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Petites Chroniques De L'Amnesie Ordinaire

Couverture du livre « Petites Chroniques De L'Amnesie Ordinaire » de Jean-Pierre Gueno aux éditions Milan
  • Date de parution :
  • Editeur : Milan
  • EAN : 9782745914910
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Le concept de « devoir de mémoire » a envahi le discours des journalistes, celui de certains universitaires et celui des politiciens. Il s'est éloigné de l'expression forgée par Primo Levi. Il s'est galvaudé. Il est devenu une bouteille à l'encre, une sorte de préambule automatique, d'argument... Voir plus

Le concept de « devoir de mémoire » a envahi le discours des journalistes, celui de certains universitaires et celui des politiciens. Il s'est éloigné de l'expression forgée par Primo Levi. Il s'est galvaudé. Il est devenu une bouteille à l'encre, une sorte de préambule automatique, d'argument en
kit, en « prêt-à-porter ». Il appartient aujourd'hui au registre de la pensée «panurgienne» et préfabriquée. S'il est invoqué à bon escient pour évoquer les crimes d'Hitler, il ne l'est jamais pour évoquer ceux de Staline ou de Mao. Le devoir de mémoire cacherait-il une volonté d'amnésie oe
Il n'y a pas de devoir de mémoire de la même façon qu'il n'y a pas de devoir de vivre, d'être ou de respirer : La mémoire est une fonction naturelle. L'homme ne peut être que mémoire ou ne pas être. Il ne peut se dédoubler. Il ne peut être que témoignage et transmission. Sinon, ne sachant plus d'où il vient, il ne peut plus savoir où il est et où il va ; il perd alors son identité. Dans l'amnésie, l'homme n'a plus d'avenir. Il ne peut pas y avoir de démultiplication de l'homme et de la mémoire, et c'est en général dans sa distanciation par rapport à sa propre mémoire que l'homme héberge toutes ses turpitudes.
À travers une quarantaine de petites chroniques de « l'amnésie ordinaire », Jean-Pierre Guéno dénonce la récupération d'un concept qui trahit en fait une véritable religion de l'oubli : ceux qui instrumentalisent la mémoire pour mieux la canaliser, pour mieux la domestiquer, qu'il s'agisse des adorateurs d'un pragmatisme borné, des illuminés du progrès brutal ou des adeptes d'une société du « tout à l'Ego » et du rendement instantané, ceux-là ne sont rien d'autre à ses yeux que des « nouveaux barbares ».

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