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On ne l'appelle jamais Antoine Orsini dans ce village perché au coeur des montagnes corses mais le baoul, l'idiot du coin. À la marge, bizarre, farceur, sorcier, bouc émissaire, Antoine parle à sa chaise, lui raconte son histoire, celles des autres, et son lien ambigu avec Florence Biancarelli, une gamine de seize ans retrouvée morte au milieu des pins et des années 80.
Qui est coupable ?
On plonge à pic dans la poésie, le monde et la langue singulière d'un homme simple, jusqu'à la cruelle vérité.
Oui, c’est un simple Antoine Orsini, un simplet, un baoul, un mongol, l’idiot du village…….
Il est vraiment atteint, mais qu’est ce qu’il est attachant et il fait bien le dire un peu rebutant aussi.
Il a fait 15 ans de prison, mais était-il coupable ?
Il parle à sa chaise et c’est ainsi qu’on prend connaissance de son histoire et qu’on rencontre tous les gens du village.
C’est bien écrit. Le ton est vif, authentique.
C’est à la fois cru, cruel pathétique et poétique.
Je pense que je vais le garder un bon moment en tête cet Antoine
Le roman se déroule dans un petit village corse. Il débute par l’enterrement d’Antoine Orsini. Une vieille femme vient cracher dans sa tombe.
La suite c’est Antoine lui même qui nous la raconte ou plutôt qui la raconte à une vieille chaise cassée qu’il a récupérée et qu’il traîne partout. Antoine c’est le baoul, l’idiot du village, et il nous raconte sa vie avec ses mots, ses ressentis . Il doit vivre avec la culpabilité d’avoir « tué sa mère » à la naissance, ce que lui reproche son père et son frère. A travers lui, on voit vivre le village et ses habitants.
Sa vie bascule quand une jeune fille est tuée dans les bois et qu’on l’accuse de meurtre.
Coupable ou innocent ?
Il faudra attendre la fin du livre pour le savoir.
Ce livre est fort et puissant. Julie Estève sait parler avec les mots du baoul et nous faire vivre les événements à travers ses yeux.
Un livre qu’on n’oublie pas une fois refermé.
Un type qui parle à une chaise, on aura tout vu…Bien la preuve qu’il est cintré, Antoine Orsini, gaga, barré, baoul, quoi…et peut-être pire, non ?Tous les doutes sont permis, toutes les questions sont ouvertes quand c’est un simple d’esprit qui raconte sa propre histoire, un peu en désordre, un peu en bazar, un peu comme ça lui vient, à la va comme j’te pousse.
Sous la plume de Julie Estève, extrêmement finaude, elle, pour le coup, on se laisse porter par cette voix rapidement familière et touchante, on se laisse mener, par la main ou par le bout du nez, dans la vie d’Anto, de Florence, de la Murène et de l’Extra-terrestre, on joue les voyeurs dans cette vie de village, dans cette Corse profonde où on ne rigole pas avec l’honneur , où les réputations se lavent dans le sang, où le silence n’est pas d’or mais de plomb.
Les chemins de la pensée d’Antoine sont escarpés et sinueux, ils nous offrent une balade magnifique dans un paysage humain varié, subtile et changeant selon les points de vue que propose la progression dans le récit. La langue, elle, est à l’image de ce baoul qui se raconte, simple, imagée, ensoleillée. Simple, comme ne le seront jamais les liens et relations qui gèrent cette microsociété de derrière les rideaux, où tout se sait sauf l’essentiel, où tout se tait sauf la rumeur, où l’on prête à autrui toute la noirceur dont on se sait capable.
C’est avec constance et avec une force mêlée de grâce que Julie Estève trace le sillon de son personnage et de son récit, feignant de les laisser se perdre dans des situations complexes voire sordides, là où il n’y a, finalement, qu’une histoire simple.
Antoine Orsini, que l'on pourrait qualifier d'idiot du village, est arrêté pour le meurtre d'une adolescente de 16 ans, Florence. Mais est ce vraiment lui le coupable ?
Ce roman retrace la vie de cet homme différent pour qui les mots sont différents que ceux des autres.
Antoine devient donc le souffre douleur de ce village qui recèle bien des rancœurs et des secrets.
Le roman est découpé de façon a en dire un peu à chaque fois mais juste ce qu'il faut. Il est emprunt de poésie dans la manière de voir le monde, la vie quand on a un regard bien différent du commun.
Ce roman a une réelle dimension sociale car il nous permet de prendre la mesure de notre comportement vis a vis de ceux qui ne sont pas comme nous et on peut se demander si notre société est en capacité humaine d'accepter ceux et celles qui sont différents.
Abruti, ahuri, andouille, arriéré, bêta, ballot, cloche cornichon, couillon, crétin, cruche, débile dégénéré, emmanché, faible d'esprit, fou, ignorant, idiot, imbécile, jacques, manche, niais, nul retardé, sot, stupide, simple d'esprit, simple, baoul…
Qu’il en existe des mots, des insultes, des méchancetés toujours plus élaborés pour désigner la différence, ou plutôt nommer notre intolérance à cette différence.
Simple, ce n’est pas seulement l’histoire d’Antoine mais d’Antoine et de Florence, malmenés tous les deux, abimés par la haine, la vilénie et la bassesse des hommes. Ce que seul l’homme peut faire à son prochain.
Le drame couve, on le voit arriver tout comme l’opprobre s’abattre sur celui tout désigné, le baoul, celui que tout le monde souhaite coupable. Car il est bien plus simple d’imaginer le mal associé à la différence que le mal chez Monsieur tout le monde. Parce que suspecté tout le monde reviendrait presque à se suspecter soi-même, accepter sa part d’ombre et ces possibilités toujours plus infinies et infamante d’atteindre l’autre.
Ce roman est attendrissant, bouleversant, incisif. Comme une envie de pleurer pour Antoine, sur Antoine. De pleurer sur notre inhumanité si humaine pourtant. Un espoir aussi pour ceux qui osent être autre, être en lien, qui traitent l’altérité avec bienveillance, humanité et qui parfois sont acteurs et accompagnateurs de résilience. Comme Madeleine, cette douce institutrice qui prend en compte, qui fait en sorte qu’Antoine compte, parce que sans amour, la violence parfois devient le seul repli.
https://leblogdemimipinson.blogspot.com/2018/12/simple.html
Simple, c’est l’histoire d’Antoine Orsini, dit le baoul, le simple, l’idiot du village, le benêt. Il parle à une chaise, vat et vient avec Magic, son compagnon. Le baoul n’est pas tout seul dans sa tête ; il parle avec les cosmonautes. Il a une amie, Florence.
Un jour Florence est tuée. Forcément, c’est le baoul qui prend ; quinze ans de prison…
Simple, c’est l’histoire du baoul vue par le baoul lui-même. Un récit à la hauteur d’un simple d’esprit, dit-on, un être au cœur pur qui voit tout, est différent des autres, mais n’en demeure pas moins sensible. Le baoul s’invente un langage, un mode de pensée, un monde que lui seul semble comprendre.
Récit qui ne suit pas une trame linéaire, ni une logique cartésienne. Il suit au contraire les errements d’un homme rejeté, jugé avant le crime, et jusqu’à la tombe.
J’ai aimé me plonger dans ce conte cruel écrit avec une sorte de minimaliste qui lui donne force et gravité.
Un récit singulier qui m’a happé, et touché ; qui interroge sur le regard que nous portons sur la différence, ceux un peu à la marge et la place que leur accorde notre société.
« On fiche la caisse dans le trou et on jette la terre sur le bois clair. On regarde au fond, s’imaginant plus tard, pareils, de guingois dans le caveau familial. Il n’y a pas de bruit. Bizarre, ce silence du monde. Les oiseaux et le vent tiennent leur langue pendant que l’on pleure des larmes de faux-jetons. On pense, bon débarras !
La mère Biancarelli s’avance, coincée dans ses habits noirs, jupe longue, chemisier simple, des chaussures plates, châle autour de la tête. On croirait une poupée de mémé en mauvais état, d’un autre siècle, dont les cils clignent sur des yeux froids, très bleus. Elle plie ses jambes pleines d’os et tombe à genoux, les mains vieilles au milieu des herbes hirsutes. Elle se racle la gorge, flanque le crachat dans le trou. »
L’homme dans le trou, c’est Antoine. Antoine Orsini. Mais personne au village ne l’appelle plus comme cela depuis son enfance. Antoine, c’est le baoul. On l’a privé de son identité, parce qu’il est différent. C’est l’idiot du village, le simplet.
Avant ses quinze ans de prisons pour le meurtre de Florence Biancarelli, il était la mascotte du village. Une mascotte bien particulière. Il était l’objet de toutes les moqueries, la victime de jeux cruels. C’est tellement facile d’être forts quand on est en bande. La liberté d’Antoine, une liberté dont il n’a pas lui-même conscience, fait peur, elle dérange alors on se venge comme on peut.
Antoine a une mémoire prodigieuse, il est un peu voyant, il fait des rêves prémonitoires qu’il ne cache pas. Ses souvenirs, il est tellement seul qu’il les partage avec sa chaise. Il la promène sur les lieux qu’il a arpentés et lui raconte son histoire. Une vie de souffrance et d’exclusion.
« Mon père était furax, dès qu’il m’a vu. Il disait que j’étais un tueur né, qu’il aurait dû m’étouffer avec un coussin, que bébé j’avais déjà une tronche de baoul, pas proportionnée, que c’était pas de chance d’avoir fait un gosse aussi moche et aussi con par rapport aux deux premiers qu’étaient normaux. Il disait que ma tête avait beau être énorme, y avait que dalle à l’intérieur. – Dans ton crâne, c’est le désert des Carpates ! Il disait »
Antoine était le coupable idéal pour le meurtre de Florence Biancarelli. En racontant sa vie à sa chaise, il revient sur la vie du village, sur les tensions qui y règnent, sur les non-dits. Il mène en quelque sorte l’enquête sur le meurtre dont il a été le bouc émissaire.
Simple est un roman poignant, bouleversant. Julie Estève trempe sa plume dans les méandres du cerveau d’Antoine. Les mot qu’elle met dans sa bouche sont simples, miroirs de ses émotions, en prise directe avec la nature. Des mots libres de toute contrainte et pleins de poésie.
« J’ai mis les provisions dans mes poches pour aller bouffer avec ma chaise derrière la chapelle, tranquilles, planqués. Les autres, ils viennent ici que l’dimanche. Le reste de la semaine, y se traînent dans la boue, mais l’dimanche, ils font une trêve chez le curé : ils chantent des prières. Moi, c’est aux arbres et aux cailloux que j’en donne, pas à la messe, je peux pas gueuler à la messe, alors que dans le maquis et dans les bois ! À la messe, y a pas de surprise, tout est décidé à l’avance et en plus faut obéir aux ordres ! Et je suis pas dressable. »
Vous aussi, suivez Antoine dans le maquis corse, nul doute que vous n’en sortirez pas indemne.
Un grand merci à Netgalley et aux Éditions Stock de m’avoir permis de découvrir cet excellent roman.
Simple raconte l’histoire d’Antoine Orsini, l’idiot du village d’un hameau de Corse. Antoine se raconte, il parle de sa différence, du rejet dont il est l’objet par sa famille et par les habitants du village, comment ils se moquent de lui, le maltraitent et l’exploitent. Antoine est simple d’esprit mais il voit tout et, à sa manière, il comprend tout : les situations, les non-dits, les mensonges et les conflits au sein de son village. Mais Antoine est une victime idéale, si facile à accuser et à condamner d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Le récit, raconté par Antoine lui-même, nous embarque, et avec les yeux d’Antoine, sa franchise et sa naïveté, nous revivons son histoire. Le ton est juste, et le contraste entre la dureté de la vie d’Antoine et son grand cœur nous attache à ce personnage singulier. J’ai vraiment passé un excellent moment avec Simple et, comme toute belle lecture, je suis restée triste d’avoir tourné la dernière page. Je vous recommande vivement ce petit livre sensible.
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