« Tu vois, Petit Frère, refaire ce chemin me procure un plaisir infini. Je n'en ai effacé aucun détail, je me souviens de toutes tes blagues, de tes tendresses, de cette légèreté réconfortante que tu posais sur tout... »
[...] Notre sensibilité viscérale nous a contraints à avancer les mains ouvertes et le coeur à nu, elle a souvent refusé d'entendre notre intelligence qui l'incitait à se placer sous le couvert des arbres. Les émotions sont faites pour gambader mais elles ne résistent pas aux tornades et le tourbillon vous a emportés. Graham Greene écrivait « l'espoir est un instinct que seul peut tuer un raisonnement de l'esprit. »
Par quelle savante alchimie les liens qui unissent une fratrie peuvent-ils devenir si denses, si essentiels à la réalisation de chacun ? La souffrance et la peur partagées, oui bien sûr, il faut bien regrouper ses forces lorsque l'on se sent si démuni.
Alors on se construit de la complicité, de la force intérieure, de l'orgueil aussi et l'on se protège à l'abri de l'amour des autres.
Puis le temps passe, chacun parvient à s'extirper de son tunnel, à remporter des victoires, à croire un peu en lui, à frôler le bonheur. Un jour cependant, les plus brillants, les plus audacieux disent : « Pouce, je ne joue plus, j'arrête. » Pourquoi ?
Les blessures de l'enfance sont-elles irréparables ? La souffrance morale serait-elle inguérissable oe
Anne-Marie Letrot parle de la difficulté d'être lorsque tout a mal commencé, de la difficulté aussi de mettre à nu sa souffrance. L'orgueil des désespérés est une muraille infranchissable même pour l'amour.
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