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«L'observation vire à l'obsession. Soir après soir, il mate. Chacune de leurs fenêtres est une vignette dans laquelle serpente, au rythme des apparitions et disparitions, un microcosme muet et fascinant. Son regard en perpétuel mouvement s'introduit et dissèque le va-et-vient. Du haut de sa tour d'où personne ne le voit, il infiltre les secrets. C'est lui le maton à présent. Les prisonniers sont en face, dans leur cellule baignée de lumière.» Un roman en vis-à-vis, sur le piège des apparences et le vertige de la liberté.Inès Benaroya a déjà publié Dans la remise chez Flammarion. Dans ce deuxième roman, elle invite de nouveau le lecteur à plonger dans l'univers trouble de ses personnages, jusqu'au coeur de leur intimité.
« Tout n’est pas à jeter, dans nos vies. »
« Non, tout n’est pas à jeter. »
« Il faut juste faire un bon tri. »
« Se débarrasser des images corrompues. Des miroirs déformants. »
C’est lui qui a voulu s’installer dans ce quartier, en banlieue. Elle a suivi, docilement. Mais elle n’aime pas cette maison. Elle est trop grande et puis tout est automatique. Il faut dire que son mari n’a qu’un mot à la bouche : LA DOMOTIQUE. Chacun sa passion… Elle ne sait même pas se servir du four ni régler la température de la douche. Et puis, le lit est trop profond, la moquette trop épaisse, les écrans trop présents. Double vitrage phonique et thermique. Une vague impression d’étouffer, une vague envie de fuir pour respirer…
Ultra moderne solitude…
Dans l’immeuble d’en face, un homme reçoit tous les quinze jours la visite d’un travailleur social. Il sort de prison. Il doit bien se tenir, ne pas faire de faux pas. Il paraît que c’est la chance de sa vie. Il prend sur lui pour rester calme et n’étrangler personne. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui lui manque. « N’oublie jamais, la meilleure défense, c’est l’attaque » se répète-t-il. Ils lui ont trouvé un travail de cariste. A quatre heures trente-deux, il se réveille. Le quartier dort à cette heure-là. Mais le soir, dans la maison d’en face, il voit une famille heureuse.
Cet étalage de bonheur, d’aisance, de facilité est insupportable. Ils n’ont pas posé de rideaux, alors il n’en perd pas une miette, il s’immisce dans une intimité qui n’est pas la sienne, s’introduit par effraction. Il en profite, se fait du mal. Ça le fait hurler, ça le détruit.
Les images que lui renvoie la maison d’en face lui donnent la nausée… Aisance, richesse, bonheur, vie facile… Il sent une rage sourdre en lui, emplir son être qu’il a de plus en plus de mal à maîtriser.
Et pourtant, tous les soirs, il regarde…
Evidemment, on pense à la nouvelle de William Irish Fenêtre sur cour adaptée au cinéma par Alfred Hitchcock dans cette observation quotidienne, minutieuse et obsédante de l’autre en face et dans les analyses que l’observateur ne peut s’empêcher de produire, au risque de devenir fou.
Mais les images sont-elles le reflet de la réalité ? Voit-on « ce qu’il y a réellement à voir ? » Ne projette-ton pas plutôt les illusions de notre imagination ?
J’ai lu ce roman d’une traite, sans pouvoir m’arrêter, me demandant sans cesse vers quel désastre on se précipitait à coup sûr, à quelle violence les individus auraient inévitablement recours.
Un roman troublant sur le thème des apparences, des non-dits, des douleurs enfouies qui refont surface.
Vu de loin, c’est toujours joli chez les autres…
Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/05/08/33780474.html
« Il mate et les images de leur bonheur domestique viennent se fixer sur sa rétine médusée. Alors, c'est ainsi ? Il est possible d'être heureux à ce point ? Il découvre un univers insoupçonnable, un quotidien sans tragédie, gai sans exception, une mère qui rigole quand sa fille s'habille comme une pétasse et que son mari rentre pour se mettre les pieds sous la table. La maison brille comme un joyau. La banalité de leur bonheur fait écho à l'insignifiance de sa détresse. Il n'a droit qu'aux miettes tandis qu'eux accaparent toutes les richesses – mais pour ce genre de délit, on ne va pas en prison. »
Vincent, originaire de Besançon, vient de sortir de prison. Sybille Loiseau, une travailleuse sociale lui trouve un logement. Vincent doit progressivement refaire surface et réapprivoiser le quotidien : entretenir son appartement, faire des courses, échanger quelques mois avec les habitants du quartier. Cependant, Vincent est attiré, jusqu'à l'obsession, par ce qui se passe à travers les fenêtres en face de de chez lui. Toute une famille semble dérouler devant ses yeux une vie bourgeoise parfaite qui l'agace profondément. Mais faut-il se fier aux apparences ?
Ce roman d'Inès Benaroya est venu jusqu'à moi grâce aux préconisations de blogueuses et libraires. J'ai très bien fait de me laisser tenter car ce livre est tout simplement fascinant et addictif. On est très vite absorbé par la détresse, les sentiments, les rancœurs de Vincent au point de se demander s'il ne va pas finir par commettre l'irréparable sur les autres ou sur lui-même.
Le récit est découpé en trois parties. La première concerne Vincent et sa réadaptation difficile. Certains passages sont troublants, voire flippants quand on lit les réactions et les pensées qui l'animent. La seconde partie est axée sur Valériane, la jeune femme qui habite en face de l'immeuble de Vincent. La dernière partie s'ouvre sur une scène de rencontre et offre un dénouement intéressant.
Inès Benaroya a su décrire avec beaucoup de finesse la psychologie de ses personnages. Je ne peux que nous conseiller la lecture, il y a peu de chances que cela vous déplaise !
Je suis ressortie de cette lecture troublée, troublée dans le bon sens du terme mais avec des sentiments très partagés pour caractériser ce roman. En effet, l'auteure nous offre un récit tout en finesse et cru à la fois. Le style est clair, les tournures recherchées et pourtant les mots sont parfois durs, comme-ci Inès Benaroya cherchait à rendre le style tout aussi mystérieux que l’histoire. C’est réellement fascinant !
Construit en miroir et en trois parties, Inès Benaroya nous dépeint la vision des deux personnages avec énormément de justesse pour confronter le lecteur aux malaises, au mal-être et aux craintes de Vincent et Valériane. Un roman dans lequel tout n’est pas dévoilé, la part de mystère à toute sa place quant à la condamnation de Vincent ou encore l’enfance de Valériane. Un trouble semé comme des non-dits parce que chaque être humain à sa part d’ombre, chacun à son jardin qu’il vaut parfois peut-être mieux garder secret.
C’est cet aspect que l’auteure injecte dès les premières pages que j’ai beaucoup aimé. Ces zones d’ombres subtiles et envoûtantes laissées au tableau ne rajoutent que plus d’intérêt à la lecture. C'est peut-être sa conception de la liberté d'imagination : imaginer ce que l’on souhaite si l’on en a envie.
Par ailleurs, la liberté est un thème présent tout au long du roman puisqu’il est le moteur (en panne) des deux personnages, l’un est enfin libre mais enfermé dans une idée de conspiration constante, l’autre est emprisonnée dans sa vie de bonne épouse et de bonne mère.
C’est avec un sourire aux lèvres que j’ai refermé la dernière page de ce roman, une fin en « happy-end » sans être gnangnan et qui laisse encore planer le doute quant à la suite. Inès Benaroya, que je ne connaissais pas avant cela, signe un second roman à la hauteur des éloges reçus.
Le seul petit bémol que je pourrais relever serait le démarrage un peu long à travers la mise en condition du lecteur via la vie de Vincent. Mais peut-être étais-je trop pressée de voir arriver les rebondissements.
http://livresselitteraire.blogspot.fr/2016/04/quelquun-en-vue-ines-benaroya.html
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