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Mardi 11 juin 2019, 8 h du matin, le bus 103 déverse un flot de passagers à l'arrêt Val-de-Seine d'Alfortville (Val-de-Marne). Un groupe traverse la route et se dirige vers l'agence Chronopost. Une dizaine de vigiles attendent de pied ferme derrière la grille.
Mohamed sort un badge et la grille coulisse.
90 personnes envahissent la cour, dont une vingtaine de sans-papiers travaillant ou ayant travaillé à Chronopost, des sans-papiers du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry (Val-de-Marne) et une quinzaine de syndicalistes.
Il s'agit de dénoncer l'exploitation à l'oeuvre chez Chronopost par le moyen de la sous-traitance et de l'intérim et d'obtenir la régularisation de ces salariés sans-papiers.
Après quinze jours d'occupation, la justice ordonne l'évacuation. Les occupants se retrouvent devant l'agence et organisent un campement ; ils sont, certains soirs, 300. Au bout de six semaines, le campement compte quelque 110 personnes, qui y dorment et plusieurs dizaines d'autres qui y séjournent dans la journée. Il va servir de pôle d'organisation des actions et des manifestations visant les entreprises responsables, la préfecture, le ministère du travail et les entreprises où travaillent des sans-papiers qui n'ont pas été salariés de Chronopost.
Après plusieurs mois d'occupation, 26 grévistes sur 27 sont régularisés et les dossiers de 129 travailleurs sans-papiers mobilisés sont déposés. À la suite de ce dépôt, le campement est démonté le 16 janvier 2020.
Au cours des mois suivants, 46 régularisations et celle du 27e « Chrono » seront concédées par la préfecture.
Pendant la lutte, il fallait tout faire à la fois : organiser les grévistes, le couchage et assurer les repas, alimenter en essence le générateur, payer les petits déjeuners, informer sur la grève, faire en sorte que les délégués des Chronopost participent à des initiatives de popularisation, se défendre contre les arrestations, interpeller les entreprises du système Chronopost/La Poste, le ministère du travail, la préfecture, etc.
Le récit se termine avec la seconde grève des sans-papiers de Chronopost, qui débute en novembre 2021 et qui est toujours en cours au printemps 2023.
L'ouvrage est enrichi de nombreuses photos et documents : les rencontres avec les syndicats, l'analyse des circulaires ministérielles, des comptes rendus de réunions du comité de grève, les documents utilisés par les grévistes pour leur pointage quotidien, de nombreux tracts, des interviews de grévistes...
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