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Vers l'an 1600, la peinture s'obscurcit. Caravage, mais aussi son confrère allemand Adam Elsheimer, inventent à Rome un nouveau régime pictural, où le noir sans nuances limite le champ du visible, et se substitue à la richesse visuelle spectaculaire des images de la Renaissance. Des stratégies artistiques astucieuses mettent en question la transparence de la fameuse fenêtre, par laquelle Alberti voulait que l'on regarde la peinture. Cette révolution artistique, souvent expliquée comme l'émergence d'un nouveau réalisme ou encore à travers les doctrines de la Contre-réforme, est ici étudiée dans le contexte des tendances sceptiques qui connaissent en Europe un regain d'intérêt, après deux siècles d'humanisme triomphant. Les questions théoriques, toujours d'actualité, autour du lien entre le visuel, la représentation et le savoir, sont ainsi éclairées sous un nouveau jour. Les analyses minutieuses des tableaux côtoient dans Ténèbres sans leçons une lecture philosophique et rhétorique des écrits contemporains de Giordano Bruno, Montaigne, Shakespeare et Cervantès ; de même, les peintures ténébristes sont reliées aux innovations scientifiques de Galilée et aux débuts de la musique baroque.
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