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De tous les saints arméniens, ou réputés tels, Servatius est un cas unique.
Il s'agit même d'un cas exceptionnel dans l'histoire de tout le Moyen Âge occidental. Né dans le royaume de Grande-Arménie au début du IVe siècle, au sein d'une lignée seigneuriale peu connue, il s'allia à Athanase, le grand évêque d'Alexandrie et défenseur de l'Orthodoxie. Il participa à plusieurs conciles importants, soutint l'Alexandrin lors des disgrâces de ce dernier en Occident, et fut le premier évangélisateur orthodoxe reconnu des peuples germaniques du nord de l'Empire romain, notamment des Tongriens.
Il mourut, à Maastricht, dont il fut le premier évêque. Depuis lors son culte ne fit que croître. Encore locale au VIe siècle, sa vénération prit son essor sous les Carolingiens et devint centrale sous les Ottoniens. Les empereurs Otton Ier et Otton II passaient les deux principales fêtes de l'année dans deux monastères qui lui étaient dédiés : Noël et Pâques... Son aura était si universelle qu'il fut comparé à saint Pierre lui-même, qui lui aurait donné une des clés du Paradis, devenue son principal attribut.
Cet Arménien a si profondément marqué l'histoire des Pays-Bas, que la première oeuvre de la littérature néerlandaise est Sint Serveas Legende (Légende de saint Servatius) d'Henrik van Veldeke, vers 1170. Après des centaines d'études sur nombre d'aspects de sa vie et de son oeuvre, cet ouvrage est le premier à utiliser les sources orientales et latines dans le but de présenter dans sa globalité un destin unique et un héritage fondateur pour l'Europe.
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