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Au début de la guerre de 1914, un policier décide de revêtir une identité féminine pour échapper à la mobilisation. Ray Février devient « Loulou Chandeleur », détective privé en bas de soie et chapeau à voilette. Ray-Loulou se rend compte qu'il est aussi bon flic en robe qu'en pantalon, et peut-être meilleur homme qu'auparavant.
Aux côtés de la patronne de l'agence de détectives, la charmante Miss Barnett - qui ne connaît pas son secret -, Loulou enquête sur une intrigante affaire de lettres de menaces. Quand le maître chanteur commence à mettre son plan à exécution et que les meurtres se multiplient, notre étonnant duo plonge dans une succession de surprises et de pièges périlleux.
Entre 1914 et 1918, ce sont les Françaises qui ont fait vivre le pays. Ce roman raconte leur émancipation et la difficulté d'être une femme en temps de guerre... surtout quand on n'en est pas une.
Je connaissais Frédéric Lenormand pour sa fameuse série Voltaire mène l’enquête qui mêle avec brio humour, enquêtes et faits historiques. L'auteur signe avec Seules les femmes sont éternelles le premier tome d'une nouvelle série de romans policiers historiques ayant pour cadre la première guerre mondiale, et c'est une belle réussite.
Raymond Février, inspecteur de police efficace et doué d'empathie, est surnommé "le Samaritain". Quand il reçoit son ordre de mobilisation, Ray est désespéré. Bien conscient des ravages de la guerre, il refuse de mourir bêtement au fond d'une tranchée comme tant d'autres. Il veut survivre, quitte à passer pour un lâche, mais peu d'options se présentent à lui pour éviter une incorporation qui semble inévitable. Une rencontre lui apportera la solution : il deviendra femme. Raymond Février est mort, vive Louise Chandeleur ! C'est sous cette nouvelle identité que débutera sa nouvelle vie et sa nouvelle carrière de détective privé(e).
L'histoire d'un homme qui se déguise en femme pour échapper aux horreurs de la guerre peut vous sembler connue. Elle est en effet librement inspirée de l’histoire vraie de Paul Grappe dont la vie a notamment été adaptée à l’écran par André Téchiné (Nos Années folles) et plus récemment en bande dessinée par Chloé Cruchaudet (Mauvais genre). Mais l'inspiration s'arrête au travestissement, l'histoire et l'ambiance de Seules les femmes sont éternelles sont totalement différentes des titres précédemment cités.
L'enquête policière, une sombre histoire de chantage accompagné de morts violentes, est bien menée. Les fausses pistes et les rebondissements sont nombreux, et même si j'ai découvert le coupable assez tôt j'ai eu de nombreux doutes tout au long du déroulé des investigations. Cette enquête est un bon prétexte à l'étude de la société : nos héroïnes parcourent Paris à la recherche de la vérité et nous font ainsi découvrir un monde où les hommes sont progressivement remplacés par les femmes dans (presque) toutes les branches de la société, où la débrouillardise est de mise et où le troc s'organise. Cette description de la vie quotidienne en 1914 est vivante et passionnante, j'ai adoré !
Autre point fort du roman, les personnages ! Ceux-ci sont vraiment bien croqués, j'ai trouvé les personnages principaux attachants et j'ai beaucoup aimé les relations qui s'instaurent entre Loulou, qui peine à entrer dans son rôle de femme, et sa patronne Cecily, jeune et naïve, qui interprète de travers tous les signes comportementaux de son enquêtrice.
L'humour est omniprésent. Il balance entre ironie et cynisme, mais le résultat est là : le lecteur a le sourire aux lèvres tout au long de sa lecture. Une certaine gravité ambiante est également présente, certains faits ou réflexions de Ray/Loulou donnent à réfléchir, mais l'humour prédomine largement. La plume de l'auteur est agréable à lire, c'est rythmé et très intéressant, les pages défilent sans que l'on s'en aperçoive.
https://andree-la-papivore.blogspot.fr/2017/11/seules-les-femmes-sont-eternelles-de.html
Après la série de Voltaire mène l'enquête, voici le premier opus d'une nouvelle série policière signée Frédéric Lenormand : Les enquêtes de Loulou Chandeleur. Partant de l'histoire vraie de Paul Grappe qui s'est travesti pour échapper au front (cf. le film Nos années folles d'André Téchiné), le romancier bâtit un personnage appelé à revenir. Tant mieux. Ce qui est bien dans ce roman policier, c'est évidemment que Ray-Loulou évolue et que, habillée en femme, il se retrouve confronté aux regards et pire si attirance, des hommes qu'il rencontre. Sa part féminine a tendance à prendre le dessus et même si ses instincts masculins reviennent parfois, cette part féminine l'aide à réfléchir -attendez les filles, ma phrase n'est pas finie, nous aussi les hommes on réfléchit, enfin certains- différemment. Et puis, on ne se refait pas, Ray-Loulou se retourne parfois sur des femmes qu'il croise et dont les robes ont tendance à se raccourcir en ce début de siècle, provoquant l'ire des hommes et des femmes qui le voient et le prennent pour une lesbienne.
Frédéric Lenormand ne joue pas de la situation pour créer des situations grivoises ce qui eut été facile. Au contraire, il en profite pour relater le comportement masculin, qui n'a pas dû beaucoup changer si j'en juge par ces dernières semaines qui ont vu la parole se libérer et des hashtags se remplir de témoignages. Pour l'intrigue, elle est plus prétexte à faire découvrir les personnages, le contexte et le décor qu'à faire tenir en haleine les lecteurs, même si le tout se tient très bien jusqu'au bout. Dans sa galerie de personnages, principaux et secondaires, le romancier balaye un large spectre des différents comportements des Français pendant cette guerre.
J'ai beaucoup aimé ce premier titre pour tout ce que j'ai dit et aussi pour l'écriture de Frédéric Lenormand, qui sait se renouveler et qui, fort heureusement, n'use pas du même style que pour ses Voltaire. Il se fait plaisir et j'en redemande, j'en veux pour preuve ce chapitre -le 8- avec sa belle et longue métaphore filée culinaire voire légumière.
Ce n'est pas un roman aussi léger que la série avec Voltaire mais l'on sourit et l'on rit à certaines remarques, attitudes. Loulou est appelée à revenir et c'est avec un grand bonheur et une pointe d'impatience que je la retrouverai pour de nouvelles aventures.
PS : merci Le Merydien (voir les commentaires), je savais qu'il existait une BD sur le même sujet mais n'en avais pas retrouvé le titre ni l'auteur, c'est chose faite : Mauvais genre de Chloé Cruchaudet.
Dans les heures qui suivent l’arrivée de sa lettre de mobilisation, l’inspecteur Ray Février, dit le « Samaritain », se transforme en Miss Loulou Chandeleur avec l’aide d’une gouailleuse Léonie ; il se fait embaucher quasiment dans la foulée par Cecily Barnett, qui dirige l’agence de détectives de son père en son absence. Pas le temps de se demander quel fond de teint lui sied le mieux ni de s’exercer à la marche sur talons hauts, il est temps de se lancer dans une première affaire de chantage et de lettres de menaces à l’encontre d’une hautaine baronne et de son fils parti au combat.
Voici donc rassemblées « la finesse d’un policier au long cours augmentée d’une subtilité de femme de facture plus récente » : avec un tel mélange, le Paris des malfrats peut commencer à trembler ! Car Loulou Chandeleur va vite s’imposer avec ses manières très… directes. Et tandis que le point de vue de l’ancien Ray va être amené à changer sur les femmes, le comportement des hommes, la guerre et… ses anciens collègues de la préfecture, que sa patronne toute neuve se questionne sur la subtile ambiguïté qui nimbe leurs relations, les quiproquos dus à cette féminité toute neuve et très rapidement adoptée vont s’enchaîner avec frénésie. « Seules les Femmes sont Eternelles » est une vraie lecture-récréation, suite de scènes très drôles racontées avec un ton sarcastique et piquant irrésistible par Frédéric Lenormand.
Quant à cette guerre de 14 qui inspire décidément les romanciers – et les réalisateurs -, alors que la pénurie d’hommes chamboule la société et transmet bon gré mal gré ses rênes aux femmes, elle est l’occasion idéale de rappeler les difficultés d’être femme en temps de guerre et les entraves à leur émancipation, et de mettre un beau revers à l’idéal patriotique. Comme le dit Léonie, « y faut plus de courage pour vivre seul hors du troupeau que pour cheminer avec lui jusqu’à la boucherie. »
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