Je me souviens, avec une certaine stupéfaction, de la conduite de Abdelaazim Choudak, le mécanicien boiteux quadragénaire que l'on a attrapé une fois à l'intérieur de la salle d'accouchement, exhalant une odeur de graisse et d'huiles de moteurs usagées, portant des lunettes à verres minces, de celles que l'on utilise pour la lecture et qui se vendent partout, le cou entouré d'un stéthoscope fissuré qu'il avait apparemment trouvé dans l'un des bureaux qui restaient ouverts sans surveillance, et la main droite engoncée dans un gant en caoutchouc épais qui ne saurait jamais servir à un examen gynécologique mais bien plutôt aux travaux d'égouts ou ménagers pour se protéger les mains quand on fait la vaisselle. Il se déplaçait parmi les patientes noyées dans la douleur et le sang, en sa qualité de gynécologue,obstétricien qui avait auparavant bien observé les lieux pour s'assurer avant d'entrer qu'il n'y avait ni infirmière ni sage,femme, ni médecin. Mais, pour comble de malchance, l'une des patientes de la salle, nommée Tamader si je me rappelle bien, qui habitait une ruelle plus loin dans le même quartier que lui, l'a reconnu aussitôt qu'elle l'a aperçu, et elle a crié tout en poussant des gémissements dus aux contractions Choudak... Choudak, le mécanicien. Choudak !
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