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Lola est une trentenaire parisienne, comme les autres. Enfin pas tout à fait. Jamais la phrase dite par Charles Denner dans L'homme qui aimait les femmes de François Truffaut n'a été si bien appliquée : les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le monde en tous sens. Lola arpente la ville, amazone, chaque fois que son envie devient plus forte que la raison, l'homme succombe, chasseur devenant proie, même le plus repoussant. À la fin de l'acte, clac, elle lui coupe un ongle. Lola, c'est M la maudite, aux pulsions guerrières. Elle semble sortie d'un manga, bouche rouge et grands yeux. Jusqu'à ce que Lola tombe amoureuse. Mais est-elle vraiment faite pour l'amour ? Et si la passion, c'était la fin du rêve ?
Un portrait apre et dur que celui de cette femme, victime ou/et bourreau, dans sa quète de l'être prêt à partager son destin de femme aux multiples visages et à une volonté d'auto destruction pronnocée. Trahie, maltraitée, ballotée aux relations chaotiques, elle se promène dans la vie et avec les hommes comme une femme libérée sans état d'âme, volontairement offerte au hasard mais toujours selon sa propre volonté et toujours féticihiste.... jusqu'à la rencontre de ce qui pourrait être son "mec" ... Dove, se pourrait-il qu'elle puisse retrouver une vie amoureuse avec l'homme qui la fait voyager, l'aime mais dont elle n'arrive pas à se saisir de son fétiche habituel ?Aux détriments de tous ceux qui pensaient pouvoir en disposerà leur guise et dont ils croyaient faire part de sa vie et de ses amours....
Des chapîtres brefs, efficaces, cinglants et une histoire à laquelle il faut s'accrocher mais qui ne m'a pas laissé indifférent. Bref une lecture à découvrir.
Un roman cru, où la souffrance est palpable. On éprouve à la fois dégoût et compassion pour Lola, qui ne se sent protégée que lorsqu’elle domine sexuellement les hommes de rencontre, à qui elle prélève un ongle, qu’elle conserve précieusement dans un bocal. Lola ne veut plus aimer, elle a trop souffert, enfant, à la mort de sa mère. Elle a trop souffert du chagrin de son père qui ne lui a pas laissé de place dans sa vie après son deuil. Lola se roule dans la fange car elle a peur du bonheur. Jusqu’à sa rencontre avec Dove, son voisin, dont elle tentera vainement de fuir la compagnie. Mais l’amour fait mal, l’amour tue, Lola le sait. Et ce qui tue la passion, c’est la routine dont elle ne veut pas puisqu’elle conduit fatalement au désamour … Une très jolie réussite pour un premier roman !
J'ai mis pas mal de temps à rédiger ma chronique sur ce roman, non pas que je ne l'ai pas apprécié, mais il m'a fallu le temps de le digérer. Julie Estève, avec ce premier roman, entre de plein pied dans ce que l'édition fait de plus moderne. Elle écrit sur notre monde actuel, avec un langage cru, sans fioritures, elle va droit au but et tant pis si le lecteur peut être choqué ou ne pas apprécier le style en question.
Lola, le personnage central du roman est une femme paumée, qui ne se remet pas de la mort de sa mère et vit toujours dans l'ombre de son premier chagrin d'amour. Elle est belle à sa façon mais se maquille trop, se cache sous des vêtements qui sont ceux des filles de joie, elle consomme les hommes à l'envie, de tous les genres et partout. elle récupère sur chacun d'eux un trophée, un morceau d'ongle coupé après le coït, qu'elle garde précieusement dans un bocal, comme pour remplir ce vide en elle qui prend chaque jour un peu plus de place.
Le personnage devient attachant au fil des pages, lorsqu'elle parle de ses blessures, lorsqu'elle commence à s'ouvrir et lorsqu'elle rencontre un homme en particulier, on pense qu'elle va commencer à guérir, qu'elle progresse.
Moro-sphinx est pour moi une belle allégorie moderne sur le célibat et sur la perte d'êtres chers, on devient ce que l'on est en fonction des circonstances, des accidents de la vie, l'être humain est un terrain toujours en travaux et ne reste pas figé comme un souvenir.
Ce roman a quelque chose de dramatique car il trouve une résonance dans chacun des lecteurs même si c'est à des degrés différents. Qui n'a jamais perdu un être cher, n'a jamais eu de problèmes familiaux ou n'a jamais vécu de chagrin d'amour destructeur ?
Lola est habitée par ses démons, représenté par son serpent avec lequel elle sort, elle lutte pour changer et la question à laquelle le roman fini par répondre est "va-t-elle gagner son combat?"
J'ai passé un moment de lecture très intéressant et j'ai déjà hâte de lire le prochain roman de Julie Estève car ce fut une belle découverte. Les éditions Stock ont eu raison de parier sur elle.
Drôle de papillon que ce moro-sphinx avec sa trompe qui butine de fleurs en fleurs et qui ressemble tant à Lola qui passe d'homme en homme sans jamais se fixer ! Une fille paumée, trop maquillée, aux tenues provocantes qui laissent jouer ses longues jambes et un cul à se damner, une fille toute seule qui fait perdre la tête aux hommes parce que l'un d'entre eux, un jour, l'a laissée tomber.
Des désillusions de l'enfance (une mère partie trop tôt et un deuil impossible, un père alcoolique) aux désillusions de "l'amour" qu'elle rend trash juste pour ne jamais s'attacher, Lola est une âme en peine que rien de console et que tout homme désole.
Entre propos crus (le sexe pour le sexe, mécanique, calculé, frénétique, s'ouvrir pour souffrir) et purs instants de grâce, la narration déstabilise mais emporte, addictive, dans une intrigue étrange et déroutante (cette histoire de couteau au début et à la fin m'a interpellée).
Quel talent pour un premier roman ! Car ce n'est plus une fille vulgaire qui claque ses stilettos sur les trottoirs de Paris, de bar en bar, mais une gamine perdue qui cherche sans fin un peu d'amour, un idéal, un apaisement qui ne vient pas...
Tout commence sur un crime commis sur un homme à coups de couteaux de cuisine en céramique. Pas banal comme entrée en matière. Surtout que ce roman n'entre pas dans le genre policier ou thrillers. Alors qu'en est-il exactement? Julie Estève ne nous fait pas languir trop longtemps et nous met de suite en présence de Lola, jeune femme, parisienne, la trentaine, célibataire, indépendante, qui sait ce qu'elle veut et comment elle peut l'avoir. Une jeune femme qui n'a pas froid aux yeux, qui, par bien des côtés, se montre plutôt froide, voire même glaciale, dont le tempérament et la personnalité nous fait froid dans le dos et nous donne des sueurs froides. Tout ça fait beaucoup de froid, n'est-ce pas? Et pourtant...
Lola accumule les rencontres masculines. Son plaisir ne se trouve pas dans l'acte charnel mais dans la quête, la conquête. C'est une chasseuse d'hommes. A l'image de ces chasseurs de Pokemon comme on en voit un peu partout cet été, il lui faut les attraper tous, les hommes. Comme si il lui en fallait toujours plus. Comme si son cœur, son corps était un puis sans fond qu'il fallait remplir sans cesse. Comme si elle avait un manque à combler. Comme si elle était en manque...
Et c'est là que se trouve toute la subtilité de ce roman, toute sa qualité littéraire. Car, à coups de non-dits, de sous-entendus, de silences et finalement de mots dits (maudits?!!!), c'est ce que nous montre et nous fait comprendre l'auteur. Ce vide sidéral que ressent Lola, on l'éprouve aussi. Sauf que nous, lecteurs, comprenons que, malgré tout ce qu'elle entreprend, cette chasse brutale, sauvage, meurtrière, Lola se perd. Elle n'en a pas conscience, ou fait comme si elle ne s'en rendait pas compte. Mais le lecteur, oui. Et en cela Lola nous bouleverse fortement. Car on voudrait l'aider, c'est clair. On voudrait lui dire, lui montrer qu'elle fait fausse route, que sa quête toujours insatisfaite ne peut que devenir fatale. Mais on reste là, témoin impuissant, lecteur attentif et pris au charme des mots de Julie Estève. Comme envoûtés, nous aussi.
Une magnifique écriture, un récit haletant, un texte bouleversant, "Moro-sphinx" c'est ça et tellement plus...
Lola est une serial lover des plus particulières…
Elle butine. Les hommes.
Elle collectionne. Leurs ongles.
Comme des trophées. Sur l'autel de la solitude, de la détresse, de la misère affective.
Et puis un jour l'insecte se fait attraper et s'interroge sur l'Amour et son avenir, sur le pardon.
Julie Estève est un papillon qui vient d'éclore.
Sa trompe est d'une grande précision, tout à la fois crue et puissante et en fait au final un écrivain inoffensif mais nécessaire.
C'est une espèce peu commune, à sauvegarder (obligatoirement), dont on reparlera (forcément).
Ma chronique complète sur https://arthemiss.com/moro-sphinx-de-julie-esteve/
Lola a 30 ans.
Parisienne en déséquilibre de vie, d’envie, Lola cherche et se cherche. Trop timide à en devenir provocante, trop perdue pour se trouver, là, immédiatement, tout de suite…
Lola teste.
Les hommes, le sexe, les corps qui la salisse ou la satisfont…jamais vraiment. Elle cherche des réponses, mettre au placard une solitude, réparer une enfance qui ne reviendra pas et qui ne se réparera pas.
Lola joue.
La provocation, l’excessivité, le rentre dedans en voulant rester dehors sans vouloir s’impliquer.
Lola accumule.
Des petits morceaux de corps, des marques d’amants, des trois fois qu’elle collectionne jusqu’au jour où…
Lola est-elle prête ?
A vivre, à aimer, à lâcher cette solitude qui la dévore et la rassure. A partager son cœur en plus de son corps sans avoir peur qu’on le lui grignote, qu’on le fasse disparaître sous la trahison, la douleur ou pire encore. Sans avoir peur qu’il la maltraite au sens propre comme au sens figuré, en acceptant qu’il l’aime, là, juste comme ça.
« Et si par curiosité il lui demande, elle dira simplement qu’elle veut vitre, ici, maintenant. »
Lola, c’est un peu lolita qui aurait grandi avec un goût d’amertume dans la bouche, avec des peurs et dans rancoeurs qui obligent à se méfier.
Lola c’est un roman d’aujourd’hui dur et bouleversant qui transperce le cœur et le corps aussi de celui qui le lit.
Une écriture tranchante mais déjà si sûre d’elle et d’une efficacité indéniable.
Julie Estève ose. Un premier roman à cœur ouvert, une histoire menée avec passion et sans faux semblants, sans le parti pris du lecteur à qui il faut plaire. Elle y va et elle y va très bien.
On est dérouté et bousculé, j’adore !!!
Ma chronique comlète
https://emiliaetjean.wordpress.com/2016/08/08/un-insecte-qui-butine-ou-qui-transperce/
Voilà un roman qui commence comme un véritable combat, celui de Lola contre elle-même, contre l’amour, le droit au bonheur, à son propre bonheur. On le comprend vite, son amour l’a quittée et bien qu’elle soit encore très jeune, depuis sa vie est désespérément vide. Pour se venger, et pour la remplir, elle baise à tout va, et collectionne un ongle de chacune de ses proies d’une heure, d’un instant, d’une jouissance - rarement la sienne d’ailleurs - juste la leur. Comme si elle se refusait à vivre et à aimer de nouveau, comme si s’infliger ces blessures pouvait anéantir celle si profonde qui la détruit. Elle arpente la ville avec des airs de prostituée, sur des talons aiguille qu’elle fait claquer pour être entendue, remarquée, désirée, pour attirer les hommes, comme la lumière attire les insectes, pour pouvoir les prendre et les jeter à son aise.
Jusqu’au jour où elle rencontre Dove et tombe amoureuse de ce séduisant beau gosse en baskets blanches. Mais rapidement la voilà meurtrie par l’absence, exigeante, possessive, exclusive. Saura-t-elle sortir de cette impasse qu’est devenue sa vie, dévastée par un immense chagrin, depuis la perte de sa mère quand elle était enfant, l’alcoolisme de ce père qui ne sait pas dire je t’aime, puis la rupture insupportable avec son grand amour de jeunesse.
Intéressant voyage que ce roman, qui commence comme une farce, avec cette jeune femme qui ne cherche que l’amour physique rapide, celui qui passe sans faire de mal aux sentiments, celui qu’on arrache, qu’on donne, qu’on offre dans la rage et le désespoir, pour le plaisir d’un instant, court, insignifiant et sale comme une raclure d’ongle. Et roman qui finit dans la profondeur des sentiments et de la solitude, le tout porté par une superbe écriture. J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire, au départ peu crédible à mon goût, puis je me suis laissée prendre par la magie des mots, par la force de la souffrance puis de l’abandon, et qui sait, par une forme de rédemption.
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