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Dans le parc d'Ueno, un homme âgé s'est installé. Après une vie de labeur passée loin des siens, il imaginait une retraite paisible, en famille.
Mais la vie en a décidé autrement. Après la mort de sa femme, il n'a pas la force de rester dans leur maison et préfère revenir se perdre dans l'anonymat de Tokyo. Sous les arbres, il se construit une cabane de bâches et de planches, affrontant ainsi le temps et les saisons. Posant son regard paisible sur les promeneurs, tendant l'oreille aux commentaires des visiteurs du musée attenant au jardin, aux chants des oiseaux comme aux mots insolites de ses compagnons de misère, le vieil homme vaque en silence aux abords de l'étang ou s'avance dans le hall de la gare, là où l'espace fourmille encore d'urgences et d'horaires, il se souvient.
Dans le parc d'Ueno, le vieillard écoute la beauté et la misère mêlées. Mais les opérations spéciales de nettoyage sont de plus en plus nombreuses en ces lieux, épreuves chaque fois plus traumatisantes pour les sans-logis car il leur faut fuir, sans délai déconstruire leurs baraquements, effacer toute trace de leur dérive.
Au passage de l'empereur, comme aux yeux du monde à l'approche des Jeux olympiques de 2020, il s'agit là de ne pas dénaturer l'image de Tokyo.
Kazu nous raconte sa vie, comment il est parti travailler à Tokyo pour subvenir à la vie de sa famille, comment il n'a plus eu envie de revenir et a survécu tant bien que mal dans le parc, pourquoi il est malgré tout revenu auprès de sa femme après la mort de son fils puis a nouveau parti.
C'est une photographie du Japon vue de l'intérieur, qui nous est offerte ici. Nous y découvrons le Japon des apparences et celui des difficultés à vivre par manque de moyens, l'exil pour aider les siens à vivre et la difficulté de renouer. C'est un roman malgré tout assez doux, poétique et lent comme les asiatiques savent les écrire.
Il n’est pas rare en se promenant dans le parc impérial d’Ueno de voir fleurir de grandes bâches bleues sur lesquelles les familles s’installent pour profiter de la beauté des cerisiers en fleurs.
Mais pour les SDF japonais, ces mêmes bâches ne sont pas synonymes de douceur de vivre. Ils s’en servent pour se protéger de la pluie dans leurs cabanes faites de bric et de broc.
Kazu était l’un de ceux qui vivaient dans le parc. Après une longue vie de labeur sur différents chantiers de la péninsule japonaise, il était retourné chez lui, près de Fukushima, pour découvrir que ses enfants avaient grandi sans lui et qu’il ne les connaissait pas. Restait sa femme, seule rocher auquel s’accrocher après une vie conjugale marquée par ses absences. Mais sa mort, suivant de peu celle de son fils, lui avait fait fuir sa région natale pour revenir à Tokyo et s’installer à Ueno.
Ueno, cadeau de l’empereur aux habitants de la capitale, poumon vert de Tokyo. Ueno et son zoo, ses temples, ses musées. Ueno et ses laissés-pour-compte, souvent des provinciaux échoués ici après un drame familial, une perte d’emploi, un revers du destin.
Souvenirs d’une vie d’un homme qui, comme il le dit lui-même, n’a pas eu de chance. Il a travaillé depuis son plus jeune âge, s’est sacrifié pour nourrir sa famille et finalement est passé à côté du bonheur.
A travers le destin de Kazu, Miri Yû raconte tous ceux qui ont échoué dans le parc d’Ueno, toutes ces vies en marge qui se débrouillent avec des bouts de rien pour maintenir un semblant de vie. Invisibles au milieu des promeneurs, ils sont carrément effacés quand le parc est visité par un membre de la famille impériale. Commence alors la ‘’battue’’. Ils ont quelques jours pour démonter leurs abris, entreposer leurs maigres biens dans des lieux dédiés et se fondre dans l’anonymat d’une salle de cinéma ou d’un cybercafé. Cachons ces indésirables que l’empereur ne saurait voir !
Douceur et mélancolie pour un livre fort qui réussit à mettre de la poésie dans la noirceur. Car il ne faut pas se fier à sa couverture rose bonbon. Sortie parc, gare d’Ueno est un récit triste et dur qui donne à voir la triste réalité des SDF au Japon. Souvent des campagnards ‘’montés’’ à Tokyo pour travailler et qui ont subi de plein fouet les crises financières successives, ils ont été rejoints par les réfugiés de Fukushima chassés de leur région par la catastrophe nucléaire de 2011. Une minorité invisible que l’on chasse au gré des visites des puissants.
Un sujet intéressant et douloureux traité avec pudeur et poésie.
Très attiré par la couverture si magnifique de ce roman, j'en ai fait l'acquisition, pensant trouver un livre plein d'espoir et de joie.
Ma découverte ne fut pas veine mais assez troublante et de la joie la misère a fait place, un homme raconte le parcours de sa vie avec d’innombrables deuils et il explique son observation du monde, des gens, tout particulièrement des SDF, de leur vie au quotidien, de la dureté de leurs journée, de toute cette misère que les gens ne voient pas ou ne veulent pas voir.
On y découvre un Japon frappé par la misère et le tsunami mais aussi beaucoup de belles description sur la nature, les arbres, les fleurs....
Un roman fort et intense en émotions et poétique à la fois, a découvrir!
Belle découverte que ce roman où la poésie de la narration japonaise donne de la douceur à l'histoire d'un homme devenu SDF par choix...
Difficile de faire une critique de ce livre, tant la nostalgie, prégnante, floute les contours de la misère et de la solitude de ces hommes dans ce parc tokyoïte, parait éluder les raisons de leur exclusion.
Ce qui semble la description d'un microcosme ne manque pourtant pas de poser questions : qu'est-ce qui pousse un homme à tout quitter pour choisir une vie en marge ? Y a-t-il un espoir dans la fuite ?
C'est un roman étrange où le chant des oiseaux et la contemplation s'opposent au rythme frénétique de la ville et de la vie, c'est surtout un livre magnétique, intense, qui ne laisse pas indifférent.
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