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Ici, vous allez trouver un arrière-arrière-grand-père pilleur d'objets incas au XIXe siècle, la mort d'un père aimant qui avait une double vie et leur descendante, une femme curieuse et résolue, aussi provocatrice que jalouse, qui vit une relation polyamoureuse brinquebalante.
Cela commence avec un choc : la narratrice visite le Musée du quai Branly et regarde une pièce où elle croit se voir dans un miroir brisé par les siècles. Cette pièce est un portrait huaco, une statuette de céramique préhispanique représentant un visage indigène. Et la salle d'exposition porte le nom de son aïeul, Charles Wiener. Un explorateur connu pour avoir « failli » découvrir Machu Picchu et présenté ses trouvailles dans le cadre de l'Exposition universelle de Paris, comptant entre autres attractions un zoo humain. Et il est à l'origine de la lignée des Wiener péruviens.
Presque 150 ans plus tard, sans autre bagage que ses doutes, son culot et son humour, la narratrice va essayer de retrouver les traces de la bâtardise de sa famille. Les vestiges d'un héritage colonial hantent ce premier roman remarquable sur l'amour, le désir, le sexe, le deuil, la famille et le racisme. Il y a de la rage, de la résistance et de la tendresse dans ces pages, mais aussi la force révélatrice du souvenir et de l'imagination.
Gabriela Wiener est une journaliste et écrivaine péruvienne, installée en Espagne depuis plusieurs années. Selon l’histoire familiale, elle et les siens descendent de Charles Wiener, explorateur autrichien naturalisé français, connu pour « avoir failli » découvrir le Machu Picchu. Ce qu’il n’a pas manqué de faire, en revanche, c’est de piller (enfin, à l’époque on appelait ça « découvrir » et « fouiller ») les tombeaux incas pour en ramener des milliers d’objets en France et les présenter lors de l’Exposition universelle de Paris de 1878.
En visitant la salle du musée du Quai Branly qui abrite aujourd’hui la collection Wiener, Gabriela s’interroge sur cet ancêtre et sur ses motivations et, en observant les statuettes en céramique qui lui renvoient sa propre image, elle s’interroge sur l’ambivalence de sa propre identité en tant que descendante d’une lignée issue d’une part d’un explorateur blanc pilleur d’héritage culturel, et d’autre part d’une indigène dont on ignore tout mais dont il est certain qu’elle faisait partie d’une civilisation massacrée par le colonisateur espagnol puis dépossédée de son patrimoine par des étrangers à partir de l’indépendance du pays.
A ce nœud de questionnements se mêlent les interrogations, plus intimes, de l’auteure à propos de son « ménage à trois » et de sa relation polyamoureuse avec un mari et une amante, et ses réflexions concernant son père récemment décédée et la double vie qu’il menait avec maîtresse et autre enfant.
« Portrait huaco » me laisse un peu mitigée. Tout ce qui concerne les zoos humains, le pillage culturel, le paternalisme et le racisme de l’Europe post-coloniale envers l’Afrique et l’Amérique du Sud m’a énormément intéressée, d’autant plus qu’il n’est pas habituel de lire le point de vue d’un ressortissant de l’une de ces ex-colonies. Intéressant aussi de réaliser que ce racisme est encore très présent en Espagne (les Latino-américains y sont traités de « Sudacas », ce qui n’a rien de bienveillant). Ensuite, les réflexions de Gabriela Wiener sur le deuil et la famille ne m’ont pas plus captivée que ça. Et quant à sa sexualité (décrite parfois crûment), pardon, mais je m’en fiche, je n’avais pas envie ni prévu de lire ses ébats et débats sur le sujet. Même si je comprends bien que cela rejoint aussi les thèmes de l’identité, de la racisation et du rejet qui traversent tout le livre.
Malgré que tout cela soit un peu « fouillis », toutes ces réflexions peuvent faire écho à nos propres vies. Il faut aussi reconnaître que l’écriture est puissante, intelligente, bouillonnante, décomplexée, et que le livre pousse à envisager d’autres points de vue et à se questionner sur les thèmes qu’il aborde.
En partenariat avec les Editions Métailié.
C’est avec un ton très direct que Gabriela Wiener nous livre ses réflexions et sentiments sur son présent. Cette proximité permet très vite de rentrer dans son intimité et dans les doutes qui l’habitent.
Elle interroge progressivement tous les cercles relationnels de sa réalité. Il y a d’abord la famille dont la porte d’entrée est la visite au Musee du quai Branly et cet « illustre » ancêtre. Le regard actuel sur un colonisateur est loin des éloges et elle propose une critique plus fouillée sur cet homme et ses attentes. Arrive la question de l’autre, cet étranger qui veut être accepté dans ce qu’il considère être la société de référence. Ce rapport de forces est le fil rouge du récit qu’il s’agisse de sa relation avec son propre père qui a entretenu une vie cachée ou de son propre trouple.
Après la famille, elle parle de ses histoires d’amour, de sa sexualité, de ses choix de vie, de son image professionnelle. On se rapproche de son intimité et toutes les dimensions évoquées sont liées. Comme l’indique le titre, ce récit est un portrait d’une femme d’aujourd’hui qui a un pied entre plusieurs mondes. Elle est liée au nouveau continent et à l’ancien, à un homme et à une femme. Le livre n’est jamais complaisant et est très pertinent sur ces nœuds, parfois entourés de fantasmes et de mystères, qui nous composent : la sexualité, le désir, la création de soi, la famille.
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