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Sale quart d'heure pour la mort

Couverture du livre « Sale quart d'heure pour la mort » de Karine Gournay aux éditions Evidence Editions
Résumé:

La journée n'avait pas si bien commencé que ça pour l'inspecteur Johnny Belle Gueule et c'était loin de s'arranger.Car les deux enquêtes successives qu'il doit mener au coeur d'un bayou de Louisiane, chez la famille Broussart, propriétaire d'une ferme aux alligators, le conduiront sur des pistes... Voir plus

La journée n'avait pas si bien commencé que ça pour l'inspecteur Johnny Belle Gueule et c'était loin de s'arranger.Car les deux enquêtes successives qu'il doit mener au coeur d'un bayou de Louisiane, chez la famille Broussart, propriétaire d'une ferme aux alligators, le conduiront sur des pistes plus que hantées par les ombres du passé.Mais c'est sans compter sur sa ténacité et son humour noir qui l'aideront entre autres à braver la Mort elle-même, en chair et en os...

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Avis (1)

  • C’est la couverture quelque peu glaçante qui m’a donné envie de découvrir ce roman dont je n’avais jamais entendu parler, ce qui est fort dommage, car ce roman à la croisée de plusieurs genres est plutôt sympathique.

    Nous découvrons ainsi Johnny Belle Gueule, un policier, qui est en route...
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    C’est la couverture quelque peu glaçante qui m’a donné envie de découvrir ce roman dont je n’avais jamais entendu parler, ce qui est fort dommage, car ce roman à la croisée de plusieurs genres est plutôt sympathique.

    Nous découvrons ainsi Johnny Belle Gueule, un policier, qui est en route pour une enquête : un bébé a disparu ! Mais attention, cette disparition ne s’est pas faite n’importe où, mais à la ferme aux alligators de la famille Broussart. Un lieu inattendu qui place d’emblée le décor puisque l’autrice nous entraîne en Louisiane, dans un bayou.

    Je dois d’ailleurs dire que c’est bien ce lieu inhabituel pour un roman français qui m’a plu, et qui m’a permis de me plonger immédiatement dans le récit. Je n’ai jamais mis un pied en Louisiane, mais mon compagnon y a fait des études, et j’ai pris plaisir à retrouver certains plats ou certains endroits dont il m’avait parlé. Et puis Karine Gournay arrive à merveille à retranscrire l’atmosphère si particulière qui se dégage de cet état américain. Une atmosphère parfois étouffante, parfois inquiétante, mais qui ne laisse jamais indifférent !

    Et de l’inquiétant, l’autrice vous en propose ici, car ne vous y trompez pas, nous ne sommes pas face à une enquête classique comme va, petit à petit, le découvrir Johnny Belle Gueule. Le policier connaît bien la famille Broussart dont il appréciait le paternel maintenant décédé, mais il sait aussi que cette famille cache quelque chose. Cela le titille d’autant que le mystère semble s’épaissir à mesure qu’il progresse dans son enquête. Il y a cette femme au comportement versatile, ces secrets murmurés, une nouvelle disparition, une étrange apparition… Le surnaturel qui se fait d’abord discret prend de plus en plus d’importance apportant à l’ambiance du livre un côté mystérieux et dangereux. Surnaturel et réel finissent même par se fondre au point de déstabiliser notre policier qui ne sait plus à quel sens se fier.

    Il faut dire que le pauvre, en plus d’avoir une enquête qui prend un tournant inattendu et qui semble se complexifier, il doit également faire face à une rencontre inhabituelle : la faucheuse en personne ! Personnifiée sous les traits d’une rousse flamboyante, celle-ci ne correspond pas vraiment à l’image que l’on pourrait s’en faire… L’autrice a ainsi joué la carte de l’originalité avec une faucheuse qui serait plus intéressée par des RTT qu’une promotion. Caustique, libérée et déterminée à obtenir ce qu’elle veut de notre enquêteur, la faucheuse est un personnage haut en couleur que j’ai beaucoup aimé. Heureusement que face à elle, Johnny Belle Gueule ne manque pas de répondant et de mordant.

    Il prend au sérieux l’enquête d’autant qu’il connaît bien les personnes impliquées, mais cela ne l’empêche pas de faire preuve d’un certain sens de l’humour et d’une bonne capacité d’auto-dérision. En plus de rendre l’ambiance un peu moins oppressante pour lui et les personnes avec lesquelles il échange, cela lui permet de prendre un peu de distance notamment envers des situations dont il a parfois du mal à saisir tous les enjeux. Amusant et habile enquêteur, Johnny Belle Gueule est un personnage qui ne laisse pas indifférent. Le roman est trop court pour que je me sois attachée à ce dernier, mais j’ai pris plaisir à le suivre dans ses cheminements de pensée et dans ses tentatives pour faire le jour sur une enquête plutôt opaque.

    La plume de l’autrice est agréable, fluide et les dialogues plutôt naturels, un bon point si comme moi, vous abhorrez les échanges surjoués. Mais ce qui devrait vraiment rendre votre lecture immersive et prenante est sans aucun doute la narration mise en place par l’autrice qui alterne entre différents personnages et différentes époques. Cette alternance de points de vue apporte un certain dynamisme à l’intrigue tout en permettant de découvrir une galerie de personnage intéressante. Si j’ai apprécié de découvrir des personnages très différents les uns des autres et, en général, plutôt hauts en couleur, j’aurais peut-être préféré qu’ils soient moins nombreux, mais que leur psychologie soit un peu plus développée… Quant à l’alternance entre le présent et le passé, elle vous permettra progressivement d’assembler les pièces du puzzle, et de comprendre les raisons pour lesquelles le sort semble s’acharner sur la famille Broussard. Je préfère rester vague pour vous laisser le plaisir de la découverte, mais je peux néanmoins vous dire que les bassesses humaines ne restant jamais impunies, les ombres du passé peuvent ternir le présent de la manière la plus surprenante qu’il soit.

    À cet égard, l’autrice aborde en filigrane dans son roman un thème qui ne pourra que vous révolter : l’esclavagisme. À travers un personnage malmené par la vie, elle nous rappelle à quel point des hommes ont pu se montrer cruels avec d’autres hommes en raison de leur couleur de peau, et de leur supposée infériorité. Alors, on se révolte devant la violence physique et morale, et cette manière abjecte de nier à l’autre le droit de vivre simplement parce qu’il n’est pas né blanc. Certains passages m’ont beaucoup émue et retournée, car je ne doute pas que dans le passé, des femmes ont vraiment vécu ce que nous narre l’autrice. On crie à l’injustice, on frémit et on finit nous aussi par crier vengeance ou, du moins, justice !

    En conclusion, dans Sale quart d’heure pour la mort, il est question d’enquêtes et de révélations, de secrets de famille, de crimes impunis, mais aussi de justice et de vengeance. Un livre à la croisée du fantastique et du roman policier qui se révèle, grâce à une narration alternée et des sauts dans le temps, diablement envoûtant. Un peu à l’image de la Louisiane, ce roman dégage une atmosphère aussi fascinante qu’étouffante que je ne peux que vous inviter à découvrir.

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