"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« - Tous les écrivains sont des monstres et, dans mon genre, je suis l'un des pires. Il vaut mieux que je vous prévienne.
Marlioz passait pour cynique et pervers, réputation qu'il avait lui-même entretenue par vice ou par jeu. Mais en quoi pouvait-il s'être rendu coupable du suicide de sa fille ? » Que cherche le si mythique et secret Victor Marlioz en acceptant de recevoir au crépuscule de son existence, dans un somptueux hôtel italien puis dans son antre de Genève, le directeur des pages littéraires d'un grand hebdomadaire parisien venu enquêter sur lui ?
Se livrer à une ultime confession à charge qui achèverait d'authentifier sa vérité d'écrivain du mal, s'exempter de ses fautes, traquer son chasseur ?
Un vertigineux tête-à-tête avec le monstre.
En mettant en scène un écrivain capable de tout pour nourrir son œuvre, Jean-Luc Barré dresse un portrait au vitriol du couple auteur-éditeur. Avec quelques dégâts collatéraux.
À chaque rentrée littéraire son lot de scandales. Untel se reconnaît dans un personnage de roman, une autre voit sa vie de famille vilipendée. Souvent aussi la justice est chargée de trancher le débat entre la liberté de création et le respect de la vie privée. Faute de jurisprudence constante, on se dit que les jugements tiennent davantage de la loterie – voire du talent des avocats de l’une ou l’autre partie – que d’une doctrine bien établie. Il arrive aussi bien souvent que le parfum de scandale serve les intérêts de l’auteur et attise la curiosité des lecteurs. Un effet pervers en quelque sorte. Et surtout un adjectif qui nous amène au premier roman de Jean-Luc Barré que l’on connaissait jusque-là pour ses biographies. Celui qui est par ailleurs responsable de la collection «Bouquins» chez Robert Laffont campe avec justesse et sans doute avec autant de plaisir des personnages à la psychologie tourmentée, qu’il s’agisse de Victor Marlioz l’écrivain, de Durban son éditeur et de Julien Maillard, le critique littéraire qui est aussi le narrateur de ce drame.
Si l’on en croit Jérôme Garcin et Bernard Pivot, c’est François Nourissier qui a servi de modèle au personnage de Victor Marlioz. Mais plutôt que d’essayer de trier le bon grain de l’ivraie, je vous conseille de vous concentrer sur le cœur de ce roman, sur la volonté de nourrir une œuvre littéraire avec tous les événements forts, avec les moments de crise, avec les drames qui donnent leur intensité aux belles histoires. Quitte à les provoquer. Comme l’a dit Boileau il y a déjà quelques siècles:
« Mais c’est un jeune fou qui se croit tout permis,
Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis. »
Julien Maillard, l’un des critiques qui connaît le mieux la vie et l’œuvre de Marlioz est destinataire d’une lettre anonyme aussi brève qu’explicite: « C’est Marlioz qui l’a tuée. Alexia est morte pour les besoins de la cause. » Alexia n’est autre que la fille de Marlioz, découverte morte quelques jours plus tôt. À partir de là commence une partie d’échecs prenante qui met aux prises le critique et l’écrivain. Chacun avance ses pions d’abord avec prudence, de peur de trop se dévoiler. Puis viennent les coups plus offensifs menés notamment par les fous. Derrière l’un d’eux, le lecteur découvrira l’éditeur bardé de certitudes et à l’égo presque aussi surdimensionné que celui de son auteur-phare. Sans oublier un échec à la reine, l’épouse de Marlioz qui a choisi l’alcool comme compagnon d’infortune. Qui finira par l’emporter? C’est tout l’enjeu et le morceau de bravoure qui vous mènera au bout d’un suspense très habilement construit. Âmes sensibles s’abstenir !
http://urlz.fr/81lp
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/10/pervers-de-jean-luc-barre.html
Le narrateur, Julien Maillard, directeur des pages littéraires d'un grand hebdomadaire parisien, a un jour écrit un article sur Victor Marlioz, un monument de la littérature qu'il décrit comme un manipulateur hors pair dans l'art de nouer ses intrigues et de pousser à bout ses personnages, un écrivain qui s'est fabriqué une image de noirceur et de férocité.
Lorsqu'il reçoit un billet anonyme au sujet de Marlioz suggérant qu'il est responsable du suicide de sa fille, "c'est Marlioz qui l'a tuée, Alexia est morte pour les besoins de la cause" , Julien Maillard décide de mener une enquête sur cet écrivain si secret qui va accepter de le recevoir chez lui. Marlioz a pour particularité d'impliquer de façon cynique ses proches dans son travail de romancier sans se soucier des ravages que cela peut causer sur eux. Il vampirise les siens au profit de son œuvre détruisant tous ceux qui l'ont côtoyé de près " Ce qui importe, ce n'est pas de savoir comment on fait les livres, avec quels moyens et au détriment de qui, mais les livres eux-mêmes...Marlioz considère la fiction comme supérieure à la vie", il considère ses proches comme des animaux de laboratoire " Les histoires qu'il raconte sont issues des expériences qu'il opère sur eux en les plongeant dans des situations dramatiques, toutes conformes à ses intérêts. Il fait son miel de tout ce qui peut leur arriver de pire et dont il est le principal instigateur".
Est-ce cela qui explique la fin tragique d'Alexia, la fille de Marlioz? A-t-il fait ou écrit quelque chose qui a blessé irrémédiablement sa fille? Le narrateur va mener une enquête sur Marlioz dans laquelle il va se sentir épié. Qui enquête sur qui?
Dans ce roman Jean-Luc Barré brosse le portrait d'un écrivain dont l'obsession pour son œuvre en fait un être monstrueux, un écrivain qui multiplie les victimes autour de lui. Il décortique l'emprise insidieuse de cet homme sur les siens et le jeu pervers d'un monstre obscur, trouble et démoniaque dont la vie et l’œuvre sont entourées de mystère. Un moment de lecture agréable. Une histoire assez intéressante mais une écriture assez ordinaire.
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