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L'adolescente qui prend la parole dans ces pages meuble de ses rêves les grands espaces de la banlieue parisienne. Elle dévoile son quotidien comme si elle vivait une épopée tragi-comique : le combat avec son corps, sa famille, son école, ses amis... et ses rêves d'ascension sociale, pour atteindre l'excellence de l'autre côté du périph.
Riche de ses désirs comme de ses failles, rendue forte par le piège douloureux de l'intégration puis de l'initiation, elle offre une vision singulièrement drôle, attachante et charnelle d'une cité chargée d'histoires.
« Il ne se passe rien ici. J’y ai vécu quinze ans. Il ne s’est jamais rien passé.
J’y suis revenue y vivre. Et il ne se passe toujours rien.
Tu es une ville peuplée de fantômes. Tu es une ville qui s’excuse d’exister.
Allez sur le pont, regardez les trains passer, vous entendrez les fantômes crier. »
Sociétal,« Pour que je m’aime encore » est criant d’authenticité. Maryam Madjidi c’est elle, l’histoire. Elle conte les premières marches de sa vie, jusqu’au piédestal de sa renaissance. Course en pleine nuit noire, les cheveux emmêlés dans les tours HLM de la banlieue parisienne.
« Je vous écris de Drancy ».
Écoutez Maryam, ses luttes pour atteindre le mimétisme. Elle, l’as de cœur d’une France clivante. Trop brune, trop iranienne. Être conforme coûte que coûte, se glisser entre les faux-semblants et affronter la cohorte d’adolescents dangereusement hostiles.
Elle est vive, battante, brillante et affûtée aux coups bas. Grandissante entre deux rives.
« Elle montrait du doigt une fois de plus le mouton noir, la brebis galeuse venue d’ailleurs, détachée de son troupeau et s’aventurant marginale sur les pistes enneigées du sport occidental. »
On aime sa ténacité, ses batailles rangées et son regard qui en dit long sur le mépris d’une France ravagée par son racisme anti-pauvres, anti-cités, étrange (ère). Maryam pointe du doigt là où ça fait mal.
« J’étais une Robine des Bois de la scolarité. Une communiste du savoir. Je le partageais, je le redistribuais à ceux et celles qui en avaient besoin. Prenez, c’est gratuit et si ça peut faire remonter la moyenne, tant mieux. »
Ce récit pétille d’endurance, de clairvoyance. L’intégration est une épreuve.
« Hypokhâgne, Khâgne lettres sup, École Normale Supérieure . Agrégation de lettres, Professeur de littérature à l’université. »
Battante mais fragile, sa carapace s’effrite, Rocher de Sisyphe. Les étudiants sont quasi tous du versant où la facilité s’écoule comme la richesse. Les nantis des bancs des grandes écoles où les privilèges s’affichent sans aucun état d’âme à l’instar d’une normalité . Va t-elle résister contre les vents et les marées ?
« Je venais de trouver l’ascenseur qui me ferait monter aux étages supérieurs. » « Mes genoux étaient cagneux. »
Ce récit exaltant de franchise est le reflet de notre contemporanéité. Maryam Madjidi est à l’instar d’un aigle noir volant toujours plus haut et plus loin. Offrant les clefs de par son exemplarité. Fronton d’une République universelle, « Pour que je m’aime encore », initiatique, lumineux, est un livre blanc à bâtir. Une urgence de lecture !
Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/10/pour-que-je-maime-encore-de-maryam.html
La narratrice raconte ses souvenirs d'enfance et d'adolescence à Drancy où sa famille fait partie des réfugiés iraniens. A treize ans elle se trouvait laide et n'aimait pas son corps, elle rejetait tout ce qui en elle trahissait trop ses origines arabes, sa touffe de cheveux indomptables, son mono-sourcil qui lui valait le surnom de "Barre de Shit", sa pilosité. Elle rêvait d'intégrer les canons de la beauté occidentale et de ressembler à ses idoles des séries télévisées américaines.
Elle raconte l'ennui dans sa banlieue "ma force c'était mon monde intérieur, fait de livres, de rêves, de textes... les livres que je rangeais dans les rayons de mon imagination et de la sensibilité", la pauvreté de sa famille qui vit dans un petit pavillon miséreux, sa honte et son habitude de s'inventer une vie plus reluisante, son impression de se sentir le mouton noir alors qu'elle ne rêvait que d'être comme les autres. Elle a alors beaucoup reproché à ses parents de ne pas chercher à s'intégrer. "L'ennui en classe. L'ennui chez moi. L'ennui dans la ville."
Elle souligne le rôle des professeurs qui l'ont aidée à croire en elle, notamment le premier qui l'a encouragée à écrire.
Maryam Madjadi situe son histoire à Drancy, un lieu chargé d'histoire. Ce texte se résume à ses souvenirs d'enfance et d'adolescence de jeune étrangère. Elle brosse le portrait de quelques personnages pittoresques ou pathétiques, de professeurs assez savoureux. Elle décrit ses sentiments par rapport à la banlieue où elle vit, une banlieue qui finit par lui faire peur et dans laquelle elle craint de rester enfermée "partir, s'arracher, lever l'ancre, se déraciner... Entre le départ et l'arrivée, je n'ai fait que me fuir moi-même en croyant fuir l'ennui". Centré sur les tourments de l'adolescence, le déterminisme social et le désir d'ascenseur social, ce roman détaille une quête d'identité assez classique. J'ai trouvé plume et récit assez banals et décevants par rapport à son magnifique premier roman, "Marx et la poupée".
Beaucoup d'humour dans ce récit très autobiographique: il m'a fait rire moi qui rit ou pleure rarement lors de mes lectures .Dans Marx et la poupée, on découvrait une petite fille fuyant l'Iran à 6 ans parce que ses parents étaient communistes et risquaient la mort.
On la retrouve ici à l'adolescence, toujours aussi désireuse de s'intégrer mais elle est toujours considérée comme étrangère et se bat contre son corps qui l'a dénonce: moustache, monosourcil comme Frida Khalo, cheveux crépus, impossible à coiffer et en plus du poil partout: chaque action contre ces inconvénients se termine chez le médecin.
Pas mieux au collège ni au lycée où elle est excellente mais toujours moquée par les autres. Un portrait hilarant sur les enseignants de ZEP; un portrait drôle de son grand-père iranien venu en vacances en France, où il peut boire autant de bière qu'il veut mais s'enivre à la première cannette, il échoue à son examen d'intégration. Myriam m'a dit qu'elle regrettait qu'on ne parle pas de ce grand-père lors des rencontres car il lui paraît très représentatif de la difficulté d'intégration: deux cultures très différentes.
La jeune fille est ambitieuse, elle veut sortir de sa banlieue et réussir: on lui indique le voie royale qui repose sur le mythe de la méritocratie et de l'égalité des chances: il faut faire une prépa, intégrer Normale Sup (parcours d'Edouard Louis) passer l'agrégation et donner des cours à l'université. Elle est acceptée dans le prestigieux lycée Fénelon (après Louis Le grand et H4) au nom du quota réservé aux classes populaires: elles sont trois sur 55! Mais l'hypokhâgne lui est un bagne où on lui fait sentir qu'elle n'est pas à sa place; elle fait semblant d'être au niveau mais un 2/20 ruine sa réputation; elle ne tiendra que quelques semaines et ira probablement à l'Université. Elle se met à voyager de par le monde: Paris, Pékin, Istanbul etc pour finalement s'installer à Drancy: Ulysse est rentré au bercail. Jeune, elle ignorait le passé de Drancy même si elle habitait cité de la Muette, elle s'adresse à sa ville comme à une personne.
Les difficultés de l'intégration et surtout le poids des classes sociales sont bien rendues; des propos profonds mais écrits avec une belle dose d'humour et d'autodérision.
Un coup de coeur.
Dans ce roman très autobiographique, Maryam nous raconte son enfance et son adolescence dans la cité de Drancy jusqu'à khâgne et hypokhâgne qu'elle a intégrés grâce aux quotas (quel vilain mot froid et cynique). Ce qui caractérise cette période de sa vie, c'est son besoin obsessionnel de s'intégrer, elle qui est d'origine iranienne, si différente physiquement et socialement.
Pour cela, elle décide de s'attaquer à sa chevelure crépue, à ses sourcils qui forment une barre et à sa pilosité conséquente. Ce combat donne lieu à des pages désopilantes et hilarantes malgré le sujet douloureux et à un échec retentissant. Elle passe ensuite à l'habillement, elle qui est vêtue comme un sac avec des pulls et des pantalons informes et de deuxième main. Là aussi, échec total.
Elle est excellente élève et sur les conseils d'un oncle, elle postule pour intégrer le prestigieux lycée Fénelon, le graal qui lui permettra de quitter la cité, d'avoir une vie de rêve ; elle est acceptée mais très vite son niveau ne lui permet plus de suivre ; elle se sent marginalisée, exclue, mal à l'aise dans un milieu qui ne l'acceptera jamais et elle abandonne.
Elle retourne vivre en cité et le livre se termine sur une phrase magnifique : « Ici, c'est chez moi. J'ai jeté mon ancre ».
Le besoin d'intégration, synonyme de liberté, à hauteur d'enfant puis d'adolescente est le fil rouge du roman. le périph' est le mur symbolique qu'il faut franchir pour y arriver. Ce n'est qu'après un long processus qui fait passer l'enfant puis l'adolescente de rêves en déceptions que le roman s'avère être finalement une ode à la cité, même si la vie n'y est pas rose tous les jours, même si la violence entre jeunes y est très présente, même si on y vit chichement mais la narratrice en connaît les codes, elle se sent faire partie d'une communauté.
La description des enseignants vus par l'adolescente donne une image assez désolante de l'éducation nationale dans les cités entre démission face à une tâche insurmontable et camp disciplinaire même si quelques-uns arrivent à capter l'attention des enfants par des pédagogies peu conventionnelles.
Je me suis sentie très proche de l'enfant dont les autres se moquent du physique et de l'habillement car même sans être d'origine étrangère, j'ai connu la cruauté des enfants face à ceux qui sont différents, qui ne sont pas à la mode. L'auteur dédramatise par un humour décapant et l'autodérision ces moments douloureux où on voudrait disparaître dans un trou de souris.
Ce livre est très positif et dégage un sentiment de plénitude à la fin car la narratrice a trouvé sa place, loin de ses rêves, sans amertume, sans ressentiment. le titre, on le comprend lorsqu'on referme le livre, est très bien choisi, inspiré d'une chanson de Céline Dion « Pour que tu m'aimes encore ». Ici l'important, c'est de s'accepter soi-même, de s'aimer soi-même, d'être en harmonie avec soi-même. Un message optimiste qui fait du bien
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