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«Il se réveille en sursaut. Les cris et les rires des enfants ne sont pas ceux de l'école du village, mais c'est bien l'odeur sèche du béton et celle, suffocante, de la tôle chauffée à blanc qui ont mêlé dans sa sueur et dans la crasse les années et les lieux. Il se redresse, sa prise sur l'arme resserrée, aux aguets. Les enfants se sont tus. Comme les oiseaux.» Marco est tueur à gages. C'est un professionnel fiable et efficace qui a toujours honoré ses contrats. Jusqu'à ce jour d'été où Marco va tuer par amour. Sa cavale commence. À ses trousses, le milieu, la police et un jeune journaliste en quête de gloire. Devant lui, rien d'autre que l'été qui n'en finit pas, et la femme qu'il aime.
Léan est journaliste, rubrique des faits divers. Lui qui rêve de journalisme politique ne se doute pas encore qu’une affaire pourtant misérable va bousculer sa vie. Le patron d’un bar miteux a été abattu dans la nuit. Les caméras de surveillance ont tout filmé, le coupable est un certain Marco, tueur à gages chevronné qui n’a cette fois pris aucune précaution pour se couvrir. Il y a aussi un témoin, Reine, la jeune femme qui travaillait au bar. Mutique face aux interrogatoires de police, elle porte sur le corps de nombreuses traces de sévices. Il apparaît très vite que cette Equatorienne exilée en France vivait exploitée et maltraitée par le bistrotier, un homme violent impliqué dans divers trafics, et que c’est l’amour qui a inopinément poussé le tueur à abattre le tortionnaire. Un crime sans préparation, sur le point de faire tomber ce jusqu’ici insaisissable professionnel du meurtre sur commande.
Ce qui frappe dans le récit, c’est d’abord l’extrême réalisme des scènes et des personnages. L’auteur est scénariste, en plus d’avoir suivi, il y a quelques années, le quotidien de la PJ de Versailles. Quelques plans suffisent pour suggérer, autour de la scène de crime, d’abyssales ellipses de violence et de noirceur que les enquêteurs de police avec Reine et notre journaliste en ce qui concerne Marco vont chacun de leur côté nous aider à combler. Les parcours respectifs de Reine et de Marco sont dès l’enfance distordus par une brutalité inexorable qui ne leur laisse aucune chance. Elle subit en silence, victime résignée rebondissant sans espoir de calvaires en nouvelles épreuves. Lui a tiré à lui le manche de la violence, l’empoignant jusqu’à en faire son gagne-pain. Ces deux-là ne pouvaient que se reconnaître, unis par une souffrance semblable pourtant destinée à les séparer. S’extirpe-t-on jamais de l’engrenage du mal, que l’on reste victime ou que l’on passe bourreau ?
Dans une grande économie de moyens et en séquences particulièrement visuelles, Pauline Guéna réussit à suggérer la complexité derrière la scène de crime la plus limpide. L’un a tué, l’autre est complice, mais responsabilités et culpabilités vont bien au-delà de leur couple. Et sans exonérer le meurtrier dont le portrait dans son ensemble pèse lourd dans la noirceur, force est de voir en lui l’être humain acculé quasiment de naissance, sans jamais le choix des armes.
Polar bref et efficace, mais plus encore roman social inspiré d’une réalité brutale, un livre coup de poing, noir et bien serré, où les racines du mal s’avèrent bien plus intriquées que l’on ne voudrait le croire.
Reine de Pauline Guéna raconte, avec ce roman noir, les violences subies et données avec un espoir, la lumière vers la fin.
Léan, jeune journaliste de faits divers pour une Web-News, est employé pigiste pour les faits divers, sous les ordres de Caro, son rédacteur en chef. Il rêve de rejoindre le service politique, lui qui vient de sa province, sans rapport avec le milieu journalistique. Alors, lorsque son chef lui demande d’enquêter à charge contre le garde des Sceaux, malgré sa méfiance, Léan accepte. Parallèlement, se déroule une attaque mortelle du patron d’un café, dont les caméras révèlent le visage du tueur.
Deux solitudes vont être liées à jamais autour de l’énigmatique Reine. Exilée de l’Equateur, elle est employée comme fille de salle dans le café. Elle subit les violences, y compris sexuelles, de la part de son patron, Izmir, par ailleurs trafiquant notoire en tout genre.
Marco, tueur en gages, a une chambre au premier étage du bar situé à Champigny-sur-Marne. Témoin muet de toutes les dérives du lieu et du patron, il est reconnu par la police comme l’assassin.
Tueur à gages
L’enquête mettra en avant la principale témoin, Reine. Mais très effacée et silencieuse, le lecteur, au fil des pages, devine qui elle protège et pourquoi. Marco commence sa cavale. Léan sera le lien entre ce couple, pour que la lumière frappe enfin chacun des personnages !
Au départ, c’est un peu embrouillé mais, il y a dès le début, un je-ne-sais-quoi dans l’écriture qui retient, qui encourage à continuer. Et heureusement, car, cette histoire rassemblant trois solitudes, raconte derrière le roman noir une étrange histoire d’amour, centré sur le personnage de Marco.
Aussi scénariste, Pauline Guéna a signé l’adaptation de son roman 18.3 une année à la PJ au cinéma par Dominique Moll, La nuit du 12. À partir de son immersion dans des services de la PJ, Pauline Guéna met en avant dans Reine un personnage féminin sensible et puissant. Les interrogatoires semblent très réalistes et se sont nourris de son expérience.
Bien que Reine présente certaines longueurs, le passé de Marco en Corse par exemple, l’intrigue de Pauline Guéna, originale, répond au roman noir calibré autour de ses cadavres, ses personnages abîmés par les violences et leurs solitudes, en interactions avec les réflexions du lecteur. À découvrir !
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/08/05/pauline-guena-reine/
Ce second livre que je lis de l’autrice, mais son premier roman qui prend également une part de ses racines dans l’enquête policière, la recherche du dénouement, l’appel de la vérité, le rendu de liberté pour les destins volés, et l’appel à la libération des femmes face à certains hommes abjects.
Et comment alors ne pas parler de Reine ? Reine est l’une d’elle, mal menée, mal traitée, bafouée, ignorée, pauvre Reine prend ta revanche.
Une histoire profondément triste et touchante que celle de Reine, Marco mais aussi Lean.
Des vies brisées, fracassées, meurtries, des histoires violentes.
Comment ne pas en être bouleversée ?
Pas un roman qui fut un coup de cœur, mais un grand plaisir de retrouver celle qui a écrit PJ 18.3, un livre à l’origine du film incroyablement bouleversant de La nuit du 12 (et qui me fait beaucoup pensé a posteriori à Acide de Victor Dumiot).
Merci à l’éditeur et BePolar de m’avoir sélectionner lors du tirage au sort pour découvrir ce roman qui m’a été envoyé lors de sa parution accompagné d'une petite carte postal toute mignonne de l’éditeur. Pauline Guena nous entraine entre l’obscurité et lumière dans une course poursuite effréné, un jeu de chat et souris entre Marco le tueur à gages, les autorités, Léan le journaliste et le milieu du grand banditisme. On rencontre ses personnages qui nous immerges au coeur du milieu du crime organisé dans des interactions lucides, impartial et objective d’une critique social et de l’âme humaine. Un récit intense, dynamique, percutant dans une réalité policière et criminelle, les phrases sont simplistes mais l’écriture est touchante, méticuleuse, les protagonistes sont charismatiques, nuancés et subtile. On sent que cette fiction et documenté, l’autrice maitrise son sujet. Tout déraille pour Marco par amour, des liens vont se créer mais des hommes si différent s’unissent et pourquoi ?
"-C’est pas la question, la loi c’est la loi. L’école c’est jusqu’à seize ans. Vous êtes tuteur légal, monsieur ?
Le vieux a posé ses mains puissantes et larges comme des battoires sur genoux écarté :
– Vous allez me chercher des poux parce que mon petit-fils a arrêtez l’école deux mois avant la date, au lieux d’essayer d’arrêter votre assassin ?
– Pour arrêter l’assassin, il faudrait un peu de collaboration, mais ça semble intéresser. Et puis on est là pour faire respecter la loi rien que la loi."
"-Il y avait une petite pièce derrière le bar avec des armes. Ras la gueule, un calibre 39, un fusil AK, une batte de base-ball, des tasers, la totale. On pense qu’il a essayé de l’atteindre.
Mais le tueur est à ses basques, il tire à nouveau , cette fois on le voit faire, bras tendu, et sa victime plonge derrière le bar. Le tueur sort du champ à son tour. Deux éclairs de lumières, nouveaux coup de feu. "
"Un rayon de soleil tombe droit sur elle et la noirceur de sa chevelure est telle qu'il s'y éteint. C'est une créature aquatique, une déesse issue d'un monde ancien."
Un frisson de fièvre, un glock dur et compact, une petite âme provinciale, une règle simple, une tasse de café, la vie d'avant, une mémoire photographique, une caisse de pomme rouge, vouloir sortir du lot, repérer une info, des liens qui se nouent, les baraques de carton, le galop des chevaux sauvages, la douceur de soie, un sujet brûlant, un rire fatigué, la douleur qui maintient en alerte, de la peinture écaillée, une image chaotique, un carré de lumière violente, un bruit de cavalcade, un sac de sport, un visage creusé et pâle, une longue nuit, un mouvement de recul, des yeux très clairs, un carnet, le velours rouge et bleu, un tiraillement intérieur, un flux de colère, la beauté de l'aube, une vague de découragement, une poussière sèche, le cœur brisé, la Maison des femmes...
Un enthousiaste merci à Bepolar.fr (le média social 100%polar), aux Éditions Denoël (découverte et engagement), et à l'autrice Pauline Guéna pour...Ce beau roman imagé, concret, original, scénarisé, et émouvant.
Pauline Guéna, vous êtes une reine !
PS: j'ai beaucoup apprécié aussi, la petite attention, à savoir la carte "Au printemps".
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