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Le premier docteur de l'Eglise latine pourrait paraître saint Irénée.
Evêque de Lyon, il a enseigné et il continue à enseigner l'Eglise entière par sa doctrine si ferme sur l'autorité de la tradition et sur la primauté du siège de Rome. Mais son langage est tout oriental et, de plus, on ne saurait dire que lui-même ait vraiment évangélisé la Gaule. Son rôle est surtout d'un trait d'union providentiel entre les primitives Eglises d'Asie et les jeunes chrétientés de l'Europe.
Saint Hilaire de Poitiers, au contraire, est tout latin. Il l'est par sa langue et par ses écrits comme par son origine. Seulement comme l'évêque de Lyon, quoique d'une tout autre manière, il a, lui aussi, servi de trait d'union entre l'Occident et l'Orient. A un moment où, non plus sur une question de liturgie, mais sur la foi à professer au dogme fondamental du christianisme, se produisirent entre les évêques de la chrétienté, des heurts violents et prolongés, saint Hilaire s'est appliqué à dissiper les équivoques d'où ils dérivaient et à provoquer entre les hommes de bonne foi les rapprochements possibles.
Déporté en Asie pour sa fermeté et son intrépidité à soutenir la cause de saint Athanase, son zèle pour l'intégrité de la foi et pour l'unité de l'Eglise lui fit trouver dans cet exil une occasion providentielle de réveiller au coeur des évêques le sens de leur indépendance et de leur responsabilité doctrinale. Même à l'empereur Constance, il en imposa. Le contraste de sa fermeté et de sa liberté de langage avec la docilité épiscopale, à laquelle était habitué le prince, lui valut de pouvoir regagner son Eglise.
Non moins que saint Athanase, saint Hilaire apparaît ainsi comme le vainqueur de l'hérésie arienne. Jusque dans la capitale de l'orthodoxie officielle qu'était alors la ville de Sirmium, on entendit un des derniers tenants de cette doctrine hypocrite reconnaître publiquement que la foi traditionnelle se résumait en celle qu'avait toujours professée l'évêque de Poitiers. « Ce que tu t'obstines à confesser, disait-il à un jeune catholique qu'il tenait en prison, c'est uniquement ce qu'enseigne Hilaire l'exilé » Et, de fait, saint Augustin appelle couramment « docteur de l'Eglise catholique » celui que le docte Cassien qualifie de « magister Ecclesiarum ». Et c'est bien ainsi, en effet, qu'il était apparu en Orient, lorsque l'exil l'y avait conduit.
Mais cet exil l'avait amené lui-même à mûrir l'enseignement qu'il avait déjà donné à son Eglise. Il l'en rapportait, peut-on dire, condensé et solidement établi dans un ouvrage destiné à justifier, pour tous les siècles, son appellation de « docteur de l'Eglise ». Tombé là au milieu d'évêques qu'une commune hostilité envers saint Athanase n'empêchait pas d'être divisés sur le sens auquel se devait entendre la foi traditionnelle au Dieu un et trine, saint Hilaire s'était appliqué à la montrer enseignée par le Christ et les apôtres et à dissiper les ténèbres dont, sous couleur de l'expliquer, on s'appliquait à l'envelopper.
De plus, il avait recueilli et expliqué, à l'usage des évêques de Gaule, les trop nombreuses formules de foi rédigées en de multiples synodes orientaux dans le dessein de préciser et, parfois, d'atténuer la définition solennelle émise par le concile de Nicée. C'est ce qu'on appelle son De Synodis. On peut y voir comme un complément ou un appendice au grand ouvrage en douze livres, auquel il avait donné pour titre De Fide et que son contenu a fait appeler De Trinitate.
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