artiste de leur histoire commune sur vingt ans, touchante et tragique (l'occasion pour Hill de revenir sur son propre parcours) et les lettres de Cothren, entrecoupées pas ses dessins naïfs extraordinaires.
Gary Hill a rencontré Martin Cothren alors qu'il cherchait des figurants pour son installation vidéo Viewer, en 1996. La rencontre fortuite entre cet Américain californien blanc - artiste dont l'oeuvre est exposée dans les plus grands musées internationaux - et cet Indien américain - ouvrier pêcheur à Seattle - s'est transformée, au cours de leurs échanges sur une vingtaine d'années, en une amitié ambivalente dans son rapport à l'autre, englobant la frustration, la paranoïa, la générosité, le pardon et la profonde tristesse. Une relation dont le secret est peut-être dans le non-dit.
Néanmoins, dans l'espace de ce livre, cette « rencontre » prend la forme d'un jeu de piste non linéaire surgi d'une mémoire encore vivante, construisant un espace fluctuant fait de dessins et de lettres manuscrites qu'ils se sont échangés et où s'intercalent désormais des textes en prose de Gary Hill. Une manière de perpétuer cet échange dans lequel deux êtres singuliers apparemment dissemblables ne cessent de manifester leur parenté.
La traduction s'est attachée à restituer le ton des lettres de Martin Cothren en conservant les fautes d'orthographe, le mot à mot, les espaces entre les phrases, la ponctuation (où son absence), selon le souhait de Gary Hill.
« Je n'aurais jamais imaginé me lier d'amitié avec quelqu'un comme Martin. Selon ses propres termes - et c'est un peu ironique - c'était un taulard, un escroc, un voyou, un délinquant, un sans-abri solitaire, un «copin» toujours fauché, mon «bro». Cette amitié ne pouvait s'expliquer simplement par le fait que nous avions travaillé ensemble, car notre collaboration n'avait duré que très peu de temps - une journée, voire même en réalité quelques heures. Deux mois plus tard, il partait en prison. Il serait facile de mettre cela sur le compte du destin, mais je me suis retrouvé au fil des années à remuer ciel et terre jusqu'au dernier grain de sable dans l'espoir de trouver un indice qui m'aiderait à comprendre ce qui me tenait attaché à cet «Indien»... Est-ce qu'il y a un fond de vérité dans le proverbe «Qui se ressemble s'assemble» ? Est-ce que nous étions, pour ainsi dire, les deux faces d'une même pièce que je n'ai pas encore découverte ? ».
Gary Hill.
« Gary Finalement je suis pas aller pointé pour la liberté conditionel je leur ai deja dis que je ne vient pas d'Alaska et que ici j'ai nulpar ou allez je dormait chez mon copian celui qui reçu l'argent il m'a laisser dormir chez lui encore une nuit et le lendemain il ma demander de partir Il étais en liberté conditionel et il voulais pas avoir de problèmes en me laissan dormir chez lui sait normal Alors j'ai pris ce qui me restait comme argent j'ai trouver un endroit pour la nuit et le lendemain je me suis retrouver encore a la rue je me suis fai arretez prcq je trainais avec des sdf Maintenant je me dit que je serez mieux à Seattle là bas ils aide les gens quant il sorte de prison Sait la première fois que je me sent seul comme sa s'est un peu pareille comme la fois ou ma soeur été reparti en Allemagne j'allez tout le temps me couché dans son lit et je prenez son oreiller dans mes bras je pleurai ou alors je sentai son odeur Perdu C'est comme sa que je me sent. Ici je partage la chambre avec un homme il a pas de famille et personne pour leur ecrire et il est entrain de mourir s'est comme sa mes journée Si tu veut bien tu peux m'envoyé une photo de toi + tes femmes comme sa je pourrait au moin regarder des visage en liberté des amis j'ai pris 3 ou 4 ans juste pour avoir bu une bouteille de vodka avec des sdf et moi je suis sdf. ».
Extrait d'une des lettres de Martin Cothren.
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