Dans le Grand Duché d’Eponne la vie semble couler avec l’ennui calme d’un dimanche en province.
Jean-marc Féron, grand reporter, journaliste reconnu, a perdu l’inspiration et, sur la demande de son éditeur, accueille un migrant sans papier, Hossein. De cette co-habitation devrait naître un...
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Dans le Grand Duché d’Eponne la vie semble couler avec l’ennui calme d’un dimanche en province.
Jean-marc Féron, grand reporter, journaliste reconnu, a perdu l’inspiration et, sur la demande de son éditeur, accueille un migrant sans papier, Hossein. De cette co-habitation devrait naître un livre, à succès bien sûr. Comment se comporter, Féron ne sait pas, il est plus habitué aux scènes de guerre qu’à la proximité avec une réalité quotidienne, à être le seul. D’ailleurs, il ne réussit pas à créer un lien amical avec le jeune homme. Hossein, quant à lui, garde optimiste, fait tout pour ne pas être un poids. « Il a fallu que je construise mon image, puis que je reste à la hauteur de cette images, des attentes, … Tenez, vous savez ce qui m’insupporte chez Hossein ? Tout ce bagage réel qu’il traîne avec lui, cette épaisseur humaine » Il est confronté à un être humain et ne sait comment se comporter.
De l’autre côté, un groupe de personnes lancé, avec l’aide d’Eugène Waiser, un vieux professeur de philo et maître à penser dans la création d’un long pamphlet où chacun écrit un chapitre. « « Remonter le courant avec comme sous-titre, « Critique de la déraison capitaliste »
Gravitent dans le Duché des ombres, hommes et femmes migrants attendant leur sésame pour demeurer dans le Grand Duché. Tous essaient de trouver de petits boulots payés avec des lance-pierre et juste le droit de ne rien dire, de rester à leurs places, même s’ils n’en ont pas de place parmi les habitants.
Diane Meur réunit dans ce petit pays tout notre mode de vie et démontre, par des exemples de situations l’ironie de notre monde moderne. Il y a hiatus entre être, dire et faire.
Du côté des pamphlétaires, Jérôme a pour maîtresse Sylvie, cadre aux dents longues, mariée et mère de famille. Sylvie de son côté a pour femme de ménage Semira, une jeune femme sans visa, qu’elle emploie au noir. Tout déraille lorsqu’elle apprend que cette étrangère aide son fils Fabio dans ses devoirs de maths « Alors tu prends des cours particuliers avec notre femme de ménage – Elle dit qu’elle a un diplôme de comptabilité, intervient enfin Bernard (le mari) Comme si les femmes faisaient des études dans ces pays-là ! »
Tout est dit, chacun à sa place et les émigrés seront bien gardés !
Ghoûn est bien embêté, il doit faire sa demande d’asile sur le site officiel du Duché, mais un bug informatique l’en empêche et, après, il sera trop tard, le délai sera passé… Vive la dématérialisation
J’admire le travail d’écriture de Diane Meur qui met en abyme de façon ironique, les chapitres du pamphlet. Un livre très politique et non politicien. Ce petit Duché nous ressemble, très arrangeant avec les riches et les puissants mais si dur pour les étrangers, les faibles, les pauvres.
« Derrière le col, c’est le grand-duché d’Eponne. Nous on ne veut pas de vous ici » OK, mais ils sont nécessaires pour faire ce que personne d’autre ne veut plus faire et puis… une main d’œuvre qui ne peut faire grève, raisonner… C’est pratique !
Notre société actuelle de consommation y est parfaitement décrite, le pamphlet très éclairant nous met face à nos propres contradictions.
Effectivement, très proches. Plus j'y pense, plus je me dis que j'ai aimé ce livre. Mais, comme tu le dis, il a fallut un peu (trop) de temps pour rentrer dedans.