Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Paris, de nos jours. À bientôt trente ans, Guillaume vit encore chez sa mère avec laquelle il entretient des rapports conflictuels. Malgré un diplôme universitaire, il n'a jamais travaillé. Il gagne sa vie sur internet, en tant que coach en jeux vidéo. Un jour qu'Alice, sa compagne, l'a convaincu de venir participer à la distribution de colis alimentaires, le couple est victime d'une fusillade perpétrée aveuglément par un marginal. L'assaut fait quatre morts dans la discrète permanence du Secours Catholique, située dans le quatorzième arrondissement. Mais si son corps gît au sol apparemment sans vie, Guillaume n'est pas mort. Pas même blessé. Il s'agit d'un phénomène étrange, comme s'il avait feint son décès afin d'échapper à son agresseur. Il apprendra par un ami que ce comportement singulier, uniquement observé chez quelques espèces animales, est désigné sous le nom scientifique de « thanatose ». Après une période d'observation à l'hôpital Sainte-Anne, il est renvoyé chez lui où, loin de paraître brisé par le drame et la perte d'Alice, il continue de mener une existence égoïste, insouciante et principalement virtuelle. Mais une nuit, au cours de ses déambulations dans le métavers, il rencontre le double de sa compagne défunte sous la forme d'un avatar. Cet événement va mettre à l'épreuve son rationalisme et questionner son rapport au monde réel et à la mort.
Romancier de l'époque et de ses drames ordinaires, Frédéric Bécourt est ingénieur de formation. Il vit avec sa famille dans la région bordelaise, dont il est originaire. Thanatose est son troisième roman.
La mort n'a pas voulu de lui
Frédéric Bécourt a trouvé une manière originale de traiter du deuil et de la place des disparus dans nos vies. Guillaume, son personnage principal, est le seul rescapé d'un massacre en plein Paris. Spécialiste du e-sport, il va rencontrer Alice, sa compagne décédée, en enfilant son casque de réalité virtuelle. Vertigineux !
« On déballait des cartons avec Alice, les deux autres bénévoles servaient une dame. Là, un type est entré, j'ai à peine aperçu sa silhouette. Tout ce que je peux dire c’est qu’il brandissait une arme au-dessus de sa tête, comme ça, comme pour se grandir... C’est ce que j'ai raconté à la police tout à l'heure. Après, il y a eu des cris et des tirs, une dizaine peut-être, et puis plus rien. Des acouphènes, du sang sur moi et par terre. Beaucoup de sang... » Guillaume est le seul survivant d'un attentat perpétré dans un centre de bénévoles à Paris. S'il a pu échapper au massacre, c'est parce que son corps a cessé de fonctionner dès les premiers coups de feu. D'ailleurs quand les pompiers sont arrivés, ils l'int d'abord cru mort avant de finalement déceler un pouls. Cette mort apparente, appelée thanatose, est une stratégie de défense utilisée par certains animaux, mais n'avait pas été observée chez l'homme.
Guillaume est donc une sorte de miraculé, mais n'a guère de raisons de se réjouir. Il doit vivre avec la mort d'Alice, sa compagne, et un sentiment de culpabilité qui rendent sa reconstruction difficile. Notamment vis-à-vis des parents d'Alice.
Après avoir regagné le petit appartement parisien qu'il partage avec Mina, une mère envahissante qui ne lui laisse guère d'intimité, il
décide de se réfugier dans l'e-sport. « Un bon moyen d’amasser de l’oseille tout en se distrayant même si, à la longue, c’est davantage devenu un business qu’une passion. Mon jeu en particulier, ma spécialité si je peux dire, c’est LoL. C’est le diminutif de League of Legend. Il s’agit d’un jeu de combat et de stratégie, dans l'esprit médiéval-fantastique, qui se joue en équipe, à cinq contre cinq. On dit LoL comme on dit WoW pour World of Warcraft, ou CoD pour Call of Duty. Chez les gamers, c'est comme ça, on n'a pas le temps de prononcer les mots entiers ou de faire des phrases, Tout va très vite dans ce milieu. La preuve, six mois seulement après avoir découvert l'existence de ce jeu, j'étais déjà devenu professionnel. »
Et un soir, chaussé de son casque de réalité virtuelle, il va faire une rencontre aussi improbable que déstabilisante, il croise Alice: « Les mêmes traits, la même coiffure, les mêmes vêtements. Les vêtements qu'elle portait le jour de sa mort. Tout coïncide parfaitement. »
On imagine la montagne de questions qui l'assaillent à ce moment. Passant du physique au métaphysique, le roman va alors explorer la question du deuil et la place des morts dans nos vies.
En choisissant la réalité virtuelle, Frédéric Bécourt donne un aspect très moderne à ces interrogations existentielles. Il permet aussi de donner à son personnage une nouvelle dimension. Lui qui se croyait jusque là peu sensible et peu ouvert à l’autre, à ses souffrances, va se révéler soudain homme parmi les hommes. L’ironie de l’histoire veut que cette transformation se fasse dans un univers parallèle. Et jusqu'à la révélation finale, le lecteur va tenter de comprendre ce mystère aux côtés de Guillaume, qui ne cesse de s'interroger. « Peut-être suis-je déjà mort, sans le savoir, ou en transit vers une autre vie ? Peut-être suis-je à la fois ici et ailleurs, en train de m'observer ? C’est dingue comme idée, quand on y réfléchit. » Oui, c'est dingue, mais c'est aussi très subtilement construit. Et si le final est peut-être un peu long, il ne manquera pas son coup !
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
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