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Que s'est-il passé dans ce collège anglais par un après-midi caniculaire ? Pourquoi le prof d'histoire, monsieur Szajkowski, a-t-il ouvert le feu sur ses élèves et ses collègues avant de retourner l'arme contre lui ? Dépression nerveuse ? Pétage de plombs ? Schizophrénie ?
L'inspecteur Lucia May se voit confier cette enquête sous l'oeil de sa hiérarchie. Médias et politiques s'y intéressent de près... Pourtant, au fil des témoignages des adolescents, de leurs parents, des professeurs, quand Lucia pose les bonnes questions - forcément dérangeantes - se dessine une vérité complexe. Derrière la brutalité des faits rôde une violence insidieuse et meurtrière.
Simon Lelic est un auteur britannique très méconnu et c’est fort dommage car « Rupture » est un roman très bien écrit, bien construit et qui, sous couvert d’un polar conventionnel, en dit long sur le harcèlement scolaire, le harcèlement professionnel et le harcèlement sexuel. Véritable réquisitoire contre la lâcheté ordinaire, « Rupture » se déroule à Londres mais pourrait très bien trouver sa place dans n’importe quelle société. Un beau matin, Samuel Szajkowski, professeur d’histoire, arrive au lycée avec un révolver et tue 4 personnes dont 2 élèves avant de se donner la mort. Lucia, enquêtrice dans la police londonienne, est chargée d’une enquête somme toute simple : le coupable est connu et il a agit sur un coup de folie, c’est un monstre et puis inutile d’aller chercher plus loin. Sauf que Lucia va creuser, veut comprendre ce coup de folie meurtrier, elle interroge, elle met à jour une réalité qui ne va plaire à personne, parce dans cette histoire, tout le monde est coupable, tout le monde est victime et rien n’est simple. Le roman commence par le récit de la tragédie qui vient d’avoir lieu et tout au long du roman, assez court et plutôt écrit de façon fluide, l’enquête de Lucia alternera avec des interrogatoires retranscrits des divers protagonistes de l’affaire. Ces interrogatoires, sans les questions (ce sont des monologues à la première personne et c’est souvent au bout de quelques paragraphes que l’on comprend qui parle) sont cruciaux et mettent à jour, pièce par pièce, un puzzle terrifiant fait de brimades, de harcèlement, et surtout de lâcheté. Une fois terminé, le puzzle met en lumière un système scolaire britannique qui fonctionne comme une machine à broyer où le « surtout pas de vague » fait la loi. Et puis Lucia enquête, malgré les pressions, car son quotidien de femme flic n’est pas facile du tout et elle aussi, elle doit faire face à la bêtise, la violence, et la lâcheté de sa hiérarchie. Ce livre, mine de rien, jette une lumière crue sur une réalité très laide de la société toute entière. Facile à lire, passionnant car malheureusement hyper crédible « Rupture » est un petit coup de poing, pas violent mais qui tape pile là où ça fait très mal. Sans fioriture, sans rebondissements improbables et sans prétention, il fait carrément mouche et laisse une impression forte une fois le dernier chapitre achevé.
Dans ce roman, le suspens quant à l’identité du meurtrier et des victimes n’existe pas, pas plus qu’au sujet de l’arme du crime. Dès les premières pages, l’auteur nous livre la froide réalité. Un professeur d’histoire, Samuel Szajkowsi, a tué avec un pistolet une de ses collègues et trois élèves avant de se suicider lors d’une réunion plénière dans son établissement. Ce roman a pour unique but, au travers de l’enquête de la femme policier Lucia May, de trouver un autre mobile que la folie pour expliquer ce geste,a priori, incompréhensible . Pour donner, un peu plus de relief à son intrigue, Simon Lelic, dont c’est le premier roman, place son inspectrice en porte-à-faux avec son supérieur direct qui voudrait clore rapidement l’enquête.
L’originalité de ce livre ne tient pas dans son sujet mais bien dans la façon de présenter les différents moments de l'instruction. Le lecteur est confronté à un récit composé d’une alternance d’interrogatoires, dont seules les réponses des témoins sont retranscrites, et de courts chapitres narratifs concernant la vie de l’inspectrice. Les deux points de vue s’entremêlent et se répondent jusqu’à ne former plus qu’une histoire. Le harcèlement subi par Lucia au sein de son équipe professionnelle vient éclairer le harcèlement qu’à pu subir le professeur assassin. Le malaise d’une femme travaillant dans un univers masculin éclaire le malaise, plus profond encore, qu’a été celui d’un professeur abandonné par sa hiérarchie, incompris de ses collègues face à la méchanceté d’adolescents en perdition.
Le seul bémol que je voudrais apporter à ce commentaire est que, lorsque le roman policier se place essentiellement sur le plan psychologique, son rythme est plus difficile à tenir et même si la structure de ce roman est originale, le tempo en est quelque peu altéré du fait de sa teneur intrinsèque.
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