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Louise Nordave, née en 2001, est la première fille de Cendrine et Olivier Nordave, tous deux issus de milieux défavorisés. Elle a 8 ans lorsque sa soeur Jade vient au monde. En 2010, Jade meurt dans des conditions suspectes. Les parents des fillettes sont reconnus coupables de meurtre et condamnés à 20 ans de prison. Louise est placée en foyer.
Bruno Terrenc, capitaine de police, a dirigé l'enquête qui a conduit les Nordave devant la cour d'assises du Bas-Rhin. D'abord convaincu que les deux époux ont commis ensemble l'impensable, il est pris d'un doute tardif quant à la réalité du crime et l'identité de la personne qui a tué Jade. Une fois parti en retraite, il décide de réexaminer tous les éléments de l'enquête. Il s'intéresse d'abord à Cendrine et Olivier Nordave. Puis à leur fille Louise, dont le comportement l'intrigue. Deux étranges évènements vont d'ailleurs venir perturber son travail de fourmi.
Peu à peu, l'ex-policier trouve les réponses qu'il cherchait. Il acquiert de plus une certitude : le passé n'est pas une fatalité mais un accident dont on peut se remettre.
C’est le dernier jour du procès Nordave à Strasbourg, et les parents de la petite Jade vont tous les deux écoper de 20 ans de prison pour son meurtre. Lequel des deux à mis une dose létale de somnifère dans son biberon ? Le procès n’aura pas réussit à le déterminer. Dans la salle, l’ancien policier Bruno Terrenc, qui mena l’investigation, est mal à l’aise, il a l’impression qu’un pan entier de cette affaire n’a pas été dévoilé. Maintenant à la retraite, il entreprend de refaire l’enquête en se penchant plus spécifiquement sur Louise, la sœur ainée de Jade, âgée d’à peine 8 ans à l’époque des faits et aujourd’hui confiée à l’aide sociale à l’enfance.
Sauf erreur de ma part, c’est la première fois que Renée Hallez se frotte à ce qu’on appelle je crois dans le petit monde du roman noir, le « True Crime ». Elle s’empare d’un réel fait divers et entreprend de nous le raconter comme un roman, tout en prenant bien soin, j’imagine, de ne pas prendre trop de liberté avec la réalité : un exercice surement assez complexe dont pour moi, la référence reste « Prendre Lilly », et « Prendre Gloria » de Marie Neuser. Le roman se compose de 3 parties après l’introduction du procès. La première est une sorte de récit biographique des deux familles et des deux coupables en présences, les Nordave et les Leclerq. Le récit commence bien avant la venue au monde de ces deux là et se termine logiquement par la mort tragique de Jade, tout petit bébé difficile, bruyante et mal aimée. Le récit de ces quatre vies brisées est fait par l’ancien policier, c’est le contexte historique du crime, élément indispensable à toute affaire criminelle. Cette partie est une longue descente aux enfers de deux gamins perdus et mal mariés, issus de deux familles maltraitantes. C’est un peu le quart-monde quand même, et ça m’a fait penser à un film vu au cinéma il y a quelques années : « Marvin ». A la lecture, on pourrait penser que c’est trop, trop de malheurs, trop de bêtise, trop de violence, trop d’alcool, trop de misère, trop de tout et pourtant, c’est peut-être la partie du livre qui frappe le plus fort et qui rappelle que pour certains, tout se joue à la naissance et ils sont quasiment condamné d’avance au malheur, c’est l’illustration même du Déterminisme. Ensuite, après ce long et nécessaire flash back, Bruno Terrenc mène sa petite investigation en se penchant spécifiquement sur Louise. Elle avait 8 ans à l’époque, elle est donc insoupçonnable et pourtant… Il devine derrière cette gamine obéissante et facile, bonne élève silencieuse et serviable, une petite bombe à retardement et dans son esprit le doute se faufile : à 8 ans, autonome lucide et intelligente, a-t-elle pu provoquer le drame ? Pressentait-elle, si jeune, que cette petite sœur si bruyante allait causer sa perte et annihiler toutes les chances qu’elle pourrait avoir de s’en sortir ? Il n’a pas envie d’y croire et pourtant, ça le titille, et le lecteur avec. Car Louise, devenue adolescente, n’a pas changé ; en apparence parfaite, en dessous froide et diablement calculatrice. Elle suscite le malaise en permanence, cette gamine. Lorsque les évènements tragiques autour d’elle se multiplie, elle reste froide, impassible, sans empathie. Dans cette histoire, les coupables ont l’air innocent, les innocents ont l’air coupable, et au fond tout le monde est les deux à la fois. Le roman de lit vite, le style est comme d’habitude fluide et agréable et je l’ai même trouvé plus moderne que dans les romans précédents de l’auteure, moins de mots et d’expressions désuets. Il y a peut-être par moment quelques trous d’air, des moments où l’intrigue fait un peu du sur-place mais ce n’est pas bien grave, ça permet de souffler car quand même, l’histoire racontée est assez plombante. Je suis un peu décontenancée par la fin, et il y a quelque chose qui me chiffonne sur un point précis. Je ne peux pas trop en dire pour ne pas déflorer l’intrigue mais il y a à un moment une agression sexuelle très dérangeante et qui ne semble pas être prise au sérieux par aucun des protagonistes du roman, même les personnages féminins. Je sais bien que tout cela se passe avant « Metoo » mais tout de même, quand on lit ces lignes aujourd’hui on est interloquée, même mal à l’aise. Au final, les deux parties finales du roman porte essentiellement sur la Résilience, sur l’idée que même avec de mauvaises cartes en mains, si on joue bien, si on est patient et intelligent on peut gagner la partie. C’est le négatif de la première partie en somme : la Résilience contre le Déterminisme. Avec « Pleure pas, Louise », on est presque dans l’l’illustration, par le biais du fait divers, d’une étude de science sociale.
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