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Dans un monde où la civilisation s'est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d'acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l'espoir et l'humanité au milieu de la désolation.
Coup de coeur
Par une soirée enneigée à Toronto, le célèbre acteur Arthur Leander meurt sur scène en interprétant le rôle de sa vie.
le même jour, un virus aussi foudroyant que meurtrier a débarqué en Amérique du Nord. Il éradiquera 99% de la population de la planète en l'espace de quelques semaines.
Il n'y a aucun héroïsme, aucune histoire d'amour, aucune description horrifiante. On suit juste le quotidien de plusieurs personnes qui survivent.
Station Eleven est aussi un hommage à l'art avec le théâtre, Shakespeare, la musique, la bande-dessinées ; ce n'est pas un récit fataliste sans espoir.
En dépit de sa part sombre, il y a de l'optimisme sur la nécessité d'avancer, de créer et d'aimer. La préservation de la culture humaine est un thème central.
Le passé et le présent s'emmêlent et cette non-linéarité fait la beauté de l'histoire.
C'est une écriture envoûtante et pourtant très simple ; accessible mais captivante
On s'attache aux personnages et qu'il est triste de quitter à Kirsten, Clark, Jeevan et les autres.
J'ai été conquise par la poésie de ce roman.
Sélection Prix des Lecteurs 2021
A Toronto, un soir de représentation du Roi Lear, Arthur Leander, un célèbre acteur sur le déclin s’effondre sur scène. Une petite fille qui joue dans la pièce assiste à la scène. Une tragédie que les tabloïds n’auront pas le temps d'exploiter... en quinze jours une épidémie de grippe porcine met fin à la civilisation telle que nous la connaissons.
Vingt ans plus tard Kirsten, la petite fille de la pièce, parcourt la région du lac Michigan avec une troupe de comédiens et de musiciens qui jouent du Shakespeare et du Beethoven car « survivre ne suffit pas ». Leur route va croiser un dangereux prophète…
Paru en 2014, Station Eleven a un côté prémonitoire mais la réalité n’ayant pas dépassé la fiction, ce roman se révèle moins anxiogène qu’on pourrait le penser et aide même à relativiser. C’est vrai, sous réserve de montrer patte blanche, nous pouvons encore aller au resto, au ciné, prendre un avion pour partir en vacances… et partager le tout sur les réseaux sociaux !
A l’instar d’autres récits post-apocalyptiques, mais sans zombies (The Walking Dead) ni vampires (la trilogie de Guillermo Del Toro), Station Eleven traite avant tout des rapports humains. Ce roman accorde aussi une grande place à l’art. Deux aspects qui définissent notre humanité. Les allers et retours entre le passé et le présent qui entrelacent la destinée des personnages avec un astucieux effet papillon participent au côté addictif du roman.
J’annonce la couleur : Station Eleven est une de mes meilleures lectures de l’année.
Un soir, un célèbre acteur hollywoodien s'effondre et meurt sur scène lors d'une représentation du Roi Lear malgré l’intervention d’un spectateur. La presse n’aura guère le temps de se faire l’écho du décès de la star car quelques heures plus tard, le monde tel que nous le connaissons va se dissoudre. Une grippe porcine va provoquer très rapidement une pandémie mondiale dévastatrice, amenant l’humanité à un retour aux âges archaïques, privés de toute forme de confort, de technologie et de sécurité. Le compteur du temps est remis à zéro, la notion d’espace est à reconquérir. Dans ce monde post apocalyptique, la Symphonie itinérante (troupe de théâtre-orchestre) sillonne le pays, essayant de maintenir en vie et en mémoire des générations futures des trésors culturels dont l’œuvre de Shakespeare. En un perpétuel aller-retour dans le temps, Station Eleven va retracer l’étrange destin qui lie six personnes : l'acteur, l'homme qui a tenté de le sauver, la première femme de l'acteur, son plus vieil ami, une jeune actrice de la Symphonie ambulante et un dangereux prophète autoproclamé.
J’ai très vite été happée par la construction de ce roman. C’est un puzzle, un vertige avec une structure non linéaire, avec un plan de narration étourdissant mais totalement cohérent.
Une fois séduite par la forme il restait donc à voir le fond et je n’ai pas été déçue, car n’allez surtout pas croire que nous sommes dans un simple récit de survivance dans un monde hostile. On est plutôt dans de la science-fiction anthropologique. Emily St John Mandel nous amène dans de profondes réflexions sur le caractère éphémère de nos vies, de la célébrité par rapport à la persistance de l’art, sur ce qui fait que l’on reste humain quand le monde s’assombrit, sur ce que l’on doit à tout prix préserver de notre monde. Chaque lecteur pourra puiser d’autres questionnements tout aussi percutants ; la richesse de cette histoire étant presque infinie.
Si « Hôtel de verre » , le dernier roman d’Emily St John Mandel, m’avait interpellée, « Station Eleven » m’a carrément scotché. Ce livre est purement obsédant.
Traduit par Gerard De Cherge
Dans le monde d'avant, les romans post-apocalyptiques relevaient de la science-fiction, avec ce petit côté un peu invraisemblable, comme si ce type de catastrophes ne pouvait pas vraiment se produire dans la vraie vie, malgré quelques alertes bien réelles comme par exemple le SRAS il y a presque 10 ans. La crise du Covid-19, inédite, nous a fait toucher du doigt que finalement si, il est tout à fait possible qu'une pandémie se répande très facilement sur la planète entière, désorganise les économies mondiales, provoque des confinements de masse et des pénuries de biens, et ait des répercussions la vie de milliards de personnes.
Dans ce contexte, il est assez angoissant de lire Station Eleven avec sa virulente grippe de Géorgie : cette épidémie foudroyante se propage dans le monde entier à une vitesse folle et décime en quelques jours à peine la quasi-totalité des êtres humains.
Pour les quelques survivants, ne reste que le chaos.
Passé l'état de stupeur, il leur faut apprendre à vivre dans un monde désorganisé, où tous les éléments de notre confort moderne, qui constituent aujourd'hui notre quotidien et que nous considérons comme une évidence, disparaissent peu à peu : plus d'électricité, plus de moyens de communication, plus d'essence pour les voitures, plus de nourriture dans les magasins, plus de médicaments...
Les survivants se regroupent en petites communautés et vivent dans des magasins désaffectés pour rester ensemble, se méfiant des inconnus dans ce monde où toutes les dérives sont possibles. Car c'est désormais la loi du plus fort qui règne et s'aventurer hors de sa zone peut s'avérer dangereux : il n'est pas rare de se faire attaquer par des hommes armés. Cette catastrophe est aussi une aubaine pour les prophètes et autres illuminés en tous genres qui voient dans la grippe de Géorgie un châtiment divin auquel seules les âmes les plus pures auraient survécu, et qui tentent de prendre le pouvoir.
Mais « parce que survivre ne suffit pas », la Symphonie Itinérante, un groupe d'acteurs et de musiciens qui a emprunté ce slogan à Star Trek, sillonne le territoire du pourtour du lac Michigan pour apporter un peu de joie et de réconfort aux communautés qu'elle rencontre sur son chemin, en jouant de la musique et des pièces de théâtre de Shakespeare. Jouer les pièces de cet auteur qui vivait à une époque où l'épidémie de peste faisait rage est un choix hautement symbolique, et souligne à quel point l'art est important dans la vie, peut-être encore plus lorsque l'on a tant perdu.
Alternant entre les périodes d'avant la catastrophe et le monde d'après, le récit est construit autour du personnage d'Arthur Leander, qui meurt dès le début du roman en s'effondrant sur scène lors d'une représentation du roi Lear, mais auquel tous les autres personnages du roman sont plus ou moins reliés.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui semble plus réaliste que jamais, pour sa construction intelligente, pour les réflexions qu'il suscite et pour la lueur d'espoir à la fin.
Lu dans le cadre du prix des lecteurs du livre de poche 2021
En deux semaines, une grippe foudroyante décime la population mondiale. C’est l’effondrement de la civilisation telle qu’on la connaît. « Plus de plongeons dans les piscines d’eau chlorée illuminées de vert par en dessous. Plus d’écrans qui brillent dans la semi-obscurité. Plus de produits pharmaceutiques. Plus de transports aériens. Plus de pays. Plus d’internet. Plus moyen de lire ni de commenter les récits de la vie d’autrui et de se sentir ainsi un peu moins seul chez soi. » (Pages 53-55)
Mais dans ce monde chaotique, où les survivants errent, il y la Symphonie Itinérante qui voyage dans les villes décimées. Depuis près de 20 ans, ils jouent de la musique, du classique, du jazz, des arrangements de chansons pops mais aussi du Shakespeare. « Les gens veulent ce qu’il y avait de meilleur au monde ».
Si peu de survivants se souviennent du monde d’avant, l’art est salvateur. Il apaise les âmes, rassemble les rescapés et réchauffe les mémoires. Parce que survivre ne suffit pas.
Station Eleven est un très bon roman d’anticipation, profondément mélancolique, dans lequel l’autrice décrit avec justesse un monde fantôme post apocalyptique. Sur plusieurs décennies, les destins s’entremêlent, le monde d’avant face au monde d’après, le destin des vivants contre celui des disparus. Et l’espoir, d’un monde meilleur. Un roman à découvrir même en ces temps troublés.
Paris : un virus foudroyant fait son apparition (oui oui à Paris
Dans un monde où la civilisation s'est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l espoir et l humanité au milieu de la désolation.
Je ressors de cette lecture avec un sentiment mitigé...
J'ai beaucoup aimé l'aspect catastrophe et survie : l'arrivée de la grippe de Géorgie qui vire en pandémie mondiale en quelques jours, les différentes réactions pour survivre face à cette catastrophe, les incertitudes, les décisions à prendre (rester ou partir?), la reconstruction des survivants, l'organisation des groupes, l'émergence de prophètes et de sectes, la culture via les pièces de Shakespeare que l'on continue de jouer comme rappel de ce que fût la civilisation. Tout est tellement crédible que ça fait froid dans le dos.
Par contre je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, je les ai trouvés plutôt plats. le seul qui ait vraiment eu de la consistance pour moi est le prophète, qui est le plus travaillé, le moins lisse. Les chapitres sur la vie d'Arthur Leander m'ont souvent ennuyés, je ne les ai pas trouvés d'un grand intérêt ni pour l'histoire ni pour ce qu'il racontait. J'attendais surement trop de ce livre dont je n'avais lu que de bons retours. C'est donc une lecture en demi-teinte, avec des chapitres qui m'ont vraiment emballés et d'autres ennuyés.
« Il y eut la grippe qui explosa à la surface de la terre, telle une bombe à neutrons, et le stupéfiant cataclysme qui en résulta, les premières années indescriptibles où les gens partirent sur les routes pour finalement se rendre compte qu'il n'existait aucun endroit, accessible à pied, où la vie continuait telle qu'ils l'avaient connue auparavant ; il s'installèrent alors où ils pouvaient – dans des relais routiers, d'anciens restaurants, des motels délabrés -, en restant groupés par mesure de sécurité. »
C'est dans ce monde post-apocalypse que nous suivons un groupe de survivants, comédiens et musiciens itinérants qui font halte dans les colonies du nouveau monde. A partir de ce point de départ très classique, la construction de ce roman est très habile, choisissant comme point de pivot celui qui a peut-être été le patient zéro, le célèbre comédien Arthur Leander. Parmi les survivants, une jeune femme qui a joué le Roi Lear avec lui le jour de sa mort sur scène, son ex-femme, son fils, un journaliste, son meilleur ami, et un Station eleven, comics créé par sa première épouse, devenu une sorte de relique. Les aller-retours dans le temps, avant l'apocalypse et jusqu'à 20 ans après, sont brillamment orchestrés et se rejoignent de façon cohérente, mais pendant les deux tiers du livre, je me suis un peu ennuyée.
Il m'a manqué une atmosphère forte et intense alors que de très belles idées étaient là, pas assez exploitées ni explorées à mon goût, comme l'idée que c'est par l'art, la culture, Shakespeare ou Beethoven, que l'on peut se raccrocher au monde qui a été, et surtout faire revivre des instants de civilisation pour ceux qui ne l'ont jamais connu. « Parce que survivre ne suffit pas », telle est la devise de la troupe la Symphonie itinérante. Autre idée forte pas assez approfondie , la mainmise de gourous prophétisant sur la fin du monde et profitant de l'aubaine pour se créer des harems d'esclaves sexuels autour de communauté tenue par la force.
Reste que j'adore les romans d'anticipation post-apocalyptique, la réflexion qu'ils suscitent, l'éclairage critique sur notre société actuelle inconsciente et inconséquente dans ses actes. Et les deux derniers chapitres m'ont accroché, surtout celui qui décrit la colonie de l'aéroport : des rescapés qui attendent là comme on attend un avion qui tarde et qui y sont toujours 20 ans après, à y donner la vie, à mourir, à se souvenir de la dernière fois qu'ils ont mangé un cornet de glace ou vu un bus circuler, tout en essayant de ne point devenir fou.
Je conseille à tous les amateurs du genre le magistral Dans la forêt de Jean Hegland, à mon sens plus abouti.
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