« Un événement est considéré comme décisif lorsqu'il désaxe complètement votre vie. Par exemple, trois décharges de fusil à pompe sur la femme que vous aimez. » Anne Forestier, la nouvelle compagne du commandant Verhoeven, est l'unique témoin d'un braquage dans une bijouterie des Champs-Elysées. Elle a été violemment tabassée et laissée pour morte. Atmosphère glaçante, écriture sèche, mécanique implacable : Pierre Lemaitre a imposé son style et son talent dans l'univers du thriller. Après Alex, il achève ici une trilogie autour du commandant Verhoeven, initiée avec Travail soigné. Par l'auteur de Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013.Lemaitre sait se renouveler, surprendre à chaque nouveau récit et c'est encore le cas avec ce Sacrifices à la machinerie parfaite, aux rebondissements imprévisibles, qui est en outre oeuvre d'écrivain authentique. Oppressant, haletant, Sacrifices ne triche jamais. Roger Martin, L'Humanité.
Anne Forestier, la petite amie de Camille Verhœven entre dans la galerie marchande afin de se rendre chez le bijoutier, mais avant une pause pipi s'impose. Elle tombe nez à nez avec deux hommes armés, cagoules à la main. Témoin, elle est tabassée , bourrée de coups de crosse, de poings et de pieds. Ils s'acharnent sur elle et la laissent dans une mare de sang. Ils cambriolent la bijouterie et s'enfuient grâce à un complice qui les attend dehors en voiture.
Anne est cassée de partout et défigurée. Camille en fait une affaire personnelle et se met en chasse avec son équipe sans dire qu'il connaît Anne. Pas facile de ne rien dire à ses coéquipiers.
Les apparences sont souvent trompeuses, Camille va découvrir une sordide machination et va en faire les frais. Bien ficelée cette histoire nous tient en haleine jusqu'au dénouement étonnant comme toujours.
Le commandant Camille Verhoeven, héritier des épisodes précédents en assure les conséquences, plus isolé que jamais, il doit faire face à une adversité tous azimuts en déployant une formidable perspicacité, toujours aidé en cela par Louis, le gentleman cultivé et néanmoins flic ! Ses liens avec Anne le conduise à agir en solitaire, au risque de se faire exclure de la police, mais il assume ! La sophistication de l’intrigue policière irrigue encore plus ce tome final en faisant appel à une psychologie très élaborée des personnages. Pierre Lemaître nous a régalé avec cette trilogie addictive.
Troisième volet de la trilogie et demie, comme l'appelle Pierre Lemaître lui-même, centrée sur le commandant Camille Verhoeven.
Quatre ans après l'assassinat de sa femme et de son bébé à naître et une profonde dépression, Camille a une nouvelle femme dans sa vie; il s'agit d'Anne Forestier, la quarantaine, contrôleuse de gestion d'agences de voyage. Celle-ci est sauvagement agressée lors du cambriolage d'une bijouterie et ne réchappe à la mort que de peu. Camille s'arrange pour être chargé de l'enquête tout en cachant qu'il est proche de la victime. Mais qui est réellement Anne Forestier et jusqu'où Camille va-t-il aller pour la protéger?
Cette fois, je suis bien moins enthousiaste que pour les précédents volets; "Travail soigné" et "Alex" qui reste mon préféré. J'ai trouvé que le tout manquait de dynamisme, les nombreuses descriptions peu utiles, à mon sens, des infirmières de l'hôpital où est soignée Anne alourdissent encore plus le rythme. Le suspense est moins intense; on sait dès le début que tout tourne autour d'Anne Forestier et que c'est probablement le commandant Verhoeven qui est visé même si on ne sait pas pourquoi.
J'ai cependant beaucoup apprécié l'ironie mordante, l'humour noir et cette verve savoureuse, plus marquée dans cet opus, qui m'a rappelé, à certains moments, Audiard et son style très imagé.
Bref, une petite déception mais qui ne remet pas en cause l'intérêt que je porte au travail de cet auteur. D'ailleurs, je me lance dans "Rosie et John" qui est une commande d'éditeur, qui est un demi-roman mais qui met encore en scène le commandant Verhoeven. A très bientôt donc pour une nouvelle chronique.
* J'en ai pensé quoi?
Une enquête très addictive.
On est aux cotés de Camille Verhoeven, qui cache à tout le monde qu'il connait la victime, qu'il la connait intimement. Et il part comme un chien fou dans un jeu de quille, bousculant, qui, quand et où il veut. Organisant une opération de grande envergure sans autorisation, ou si peu. Mais cette bousculade des principes policiers lui apportent des réponses. Pas toujours celle qu'il attend mais au moins il obtiens de petits morceaux d'indices, minuscule pièces de puzzle.
Une enquête racontée comme un tableau dressé avec des personnages clairs obscurs, qui ne sont pas toujours ce qu'on croit savoir d'eux.
* Le + : La présence des amis de Camille Verhoeven, même si aveuglé par la menace et par la soif de vengeance, il ne les perçoit pas toujours.
J'ai aussi apprécié le découpage du roman, comme une succession d'images, d'histoires s'imbriquant les unes les autres.
* Le - :
Le personnage d'Anne n'est pas assez éclairé en fin de roman, on apprend à la connaitre, on aimerait en savoir plus.
De plus, j'aurai apprécié que Camille s'ouvre à un moment donné à Louis ou a son supérieur et ami depuis toujours. Mais en taureau enragé, le front baissé, il n'en a rien fait.
* Et sinon? :
Ce dernier tome n'est pas mon préféré de la saga. J'ai préféré et de loin le deuxième tome Alex.
Cela n'enlève rien au talent de Pierre Lemaitre pour nous lancer, avec lui aux cotés de Camille Verhoeven, à la poursuite de ce cambrioleur particulièrement violent et jusqu'au-boutiste.
Deux autres romans de cet écrivain attendent dans la bibliothèque : Au revoir là-haut et Couleurs de l'incendie.
J'ai envie de conclure en disant : Bon Vent commandant Verhœven. Je vous laisse à vos souvenirs et démons!
* Note : 7.5/10
http://mcchipie.over-blog.com/2020/04/sacrifices-pierre-lemaitre.html
Très bon polar à l'image des précédents. L'auteur nous donne le vertige et nous fait trembler pour ses personnages
"Sacrifices" (Ed.: Le Livre de poche n° 33216) est le troisième tome de la trilogie Verhoeven de Pierre LEMAITRE. Ce Verhoeven , court sur pattes mais grand commandant de la Police, nous entraîne dans un policier (je ne dirais pas trop vite 'thriller') somme toute assez conventionnel. Le flic-héros a quelques particularités physiques qui en font un "Vu à la Télé" facilement reconnaissable,. Comme une kyrielle d'autres héros du POlar, il n'est pas trop à cheval sur les règlements, en butte quasi permanentes avec sa hiérarchie mais est, en fin de bouquin, tellement fort que personne ne peut lui en tenir rigueur.
Pour le mécanisme d'écriture, tout est dit! Pour l'intrigue, elle est ici un peu faible. Les personnages périphériques, hors équipe Verhoeven, peu crédibles et les ratages du tueur tellement énormes qu'on sent vite que quelque chose ne va pas. Trop de pages avant que la mayonnaise ne prenne... Pour le style, Pierre LEMAITRE, ici, écrit d'une manière peu liée, trop saccadée à mon goût. Le découpage de l'enquête en jours, heures et minutes n'arrive pas, selon moi, à servir un rythme, un crescendo frénétique vers le sommet de la chute finale.
Et, cependant, le livre se laisse lire, même si persiste un peu l'impression que cet ouvrage n'a pas eu le temps de mûrir, de vieillir en fût, de bonifier dans les cartons de l'auteur et d'être repris en main et peaufiné avant d'être confié à l'imprimeur. Bref, un bon petit roman pour prendre le train, le métro ... ou la chaise longue dans le jardin... mais pas plus.
Alors , il faut relativiser, j'ai beaucoup aimé et Pierre Lemaitre fait toujours montre d'un talent indéniable et d'une maîtrise remarquable dans ce genre littéraire. Mais j'ai trouvé que ça s'essoufflait un peu par rapport aux précédents livres.
J'ai trouvé l'enquête un peu plus banale que dans les deux autres romans. Après, j'ai lu les 3 à la suite, ça joue peut-être un peu.
Cela reste bien entendu un plaisir de retrouver les personnages et notamment Camille dont la personnalité est encore un peu plus approfondie dans ce volet.
Pierre Lemaitre est un auteur de polar qui se bonifie avec le temps : « Travail soigné » m’avait laissé un souvenir agréable, « Alex » un très bon souvenir mais le troisième volet de la trilogie Verhoeven « Sacrifices » m’a carrément passionné. Anne, la nouvelle compagne du plus atypique (et plus malchanceux) flic du 36 Camille Verhoeven, est par hasard témoin du braquage d’une bijouterie et battu quasiment à mort par l’un des braqueurs. Gravement amochée, elle est la seule à avoir vu les visages des braqueurs, elle est donc sérieusement en danger. Pour la protéger, Camille va tout tenter, jusqu’à mettre sa déontologie, sa carrière, ses amitiés et ses soutiens gravement en péril. Mais plus il avance dans ses recherches, plus cette histoire simple en apparence se complique et commence à ressembler à autre chose qu’un simple braquage. C’est visiblement le tout dernier volume de la trilogie, on va devoir dire au revoir au commandant Verhoeven, à son handicap, à ses méthodes, à ses démons aussi, et il va nous manquer. Si « Alex » peut être lu indépendamment des autres volumes, celui-ci nécessite quasiment impérativement d’avoir lu et d’avoir bien en tête « Travail soigné » car plus l’intrigue avance et plus les références avec le premier volume se font précises et importantes. Le style précis, sec, très efficace (mais non dénué d’humour) de Lemaitre fait merveille, difficile de décrocher. Son tueur est déterminé mais ses motivations sont mystérieuses (contrairement à ce qu’on pourrait croire de premier abord) et son identité est un choc, et honnêtement je ne l’avais pas vu venir et je crois que personne ne peut le voir venir. Le personnage d’Anne force au début le respect et la compassion avant de devenir plus trouble. Quant à Camille, il se lance dans une traque qui lui fait perdre toute mesure : les procédures sont oubliées, la déontologie laissée au placard et plus il avance plus il s’enfonce dans ce piège qu’il s’est lui-même tendu. Un style efficace, des personnages contrastés (chez Lemaitre, les victimes ne sont pas toujours innocentes et les coupables si coupables !), une histoire qui se complexifie sans jamais devenir tortueuse, un souci de crédibilité permanent (et louable), une scène d’ouverture d’une force incroyable : « Sacrifices » à le titre qu’il faut, la couverture qu’il faut, un polar de grande qualité !
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