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L'importance de ce petit livre, d'une clarté exceptionnelle, est de résumer en 160 pages, à l'attention de tous les publics, les tenants et aboutissants de notre architecture occidentale depuis quelque 25 ans comme expression de la manière dont nous pensons nos sociétés.
Il confronte ainsi trois phases dans le temps : le style international à la Gropius et Le Corbusier, dominant après-guerre, mais accusé à partir des années 80 d'avoir généré depuis 1945 une production anonyme, à grande échelle interchangeable, technocrate, visuellement pauvre, indifférente à la fois à l'homme et au contexte. Avec Venturi, Eisenman, Botta, Gehry, Boffil, Richard Meier, l'âge postmoderne s'est érigé ainsi en critique de la notion de progrès technologique au profit d'un retour à la mémoire, au symbole et à un accord plus respectueux de l'environnement.
Cette critique de la modernité voit grandir une alliance entre architectes et philosophes (Derrida, Liotard, Deleuze, Baudrillard) soudés autour d'un credo dans le relativisme et l'équivalence, de plus en plus éloigné de la pratique quotidienne de la fonctionnalité et de la pertinence sociale. C'est ainsi que le déconstructivisme oeuvrant pour une libre expression de l'individu, débouche sur une personnalisation de l'architecture comme auto-expression artistique.
Troisième temps : avec la fin des années 90, on voit naître un regain d'intérêt, encouragé par le goût minimaliste, en faveur du modernisme d'après-guerre. Stimulée par l'amélioration des technologies et des matériaux, cette tendance épurée se retrouve aussi bien dans les architectures très esthétiques de Tadao Ando, Wiel Arets, John Pawson que dans le dépouillement des boîtes en verre contemporaines à l'aspect très abstrait.
L'auteur voit dans cette nouvelle abstraction l'expression d'une attitude inédite par rapport à l'architecture considérée désormais comme objet neutre, aux moyens formels limités. Chez Jean Nouvel, Dominique Perrault, Philippe Starck, Tayo Ito on ne trouve plus que légèreté et apparence, façades lisses, aspect monolithe. Tout concourt à la neutralité, à l'indéfini. Selon l'auteur, ce sentiment d'espace indéfini, sans limites, serait la résultante des effets de globalisation (mobilité, télécommunication planétaire, nouveaux médias) qui ont modifié notre perception du temps et de l'espace, en vertu de l'adage selon lequel un monde de plus en plus connu devient de moins en moins signifiant. Cette expérience de l'absence de signification de l'environnement bâti s'incarne dans le phénomène d'espace de passage - aéroports, hôtels, restaurants fast-food, centres commerciaux, supermarchés, aires de repos - espaces publics de consommation individuelle, à rebours de toute convivialité sociale comme l'était jadis la place de village, et qui sont devenus une culture de la périphérie, de l'autoroute et des parcs industriels. Des "non lieux" interchangeables d'un bout à l'autre de la planète, expression exacte de l'ère de la globalisation.
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