Un premier roman époustouflant de maîtrise et d'originalité
Dans ce roman choral passionnant, entendez la voix des oubliés : la prostituée qui attend l'heure de se faire justice ; l'indigène qui s'émancipe de son clan ; l'orpailleur fou défendant sa concession.
Parmi les colons et les exilés, vous croiserez sans doute la route du déserteur. Et après avoir parcouru les étendues sauvages, le bonimenteur vous apportera votre consolation contre quelques pièces.
Tour à tour, leurs histoires se croisent et s'enchâssent pour constituer une mosaïque époustouflante où se déploient les passions et la violence par lesquelles une nation nait dans le sang d'une autre.
À travers une fresque puissante et lyrique, Bénédicte Dupré la Tour nous offre un premier roman où s'entrechoquent des vies minuscules emportées par le mouvement furieux des ruées vers l'or.
Un premier roman époustouflant de maîtrise et d'originalité
Dix livres pour un regard différent sur le monde actuel
Ils ont parcouru les mêmes territoires, ou croisé les mêmes compagnons de lutte. S’ils ont l’opportunité de régner sur un chapitre, on les retournera au décor du discours d’un autre héros de cette époque révolue et mythique.
Q’ils se nomment Eleanor, Kinta ou Morgan, ils hantent les lignes de ce roman original qui nous emmènent au pays des orpailleurs à une époque où l’espoir tenait lieu de religion.
La vie y est rude, la sauvagerie est embusquée partout au coeur de ces décors grandioses, et la lutte pour la survie n’est pas une figue de style.
La langue est riche et parfois complexe, l’écriture travaillée, pour mettre en valeur les hommes et les femmes d’un roman de l’aventure qui a guidé ces êtres vers un monde nouveau.
Des romans qui ont pour toile de fond les fondements des Etats-Unis au XIXème - ruée vers l'or, conquête de l'Ouest, guerre contre les Amérindiens – il y a en pléthore, ce qui fait craindre redondances ou ennui poli, au mieux divertissement. C'est donc une magnifique surprise que ce Terres promises renouvelant totalement les tropes du western en lui insufflant un souffle et une puissance qui touchent au sublime.
Le pluriel du titre, alors que l'unité de lieu est respectée, n'est pas gadget. Bénédicte Dupré La Tour opte pour la choralité en donnant la parole à des voix oubliées du Far West. Chaque personnage a son chapitre : des femmes ( prostituée, indienne, fermières épouses de colons ), des hommes ( orpailleur, indiens, révérend ).
Chaque chapitre est une histoire à part entière, tellement bien construite, avec une tension qui monte crescendo, des enjeux qui se précisent, et un dénouement toujours inattendu, souvent cruel, incontestablement saisissant. Il pourrait constituer une nouvelle à part entière, mais l'autrice tisse un réseau de correspondances, d'abord souterrain puis qui éblouit lorsqu'ils apparaissent au grand jour. On se rend compte que chaque histoire intime emmène le lecteur vers une strate plus profonde, plus complexe de ce récit spiralaire dont on comprend toute la puissance au final.
« On ne peut bien aimer le monde que si on en saisit les nuances. Entre le mal et le bien, entre la lumière et l'obscurité, s'étendent toutes les tonalités de la vie. Aux extrémités, il n'y a que la mort, où tout finit par se rejoindre. »
Les personnages se croisent, ou pas, mais leurs histoires se répondent et composent une épopée-fresque mosaïque qui impressionne par l'éventail d'émotions fortes qu'elle déploie entre tragédies grecque, biblique, shakespearienne, guidée par un mystérieux arc narratif épistolaire qui unit le tout avec brio lorsqu'on referme la dernière page.
Aucune histoire n'est faible, ou en-dessous des autres, c'est dire la maîtrise narrative de Bénédicte du Pré La Tour. Disons que mes préférences vont aux histoires de Mary, la fermière, qui part jeune fille sur les routes trouver un mari et une terre, puis devient mère jusqu'à la folie ; et celle de Bloody Horse, l'Indien plein de colère et de rancoeur, qui se met au service des Blancs comme éclaireur.
Au-delà du cadre spatio-temporel, le fil conducteur qui unit tous les personnages est leur quête existentialiste. Il n'est question que des choix que l'on fait, souvent dans une grande solitude avec soi-même, pour devenir ce que l'on veut être, sans forcément de certitudes, mais au moins en sachant ce qu'on ne veut pas ou plus, quitte à se retrouver en marge de sa communauté voire en rupture totale. L'écriture précise et sensorielle dit tout de leurs tourments et de leurs espoirs, au plus près des corps qui subissent ; elle terrasse souvent par la brutalité des destins entrevus et la fulgurance des images convoquées tant dans la poésie que la violence originelle.
Et c'est là que Bénédicte Dupré La Tour frappe très fort. Souvent lorsqu'un roman se passe dans un passé lointain, les auteurs veulent parler de notre monde actuel et plaque au forceps des messages progressistes qui ne sont pas pertinents chronologiquement parlant. Mais là, tout résonne de façon moderne sans aucun anachronisme pour évoquer des thématiques aussi passionnantes que contemporaines ( maternité, exil, immigration, identité, droit à la différence, colonialisme, racisme, féminisme ) en les faisant résonner d'une intensité flamboyante, souvent brutale.
Un coup de coeur qui s'est imposé avec évidence tant il m'a fait vibrer, respirer, trembler, saigner à l'unisson de personnages inoubliables. Un premier roman qui emporte par son éblouissante maîtrise formelle.
L'auteure, le livre (320 pages, 2024) :
Bénédicte Dupré La Tour est née en Argentine mais vit désormais à Lyon : c'est peut-être une nomade sans terre d'attache, tout comme les personnages de son roman.
Ces Terres promises qui sont celles du farouest, celles de la ruée vers l'or, forment son premier roman et une entrée vraiment remarquable dans le monde littéraire.
Encore un coup de coeur de cette rentrée littéraire 2024 décidément riche en bonnes surprises : certainement l'une des plus belles plumes lues cette année (et ce n'est que son premier roman !).
♥♥♥ On aime vraiment beaucoup :
• Les récits de western, les aventures de farouest, on aime ou on n'aime pas. Nous, on n'aime pas trop, soyons clairs.
Mais franchement, ce bouquin là risque bien de vous faire passer le goût d'autre chose.
Bien sûr il y a des indiens et des shérifs, des chariots et des chercheurs d'or, des saloons et des bordels.
Mais tout cela n'est qu'un cadre, un jeu de codes et de couleurs, puisqu'il faut bien une scène, un décor quand il s'agit de jouer la comédie humaine.
Le cow-boy est un vacher, l'indien est un indigène, l'esclave un asservi : c'est certainement là, la recherche d'un peu de la pureté de notre langue mais peut-être aussi la volonté de s'affranchir d'un vocabulaire trop codifié, pour tendre à l'universel car "la nature humaine, cette nature divisée de l'intérieur, était toujours la même, quels que soient la région, le pays, le continent. Invariable dans ses petitesses, persistante dans ses bas appétits, elle apportait, où qu'elle aille, la marque indélébile de sa perte".
• le lecteur tombe très vite sous le charme de la superbe prose de cette auteure : une langue puissante et brute, charnelle et suggestive, intense et vibrante.
Il y a du sang, de la boue, de la vermine, et bien pire encore ... car c'est la langue d'une "terre sombre grouillant de longs vers annelés".
Mais le texte sait rester totalement maîtrisé, entièrement au service du récit, solidement construit.
Le pitch :
Un roman choral (un genre qui plait !) dans lequel chaque long chapitre (l'histoire de Kinta a même été publiée sous forme de nouvelle), chaque chapitre permet à l'auteure de déployer l'un de ses personnages dans une habile spirale temporelle mêlant passé et présent.
Et quels personnages, quelles vies !
Ils sont sept, ils vont certainement se croiser, on ne sait pas encore.
Il y a là Eleanor Dwight, la fille de saloon qui attend son heure.
Il y a là Kinta, la squaw qui veut quitter les hommes de sa tribu.
Morgan Bell, le chercheur d'or à demi fou qui fit un mariage malheureux.
Mary Framinger, l'infirmière qui montrait un trop grand amour maternel.
Bloody Horse, l'indien devenu éclaireur dans les troupes coloniales.
Rebecca Strattman, celle qui voulait épouser un indien.
Nathaniel Mulligan, le prêtre qui avait perdu la foi.
Et puis le huitième et mystérieux Eliott Burns dont les lettres scandent chaque histoire, chaque chapitre d'un même et terrible refrain : "[...] Dans quelques heures je serai pendu."
Dans ces récits, les femmes sont de celles qui ne veulent pas plier devant la fureur ou le désir des hommes.
Quant aux hommes, ils ne sortent évidemment pas grandis de ces quelques histoires et semblent traverser ces terres promises comme si ce n'étaient pas vraiment les leurs "car les fils perdent toujours contre les mères".
Sept chapitres, sept nouvelles, qui se répondent et s'entrelacent, et toutes d'un excellent niveau, c'est assez rare, il faut donc le souligner : cela participe à l'agréable unité de ton de ce beau roman.
Si on vous dit « ruée vers l’or », je suis sure que vous pensez saloon, cowboys, indiens, shérif,… tout un imaginaire construit autour des westerns que nous avons tous visionnés et qui ont façonné une vision un peu caricaturale de cet épisode historique.
Alors on recommence, et cette fois oubliez tout!
Dans ce roman, vous croiserez des hommes, des femmes, des colons et des indigènes, sans que jamais ne soit mentionnée leur origine ou que ne soient employés les termes précédemment cités. Leur point commun est d’être des gens simples qui rêvent d’une vie meilleure sur ces terres promises, ces territoires qu’ils veulent conquérir pour les uns, ou conserver pour les autres. Il y a parmi eux Eleanor, la prostituée, Kinta l’indigène, ou encore Morgan le chercheur d’or. Sept personnages dont les voix se succèdent dans des chapitres polis avec tant de beauté, ciselés avec tant de soins qu’ils constituent des nouvelles à part entière. Des bijoux de concision et de force. Et puis il y Elliot dont les lettres s’intercalent à chaque prise de parole, un mystérieux Elliot que l’on identifie peu à peu par les liens qu’il a avec chacuns.
Je n’ai pas envie de vous en dire plus sur l’histoire pour laisser intact le plaisir de la découverte. Je vous dirai juste qu’il est époustouflant de maitrise et qu’il m’a laissée sans voix, éblouie à la fois par son originalité et par la beauté de sa plume. Sa construction est dingue car ce n’est pas un roman choral classique. A tour de rôle les personnages s’expriment, racontent leurs destinées avec des allers-retours dans le temps subtils. Leurs histoires s’imbriquent, se répondent, pour finalement dresser une fresque éblouissante sur cette épopée qu’a été la conquête de l’ouest. La force de ce roman c’est aussi de mettre en lumière des anonymes, des vies minuscules et de leur avoir fait conter la rudesse de cette époque. Chacun ils nous disent la violence, la faim, la poussière et le sang, les menaces, le dénuement ou la soif. Une vie rude bien loin des mirages de richesse entretenus par cette fièvre de l’or. J’ai été particulièrement touchée par les portraits de femme, de vraies héroïnes courageuses, fortes, déterminées, et la vision qu’en donne l’autrice est puissamment féministe, dans l’approche qu’elles ont de leur corps, de leur couple ou de la maternité. Impossible enfin de ne pas vous parler de l’écriture. Tout en évitant le champ lexical du western l’autrice réussit pourtant à nous transporter dans cet ouest sauvage et hostile. Une écriture sublime, puissante, envoûtante et de toute beauté beauté!
Ce livre est vraiment un premier roman tel que je les aime. La découverte d’un univers, d’une autrice, la surprise de son originalité, l’évasion, tout a concouru à me faire voyager et à me charmer.
Si vous ne l’avez pas encore lu, foncez, impossible d’être déçu!
Eleanor, Kinta, Morgan, Mary, Bloody Horse, Rebecca, Eliott, Nathaniel, des oubliés des textes qui parlent de la ruée vers l'or et à qui Bénédicte Dupré La Tour donne vie et paroles dans un roman époustouflant.
Construit un peu comme un recueil de nouvelles entrecoupées de lettres d'un des personnages à plusieurs autres, on perçoit les liens les unissant de manière subtile et non linéaire. Un roman bluffant, qui pour un premier, est un coup de maitre et un coup de coeur. Bravo, bravo, bravo!
Dernier livre découvert dans le cadre de ma participation au jury pour le Prix du Roman Fnac, ce premier roman de Bénédicte Dupré la Tour, "Terres Promises" est une véritable révélation. La dernière page tournée, je suis encore coite tant la qualité du texte me semble hors du commun.
Il s’agit d’un roman choral au cours duquel nous rencontrons sept personnages sur fond de conquête de l’Ouest et de ruée vers l’or. Sept personnages d’extraction plutôt modestes, sept personnages auxquels la vie n’a pas beaucoup souri, sept personnages obligés de trimer, de se vendre, de supporter les mauvais coups. Oui, mais de ces sept personnages "de peu", l’auteure en fait un récit époustouflant. Elle fait vivre Eleanor, une prostituée. Et Kinta qui vit dans le nord et coud les peaux de bêtes, qui aimerait tuer un ours car "…revenir avec un ours ferait d’elle une chasseuse, et peut-être les guerriers cesseraient de la regarder comme un gibier." Ou encore Morgan Bell, l’orpailleur, Mary Framinger qui cherche son fils parti à la guerre parmi les dépouilles, elle est infirmière. Et les autres et surtout un huitième dont je ne vous dirai rien car à mes yeux, il est tout le sel du récit, le fil rouge, la ligne de crête.
Difficile de trouver des mots assez forts pour décrire mon admiration. Ce roman est tout simplement époustouflant. Epoustouflant par son écriture, merveilleusement maîtrisée, mélodieuse, fine et travaillée qui sublime les paysages traversés, les personnages campés, les situations dévoilées. Il est époustouflant par sa construction, véritable patchwork fait de toutes les vies qui se croisent et s’entrecroisent reliées entre elles par ce mystérieux fil rouge. La barbarie est présente, l’attachement aussi.
En un mot – ou un peu plus - "Terres promises" est un premier roman un vrai, brillant, éblouissant, épatant.
C’est un coup de foudre.
« C’est l’imaginaire tout entier qui est colonisé ». Bénédicte Dupré La Tour.
L ‘épiphanie verbale, la pierre angulaire d’une littérature de renom.
D’emblée l’heure fascinante de lire « Terres promises », tant c’est un choc esthétique.
La beauté d’une écriture virginale, qui élève sa puissance et sa grâce, révèle un monde, celui de la ruée vers l’or. La sensation de pénétrer dans l’intimité d’une langue qui laisse immerger une épopée signifiante, tout en mouvement, profondément humaine.
À l’instar d’une toile de maître, qui soulève son voile et laisse les couleurs s’échapper.
Ici, en posture d’écoute, on est en transmutation. La polyphonie est une danse autour du feu, entre désert et montagne. L’espace où les protagonistes deviennent vivants.
Ce livre est une respiration. Un électrochoc qui excelle de présences, de sensations.
La conquête de l’Ouest, le roman s’efface, laisse les histoires s’exprimer, s’entrecroiser. On frôle ces êtres en quête, ces femmes exclues, abandonnées, sourdes aux éclats du monde.
Eleanor Dwight, la prostituée, « écoutait ces nouvelles de l’extérieur, cet ailleurs auquel elle n’avait plus droit, sans savoir ce qu’espérait vraiment cet homme. Il avait dit la vouloir pour lui seul. »
Entre la dépendance, le désespoir, les déchirures dévorantes, elle symbolise le point commun, des femmes qui tombent. Entre poussières et larmes, soupirs et déchéances, le chant funèbre des malheurs.
Kinta, l’indigène, sublime, patiente et obstinée, qui arpente son pas de côté. Libre au fond d’elle-même, absolument digne dans cette rigueur d’atteindre sa liberté.
Magnétique, solaire, l’incontournable sommet de force, d’esprit et de chair, on est au plus près de Kinta. L’allégorie de l’émancipation. Quitter le clan, pas à pas, sans baisser les yeux. Étreindre l’homme. L’autre. Walter Otzie. Pas le père de l’enfant. Ne rien craindre. Laisser l’indéfectible et l’immensité bâtir son œuvre. Et revenir seule avec l’enfant.
« Ce qui unissait un homme a une femme se nommait ticagua, qui voulait dire alliance. Mais cette alliance n’avait rien de commun avec ce qui liait Walter à Kinta, elle ne trouvait pas de mot pour le décrire. C’était comme l’eau glacée des montagnes qui mord la peau et l’éveille. Comme les troupeaux sauvages qui courent parfois droit vers les feux ce prairies, au lieu de les fuir. »
« Ils avaient rencontré l’hostilité venue par-delà les montagnes. L’ennemi était tombé, et rien ne pouvait éclipser la joie féroce d’avoir remporté une victoire. »
Kinta, l’infinie douleur, qui hurle, muette, « qui s’allonge dans cette clairière d’humains, et et de chevaux, dont les jambes et les pattes devenaient des arbres, des enfants, des buissons... »
« Un lait absent coulant dans un décapité. »
Ce livre vivant est l’armoire d’un monde. La sève qui s’écoule est la citadelle des éreintés. La naissance d’une nation née par la fusion des contraires assemblés. La colonisation, l’éradication, l’exclusion, ici, le choc civilisationnel.
Morgan Bell, le mythe du chercheur d’or. L’orpailleur paranoïaque, devenu fou. Sa femme Bessie qui le méprise.
« Elle l’avait choisi comme on fait l’aumône avec une générosité suspecte qui, dans le mariage prit la forme d’une tyrannie muette. »
« Tout acte et toute pensée avaient une place bien définie. Elle l’enveloppait d’un linge, le séchait dans un ordre invariable, avec des gestes identiques et réglés non par une habitude, mais une volonté de suivre les mêmes rituels, car les rituels tenaient le monde fragile des hommes, tout comme les barrages retiennent les eaux. »
« Terre promises » la quête de l’or, l’exutoire des faibles. L’Ouest qui s’éveille et laissera des stigmates à jamais.
Livre de feu et de sentiments, hommes et femmes à l’instar de Rebecca Strattman qui étend des draps glacés sur des cordes raides, cercle où s’agite l’effusion sensorielle, la narration du monde, dans le charme d’une trame surdouée, poétique, sublime. Une chevauchée sauvage dans l’infinie de l’âme humaine. Le génie est ici, dans chacune des pages.
Un premier roman qui dépasse largement ses grands frères. Le piédestal éditorial. « Terres promises » de Bénédicte Dupré La Tour, dont chaque crépitement est requiem. Un livre de salut phénoménal. Un classique-né. En lice pour le prix Hors Concours des Éditions Indépendantes. Publié par les majeures Éditions du Panseur.
Ils avaient déjà tout perdu quand ils se sont embarqués pour le Nouveau Monde. Alors ils ont voulu croire à cette Terre promise sur laquelle ils allaient enfin devenir libres, riches et heureux.
En cette fin des années 1860, ils vivent déjà depuis quelques années en Amérique, cherchant de l’or avec frénésie, bâtissant des villes dans les lieux les plus inhospitaliers, s’appropriant les terres où vivaient les indiens depuis des millénaires.
Qu’ils soient « fille de petite vertu », squaw, forgeron, infirmière de guerre, grand chef indien ou prêtre, ils ne renonceront pas à l’utopie d’un monde idéalisé qui pourtant leur échappe.
Cette fresque historique retrace le destin d’une dizaine de personnages qui ont cohabité en cette période mouvementée et se sont parfois croisés, au hasard des chemins. Au cœur d’une nature grandiose mais difficile et sauvage, ils défendirent leurs rêves jusqu’au bout, tentant de surmonter l’adversité et les déceptions.
Avec son style d’une grande authenticité, Bénédicte Dupré La Tour mélange la dureté des destins et la beauté des paysages, nous plongeant dans une ambiance âpre mais d’un grand réalisme. Le Rêve américain est encore loin.
Un superbe roman choral sur fond de Conquête de l’Ouest, de Ruée vers l’or et de Guerre de Sécession que j’ai trouvé vibrant d’espoirs mais d’où émergent les désillusions et les échecs de cette génération des premiers « États-Uniens ».
Dans le plus pur esprit de la littérature américaine, ce premier roman s’inscrit dans la veine des Steinbeck, Faulkner et McCarthy en nous offrant les destins parfois très sombres des pionniers et des natifs qui formèrent les américains d’aujourd’hui.
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