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La disparition d'un être cher nous bouleverse parfois au-delà de ce qu'on pouvait imaginer. Dans le cas d'un animal familier, c'est l'âme silencieuse d'une maison qui s'en va. Comme si le piano familial devenait muet. Le chagrin qui nous étreint alors s'apparente à la fois à un chagrin d'enfant dont la fulgurance semble devoir durer toujours, et à une peine d'adulte, lourde de souvenirs anciens et de blessures enfouies.
Pendant la maladie de sa chatte Margot, Olivier Bellamy a tenu un registre médical qui est vite devenu un journal sentimental. Dans cet état de vulnérabilité propice aux rendez-vous vrais, il s'est rapproché des vivants, notamment de sa mère pour mieux comprendre les griffures du passé. Il a aussi vu réapparaître des fantômes, en particulier un amour perdu qui traversa la vie comme un chat sauvage.
Dans ce livre sensible et non dénué d'humour, le journaliste musical préféré des Français compose une émouvante « sonate des adieux », où il se dévoile comme malgré lui, et marque d'une voix qui sonne juste son entrée en littérature.
Tout d'abord, je remercie du fond du cœur les éditions Grasset pour cet envoi. A chaque fois, je me sens extrêmement honorée de chaque nouvelle lecture qui s'offre à moi. C'est une aventure toute neuve et pleinement de sentiments que chaque livre nous donne à vivre. Et dans celui-ci, ce n'est pas rien de le dire... J'aimerais donc aussi les remercier pour leur extrême patience car, pour x raisons, j'ai mis beaucoup de temps avant de pouvoir lire et chroniquer ce livre, et je m'en excuse sincèrement.
L'histoire que nous propose Olivier Bellamy, c'est la sienne. Du moins, celle de son narrateur qui porte le même prénom et exerce le même métier que lui. C'est celle d'un amour si inconditionnel entre un être humain et son animal qu'ils en viennent à ne plus faire qu'un tant leur complicité et leur besoin dévorant l'un de l'autre sont évidents. Cela ne peut que nous transpercer en plein cœur, qu'on soit propriétaire d'un animal ou non. Cet amour-là, increvable, on l'éprouve tous et on en est tous aussi la victime.
Je suis si heureuse d'avoir pu découvrir l'écriture d'Olivier Bellamy, ainsi que l'ingéniosité de cette plume. En effet, tout tourne autour de la lettre M dans ce récit. M comme Maman, M comme Mozart, comme Moïse, comme Monde, mais surtout M comme Margot, la prunelle des yeux de l'écrivain, son bébé, son animal. J'ai été tout simplement impressionnée qu'en partant de ce simple M, milieu de l'alphabet (M comme Milieu, voyez ?), l'auteur réussisse à faire, à établir autant de connections entre la famille, la musique classique qui lui est si chère, la religion, l'Amour, la Vie, la Mort, tout ce cycle ; le monde... Tant de liens qui se révèlent inébranlables et véridiques. Olivier Bellamy a écrit son roman comme un compositeur l'aurait fait d'une partition où chaque note est parfaitement accordée à la suivante, et où celles-ci justement se suivent sans aucune dissonance. Tout est exactement à sa place et fonctionne à merveille. La magie de ce requiem a totalement opéré sur ma personne et c'est purement et tout simplement brillant. Merci au chef d'orchestre d'exception qu'est Olivier Bellamy pour ce délice exquis qui nous enveloppe tout entier.
Là où Olivier Bellamy sait trouver les mots exacts pour décrire une palette d'émotions et de vérités qui nous dépassent et qui pourtant nous enveloppent tout entier, à moi justement les mots me manquent pour rendre un digne hommage à ce roman de vie. Cela vous arrive-t-il d'éprouver un sentiment tel qu'à la fin d'une lecture, vous vous sentez baigné d'une lumière révélatrice, sans pour autant réussir à trouver les bons mots pour le décrire car ce que vous avez vécu lors de la dite expérience de lecture se suffit à lui-même et parce que tout a été dit ? Il n'y a rien à ajouter, tout est à sa place et marche à la perfection, de façon naturelle, telle la démarche chaloupée et irrésistiblement féline de Margot. Je ne saurais trouver les mots justes pour vous expliquer ce que j'ai ressenti en lisant ce livre car Olivier Bellamy nous narre si bien son histoire d'amour fusionnel avec Margot, il nous dresse un portrait si authentique et beau de cet animal fascinant et maître de son monde qu'est Margot, que cela s'impose comme une évidence à nous. Il n'y a pas à tergiverser. Olivier Bellamy nous fait éprouver ses sentiments pour Margot, la reine de son univers, de manière si naturelle, qu'on s'en retrouve tout chamboulés, en émoi : l'animal de compagnie devient le maître, celui qui nous apprivoise à coups de rituels du soir avec la danse lascive et obsédante du pied de table de chevet, il fait de notre chambre, de notre lit, de nos bras avides de caresser et d'aimer, comme une drogue, son territoire privilégié. Et on le laisse faire, parce que c'est notre petit bébé, on veut le protéger à l'aide de nos maigres forces, et l'amour qu'il fait naître en nous nous consume tout entier, de notre tête à la raison défaillante quand il s'agit de le sauver ou de tempérer notre amour débordant et carrément vital jusqu'à nos doigts de pied frémissants sous l'effet des câlins prolongés, ces retrouvailles tant désirées. Grâce à Olivier Bellamy, j'ai pu vraiment faire l'expérience de ce sentiment d'appartenance que peut ressentir un maître envers son animal, et inversement, cette empreinte indélébile qui marque deux êtres vivants au lien incassable, réunis dans une bulle de bonheur et d'amour éternelle rien que pour eux deux, que l'extérieur ne saurait briser. Ou du moins, ne se risquerait pas à le faire. Comment oser ruiner, menacer l'existence, aussi dispensable que l'air qu'on respire, de Margot et de son maître ? Impensable, et pourtant... Je me suis amourachée de cette chatte si farouche, câline, féminine, séduisante, au charme imparable de chatte fatale, aux yeux et à la frimousse si expressifs qu'ils en rendent le langage parlé obsolète. Margot ne peut être prise pour une imbécile : elle affronte sa dégradation de santé avec beaucoup de dignité et de courage, sans en perdre sa superbe. Force et honneur jusqu'au bout. Olivier Bellamy nous dépeint le portrait d'une guerrière, d'une battante que l'impuissance ne met pas à genoux, là où nous, humains lamentables, avons juste envie de nous rouler en boule, de pleurer toutes les larmes de notre corps et de ne plus jamais lâcher le corps amaigri de Margot tant elle va nous manquer. Mais Margot est tel un souvenir immuable. Je ne suis pas prête d'oublier cette chatte admirable, unique, exceptionnelle, centre de son univers à tout jamais, comme si elle avait été mon animal à moi, qui n'en ai jamais eu. Ce lien noué avec elle, si spécial, ne se brisera jamais. Grâce à la plume d'Olivier Bellamy, je sais enfin ce qu'un propriétaire d'animal peut ressentir. Son animal est à lui et il appartient à son animal, corps et âme. Cela dépasse les strates des relations humaines pour atteindre un tout autre sentiment de connexion entre deux âmes sœurs qui ne font plus qu'une. Cet extase amoureux, cette tendresse sans bornes et cette complicité de tous les instants m'en ont fait exploser le cœur dans ma poitrine. WAW. Juste WAW.
Ce à quoi je m'attendais moins en ouvrant ce livre, ce que le récit de la vie de Margot soit entremêlé à des souvenirs de l'enfance du narrateur, de sa vie de famille et des différents chats que le narrateur avait eus avant l'arrivée de la seule et unique Margot. En effet, je pensais tout bêtement que cette histoire ne se focaliserait que sur le chat désigné par le titre sacrément accrocheur et singulier de l'oeuvre. Mais que nenni, ce que j'étais bête ! (ne te flagelle pas Anaïs, voyons !) Ce requiem a été savamment composé par Olivier Bellamy, ce chef d'orchestre hors-pair, en l'honneur de la vie même, et de toutes les formes d'Amour qui peuvent la peupler. Tout cet amour XXL qui prend toutes les intensités et visages possibles se concentre en chacun de nous et se transmet au fur et à mesure que le cycle de la vie suit son cours. Notre âme, notre mémoire et nos sentiments continuent à exister et à briller de toutes leurs forces. The show must go on, le rythme tantôt doux, tantôt endiablé de la musique ne cesse jamais de nous embarquer, de résonner à nos oreilles. Cet air est sempiternel. L'air de la vie, de l'Amour, de la Beauté, du Bonheur et de la peine, telle une bulle de chaleur qui nous rassemble tous et qui nous fait garder espoir en l'Humanité, en l'existence et sa lumière vacillante. Merci Olivier Bellamy de m'avoir rappelé tout cela.
Sur ce, amis des animaux ou non, que vous en possédiez un ou non, je vous encourage de tout cœur à lire la partition du requiem d'Olivier Bellamy. C'est beau, c'est raffiné, ça coule de source, ça nous pénètre et ça nous transporte vers d'autres sphères. Je n'ai pas été déçue d'entendre cette mélodie ; au contraire, je me suis sentie privilégiée. Pénétrez-vous aussi en tant que voyeur invité (ooouuuh, la belle oxymore !) dans la vie de chat de la ravissante Margot. Mais, dites-moi, un chat, ça a neuf vies, n'est-ce pas ?
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