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Un beau matin, au petit-déjeuner, Remington fait une annonce tonitruante à son épouse Renata : cette année, il courra un marathon. Tiens donc ? Ce sexagénaire certes encore fringant mais pour qui l'exercice s'est longtemps résumé à faire les quelques pas qui le séparaient de sa voiture mettrait à profit sa retraite anticipée pour se mettre enfin au sport ? Belle ambition ! D'autant plus ironique que dans le couple, le plus sportif des deux a toujours été Renata jusqu'à ce que des problèmes de genoux ne l'obligent à la sédentarité.
Qu'à cela ne tienne, c'est certainement juste une passade.
Sauf que contre toute attente, Remington s'accroche. Mieux, Remington y prend goût. Les week-ends sont désormais consacrés à l'entraînement, sous la houlette de Bambi, la très sexy et très autoritaire coach. Et quand Remington commence à envisager très sérieusement de participer à un Iron Man, Renata réalise que son mari, jadis débonnaire et volontiers empoté, a laissé place à un être arrogant et impitoyable. Face à cette fuite en avant sportive, leur couple résistera-t-il ?
Toc toc toc conformisme sportif pour vous servir
Il faut on doit parce que c’est comme ça
Un mari dit je me prend en main une femme décortique le servile des corps à l’injonction faite société
Mauvaise foi?
Un marathon pour transgresser les maladies qui pointent à l’horizon et puis un peu d d'ennui et puis du défi
La discipline pour construire en soi-même si de bêler la foule ne cesse
Décérébrés son mari devenu une femme caustique dégomme en mots
L’originalité signalée cause perdue
Un petit sourire de lecture flotte en bouche lecteurices
A vos marques! Prêt
réjouissance des pieds en course lisible sous hostilité
Un homme, une femme confrontés à l'usure de leur couple, à la peur de vieillir. Le culte du corps érigé en religion.
« Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes » est un roman réjouissant, intelligent et corrosif : un pur plaisir !
Il pose des questions sur le couple, la peur de vieillir, l’acceptation du corps et la performance sportive.
C’est ma première lecture de Lionel Shriver et je vais continuer à la lire…
Après l’excellent A prendre ou à laisser, je poursuis ma découverte de la talentueuse Lionel Shriver avec ce roman au titre intriguant.
Serenata et Remington sont sexagénaires et mariés depuis des décennies. Serenata prête sa voix aux personnages de livres audio et de jeux vidéos et a toujours été une grande sportive. Elle a longtemps perçu le sport comme une véritable religion. Ses excès lui ont causé des dommages irréversibles au niveau des genoux. Forcée de troquer ses baskets contre des chaussons, elle repousse le plus possible l’opération et rumine dans son coin. Remington, quant à lui, vient d’être licencié de son emploi au service des transports. Compte-tenu de son âge, il doute sincèrement de retrouver un travail un jour. Pour occuper son temps libre, il lui prend une nouvelle lubie : courir un marathon alors qu’il n’a jamais pratiqué aucun sport. Aigrie par son handicap récent, Serenata ne le prend pas au sérieux puis, voyant qu’il persiste, lui en veut franchement de lui « voler son loisir ».
Dès les premières lignes, j’ai été happée par l’écriture de Lionel Shriver. J’ai, à nouveau, plongé au cœur d’un foyer qui menace d’imploser. La distance qui se creuse entre nos deux personnages est plus grande encore que les kilomètres avalés par Remington. J’ai apprécié cette thématique principale du sport en général, qui ne se limite pas à la course. Ce titre m’a fait réfléchir sur les dérives, car oui, on peut faire trop de sport. L’autrice évoque notamment le culte du corps, la quête perpétuelle du challenge, le fait de comptabiliser ses pas et le fait de sans cesse se comparer aux autres comme si notre vie en dépendait. Que veut-on réellement prouver et surtout, à qui ? Ne vous méprenez pas, ce roman ne parle pas uniquement de sport. Lionel Shriver aborde la vie de couple, la vie de famille (les grands enfants du couple sont parfaitement ingrats et perchés !) mais aussi la perception de la vieillesse et son acceptation.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. L’écriture de Lionel Shriver est très corrosive. J’ai aimé ses personnages borderline aussi bien le couple central que ceux qui gravitent autour. Je note, en particulier, la fille du couple, endoctrinée et qui se réfère sans cesse à Dieu, Bambi, la coach qui ne connaît aucune limite et tous ces « malades » du sport. L’autrice parvient à nous faire rire et réfléchir en même temps. Un roman à ne pas manquer !
Quand Remington, tout nouveau préretraité et pas du tout sportif, annonce à son épouse Serenata qu’il compte se préparer pour courir un marathon, elle tombe des nues. Surtout que des deux, avant ses problèmes de genoux, c’était plutôt elle la sportive. Ce que Serenata prends d’abord comme une lubie tourne vite à l’obsession, mais elle se dit qu’une fois le marathon achevé (ou pas!), tout redeviendra comme avant. Sauf que Remington envisage ensuite d’enchaîner avec un triathlon ou plutôt un Mettle Man (un concept proche de l’Iron Man ou peu s’en faut) sous les ordres de sa nouvelle jeune coach : Bambi. Le mariage de Serenata est-il soluble dans le sport ? Elle commence sérieusement à en douter.
J’ai eu un tout petit peu de mal à entrer dans « Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes », le temps des premiers chapitres introductifs. Mais une fois ces 30 premières pages avalées, on se plonge avec délice et effarement dans la vie quotidienne de ce couple de sexagénaires qui découvrent ce que sera désormais une vie de retraités côte à côte, après toute une vie professionnelle. Serenata travaille encore en free lance mais Remington a été mis à la retraite d’office, suite à une sanction disciplinaire (le chapitre qui explique cette situation est édifiant, à la limite de l’absurde et du grotesque et explique sans doute, en partie, sa nouvelle obsession sportive), et il se lance à corps perdu dans la préparation de ce marathon. Au début, on se dit que Serenata est envieuse, elle qui ne peut plus courir à cause de ses genoux, et que lui a trouvé un exutoire à sa frustration et une occasion de retrouver une certaine estime de soi. Mais une fois le fameux marathon achevé (au tiers du roman), l’obsession de Remington devient malsaine. Son nouveau « club de triathlon » tient plus de la secte qu’autre chose (dépenses de matériel pharamineuses, obstination même en dépit des accidents musculaires, sentiments de supériorité morale, dénigrement des autres, mise en danger physique…) et je trouve Serenata très patiente de les tolérer chez elle. Personnellement je les aurais chassés de chez moi, vu la façon dont ils osent lui parler ! Ce roman est autant une peinture acide de l’obsession de la société américaine pour le sport, la performance, l’individualisme et le dépassement de soi qu’un roman sur la difficulté à vieillir ensemble. Quand le nouveau retraité que l’on croyait si bien connaître devient un étranger, le couple peut-il y survivre ? On peut faire confiance à Lionel Shriver pour pointer avec acuité les travers de la société américaine : comme quand elle décrit la foi envahissante des « reborn » : la fille du couple en est une, et porte sa nouvelle foi en bandoulière, elle est insupportable au bout de deux paragraphes ! Sans oublier la pointe d’humour, le roman et ses 12 gros chapitres passent finalement bien. Le fameux Mettle Man, qui occupe tout le dernier chapitre (suspens et dramaturgie bien rendue), est le point d’orgue de ce roman qui aura trouvé finalement assez vite le bon ton et le bon angle. Si vu d’ici, on peut trouver certains passages excessifs, je fais confiance à l’auteure pour jeter une lumière crue sur les réalités bien tangibles d’une société américaine qu’en Europe, parfois, on comprend bien mal. Avec « Propriétés Privées », « La famille Mandible » et surtout « Il faut qu’on parle de Kevin », elle avait déjà prouvé son talent d’observatrice pointue et sa plume sans concession. Ici, elle enfonce le clou sur un sujet différent, moins lourd, mais elle est toujours aussi pertinente.
Je ne sais que penser en refermant ce roman.
Incontestablement, l’écriture est originale, les dialogues sont décalés, subtils et ce n’est pas politiquement correct.
Incontestablement, il y a des longueurs, beaucoup, des personnages quasiment tous antipathiques et trop de stéréotypes.
Cette histoire qui a pour prétexte le vieillissement et l’usure du couple, veut dénoncer certains excès du monde d’aujourd’hui, la cancel culture, le culte du corps, l’influence de la religion, la mode du vegan… mais s’embourbe dans trop de sujets à la fois jusqu’à la caricature.
J’ai parfois été gênée en me demandant si l’auteure était dans le premier ou quinzième degré ; elle m’a parfois perdue.
Bref un sentiment mitigée qui ne me fait pas oublier que Lionel Shriver est l‘auteure formidable de « il faut qu’on parle de Kevin ».
Une comédie américaine sur l'addiction au sport et le culte du corps
Un couple de sexagénaires américains face aux effets du temps sur leur corps …..
Alors que Serenata n'est plus en mesure, en raison de douleurs au genou de pratiquer les activités physiques habituelles qui lui avaient permis de se maintenir en forme, son époux Remington qui vient d'être remercié du poste qu'il occupait, et qui n'avait jamais eu auparavant de goût pour le sport, entreprend de s' y adonner à corps perdu.
Dizaines de kilomètres à vélo, joggings effrénés, achat de matériel spécialisé coûteux,coach personnel, tout est bon pour assouvir la nouvelle fièvre qui l'anime.
Il décide même de s'inscrire d'abord, à un marathon, et ensuite, en dépit de ses maigres performances, à un triathlon ! Et cela, au moment même ou Sérenata doit subir une arthroplastie du genou !
Un couple en crise gratifié en plus de deux grands enfants aux parcours opposés : un fils qui vit d'un commerce souterrain et une fille qui se nourrit de préceptes évangélistes les plus stricts .
Une situation familiale digne d'une comédie américaine, qui s 'attaque efficacement au mythe de l'éternelle jeunesse et qui analyse habilement l'addiction actuelle au sport, présenté comme une nouvelle religion, celle du dépassement de soi et du culte du corps, attitude qui s'oppose à l'image traditionnelle de la pratique d'activités physiques d'entretien.
« Mais moi, je n’ai jamais considéré l’exercice comme quelque chose de glorieux. C’est du ménage biologique, comme passer l’aspirateur sur le tapis du salon. De nos jours, on atteint un état de grâce en s’épuisant. Tous ces petits nouveaux ont l’air de croire qu’ils ont fait le grand saut du statut d’homme à celui de dieu. »
Ponctué de dialogues ciselés qui tournent souvent au ping-pong verbal, ce roman savoureux porte aussi dans son dénouement un regard plein de tendresse et de sagesse sur la vieillesse , étape de la vie où il est nécessaire d' accepter de « mourir graduellement » pour atteindre « le bonheur de la sublime indifférence »
J'ai lu ce roman au pas de course, sans m'essouffler, mais j'ai failli en oublier mon heure de gym !
Dans le couple, Serenata était la sportive. Mais l'usure de ses genoux l'a contrainte à renoncer à la course à pied. Alors quand Remington, son époux, plutôt sédentaire et mis en retraite anticipée, lui annonce qu'il va courir un marathon, elle ne sait trop que penser... Incrédulité, jalousie, colère, ses sentiments se bousculent. D'autant qu'après un marathon couru dans la douleur, Remington se laisse convaincre par une coach de se lancer dans un triathlon !
Lionel Shriver nous livre un roman sur la transition entre une vie active (professionnelle, sportive, etc.) et une retraite pas toujours désirée, ni même choisie. C'est rédigé avec beaucoup de tendresse et une pointe d'humour et d'exagération, qui édulcorent sans les cacher les peurs, les angoisses et les colères.
Il est difficile de s'identifier à Serenata ou Remington, car leurs comportements sont exacerbés et mis en opposition par l'auteure : deux époux qui perdent presque simultanément un travail dans lequel ils s'étaient investis, l'une devant de plus renoncer à presque toute activité physique tandis que l'autre décide de combler le vide de sa vie en se lançant des défis sportifs qui paraissent insensés. Le sujet n'est pas facile. Lionel Shriver le traite avec tact mais sans complaisance.
L'objet du roman ne se prête pas aux multiples rebondissements, ou à une écriture très dynamique. Pourtant, le livre se lit facilement. Cela est du à une écriture assez simple et directe (merci à la traductrice). Lionel Shriver sait également entretenir des petits suspenses, sur des décisions inattendues ou des comportements surprenants.
Pas tout à fait un coup de cœur, mais un très bon roman.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/02/02/quatre-heures-vingt-deux-minutes-et-dix-huit-secondes-lionel-shriver-belfond-un-tres-bon-roman/
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