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An -3500.
Tassaa Bareesh, la matriarche du cartel du crime hutt, organise une mystérieuse vente aux enchères. Des représentants de la République et de l'Empire s'y pressent, ainsi que des invités incognito plutôt disparates parmi lesquels : un Padawan, une ancienne de l'Escouade républicaine Blackstar, un contrebandier et un énigmatique Mandalorien. Par-dessus le marché, l'émissaire de la République n'est pas celui qu'il prétend être et la délégation impériale compte une impitoyable Apprentie Sith dans ses rangs. Aucun de ces protagonistes n'a réellement l'intention de participer aux enchères. Tous projettent de voler le butin : deux morceaux de métal fondu d'un vaisseau qui proviendrait d'un monde inconnu, riche de ressources insoupçonnées.
Mais ce trésor se révèle portentiellement mortel. Aussi, Sith et Jedi, Empire et République, devront accomplir l'impensable : s'allier pour vaincre une menace capable de détruire la galaxie...
Ma plus grande crainte, en me lançant dans ce vaste univers étendu Légendes, c’était bel et bien la monotonie, pour ne pas dire l’ennui profond et intersidéral. D’autant plus que, sentant venir le terrible fléau de la spéculation intensive si chère à notre époque (j’aime bien Star Wars, mais pas au point de dépenser 150€ pour un misérable livre de poche), j’ai fait l’audacieux pari d’acheter le plus de romans possibles tant qu’on les trouvait encore en librairie, et ce sans jamais en avoir lu un seul pour savoir si j’aimais véritablement ça ou non. Je ne savais absolument pas à quoi je devais m’attendre, tout ce que je savais, c’est que je n’avais que quelques semaines devant moi pour en chopper le plus possible avant qu’ils ne soient plus en circulation. « Advienne que pourra », en somme … Pour l’instant, je suis plutôt rassurée : bien que les différents auteurs aiment visiblement utiliser les mêmes schémas narratifs (plusieurs points de vue s’entremêlant, la présence quasi-systématique d’un Jedi et d’un Sith aux chemins parfaitement parallèles ou symétriques …), j’ai le sentiment que chaque roman aura véritablement son intrigue propre et unique, suffisamment différente des précédents pour rester véritablement intéressant !
Tout commence par un abordage galactique presque ordinaire : un contrebandier somme un croiseur interstellaire de le laisser piller sa marchandise sans faire d’histoire, afin qu’ils puissent l’un et l’autre reprendre tranquillement le cours de leur existence. Mais voilà que sans crier gare, ledit croiseur explose. Que pouvait donc bien transporter ce vaisseau pour que son équipage préfère se sacrifier plutôt que de laisser les corsaires mettre la main sur leur marchandise ? Quelques temps plus tard, la matriarche Hutt Tassaa Bareesh lance une grande vente aux enchères : il semblerait que ce vaisseau provienne d’un monde encore inconnu, et visiblement riche en minerais rares et autres ressources naturelles. Aussitôt, l’Empire comme la République envoient leurs émissaires, tant officiels qu’officieux, les premiers occupant l’attention des Hutts en prétendant participer aux enchères tandis que les seconds s’efforcent de voler l’artefact avant que l’autre camp ne le fasse … C’est ainsi que le Padawan Shigar, l’ancienne soldate de la République Larin, l’apprentie Sith Eldon et l’agent double Ula Vii, sans oublier le contrebandier Jet Nebula et le Mandalorien Dao Stryver, se retrouvent au même endroit aux même moment … Sans se douter qu’ils vont devoir s’unir pour faire face à une menace telle que la galaxie n’en a jamais connu.
Ainsi que je le disais dans l’introduction, nous retrouvons ici le principe du roman-choral, visiblement cher aux auteurs de l’univers Star Wars : nous ne suivons non pas un, ni même deux, mais bien une multitude de personnages. Nous avons, bien évidemment, un Jedi et un Sith, ou plus exactement un Padawan et une Apprentie, comme deux facettes d’une même pièce. D’un côté, nous avons donc un Shigar qui peine à se conformer aux exigences de l’Ordre, de l’autre une Eldon qui ne peut s’empêcher de ressentir une pointe d’émotion en songeant à cette mère supposée morte mais qui ressurgie soudainement. Le fait que deux jeunes gens, l’un du Côté Lumineux et l’autre du Côté Obscur, chacun en proie aux doutes, se retrouvent face à face, est assurément un peu « gros », mais n’allons pas nous mentir, c’est justement ce qui fait tout le « piment » de l’histoire. Opposés mais étrangement semblables, on sent que leur rencontre va faire des étincelles, et on a envie de voir ce que cela va donner. Et cela d’autant plus que d’autres personnages orbitent autour d’eux : un émissaire de la République en réalité espion pour le compte de l’Empire, qui se demande bien comment il a pu se laisser embarquer dans une mission aussi délicate, une ancienne soldate des forces spéciales de la République tourmentée par son passé, sans oublier un contrebandier dont nul ne sait véritablement les intentions … Une concentration de protagonistes haute en couleurs !
Et il faut bien cela pour contrebalancer l’inertie certaine de cette intrigue qui peine à se mettre en branle : le début est lent, laborieux, on a le sentiment de tourner en rond. L’auteur insiste trop longuement sur le préambule de l’histoire : bien sûr, il est toujours bon d’introduire chaque personnage un à un pour aider le lecteur à s’y retrouver dans cette constellation de protagonistes aux allégeances diverses, bien sûr, il est toujours bon de faire un petit rappel du contexte politico-historique, mais avait-on réellement besoin de faire trainer si longuement cette phase d’exposition ? Il faut attendre 180 pages pour que nos protagonistes se retrouvent face à LA menace autour de laquelle tourne toute cette intrigue : c’est au minimum cent de trop … Et cela d’autant plus que l’auteur prouve alors qu’il est parfaitement capable d’écrire quelque chose qui pulse, qui swingue : à partir de ce fameux moment où tout ce beau petit monde se retrouve face aux hex (quoi que cela puisse être, je ne veux pas tout vous spoiler), l’intrigue décolle enfin. Tout s’accélère brusquement, tandis que les uns et les autres luttent pour rester en vie, puis s’efforcent de percer le mystère qui entoure ces hex, puis comprennent qu’il va falloir agir, et vite, pour repousser cette menace qui ne ressemble à aucune autre. Une menace telle que la République et l’Empire, les Jedis et les Siths, vont devoir mettre momentanément leurs différents de côté s’ils veulent pouvoir livrer d’autres batailles par la suite. Car c’est l’univers entier qui est en danger !
Alors ne nous mentons pas, cette fameuse menace, elle est loin d’être très originale pour un lecteur de science-fiction, mais elle est plutôt originale pour un roman Star Wars. Et cela d’autant plus qu’elle pose finalement des questions qui nous concernent aussi, nous autres terriens : à travers cette histoire se pose la question de la technologie, de l’intelligence artificielle. La question de savoir si nous ne risquons pas un jour d’être dépassés par nos propres inventions, si nous ne jouons pas avec le feu en laissant de plus en plus de responsabilités entre les mains de machines « intelligentes » à qui nous accordons de plus en plus de libertés. Ne sommes-nous pas en train de donner le bâton pour nous faire battre à nos bourreaux de demain, en repoussant toujours plus les limites de la technologie, juste pour prouver que nous sommes capables de le faire ? Que ferons-nous le jour où nous ne saurons plus arrêter un processus automatisé, que ferons-nous le jour où nous comprendrons que nous n’avons plus aucun contrôle sur tout ceci ? Croyez-moi, ça fait un peu froid dans le dos, toute cette histoire. Il faut dire que voir un Seigneur Sith et un Maitre Jedi accepter de « collaborer » pour venir à bout de cet ennemi combien … ça fait un peu froid dans le dos, on se dit qu’ils doivent vraiment être désespérés pour en arriver là, et on se dit donc que c’est vraiment la catastrophe. Même si on sait pertinemment bien qu’ils vont triompher, puisque 3500 ans plus tard, la galaxie sera toujours là pour voir naitre Luke et Leia !
En bref, vous l’aurez bien compris, malgré un début lent et laborieux et une fin plutôt prévisible (et un tantinet trop rapide et facile), c’est finalement un roman particulièrement palpitant que nous offre l’auteur. J’ai particulièrement apprécié qu’aucun personnage ne soit totalement blanc ou totalement noir (hormis peut-être le Seigneur Sith, le seul à être parfaitement manichéen), qu’ils soient tous en nuances de gris. Qu’ils acceptent, même, ces nuances de gris en eux, plutôt que de se mentir à eux-mêmes. C’est quelque chose d’assez récurrent dans l’univers, la question de faire face à ses propres défauts, ses propres faiblesses, ses propres limites, plutôt que de se réfugier derrière des œillères et de se persuader qu’on suit le seul et unique bon chemin. Car cette tentation guette tout le monde, alors que la véritable force, c’est peut-être justement d’accepter de reconnaitre qu’on a fait des erreurs, qu’on a pris la mauvaise route, ou du moins qu’il existe des multitudes de voies et que la nôtre n’est pas forcément la meilleure … Et que parfois, deux voies qui semblent totalement opposées se rejoignent, preuve s’il en est que nous ne sommes en réalité pas aussi différents les uns les autres. En clair, donc, un roman qui se lit bien malgré ces quelques longueurs et ces quelques facilités scénaristiques : du Star Wars dans toute sa splendeur, avec des batailles stellaires, des combats au sabre laser et une petite pointe d’humour toujours bienvenue au milieu de toute cette sombre affaire !
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2022/01/the-old-republic-tome-3-alliance-fatale.html
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