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Est-ce Lorette, partie il y a sept ans sans laisser la moindre trace ni mot d'explication, qui se tient, en ce matin d'avril 2017, de l'autre côté du boulevard ? Hannah, sa mère, croit un instant l'apercevoir. Peut-être a-t-elle rêvé. Mais, dès lors, plus rien ne peut se passer comme avant : violent séisme intérieur, la vision a fait rejaillir tout ce qu'elle avait tenté d'oublier. Ce même jour, plusieurs destins, chacun lié à Hannah, voient leur existence basculer.
Une journée particulière, donc, mais aussi trente ans de la vie intime d'Hannah Bauer, femme, artiste, mère, prise dans les soubresauts de son histoire familiale et de celle de l'Europe, Nous aurons été vivants est un hymne à la vie.
C'est difficile cette écriture farcie de clichés.
Cela fait sept ans que sa fille est partie sans plus donner de nouvelles, lorsque Hannah croit soudain l’apercevoir en train de monter dans un bus. Aussitôt, c’est comme l’éclatement d’une bulle : tout ce qu’Hannah tentait désespérément de refouler au fond de sa mémoire revient brutalement à la surface. Au travers de prégnants flash-back, les souvenirs, angoisses, espoirs, blessures, affluent en un long tracé plein d’ombres, jusqu’à ce que, peu à peu, la conscience de l'impact d’un grave traumatisme familial se fasse dans son esprit et lui ouvre enfin de nouvelles perspectives : alors, Hannah commence à comprendre et à admettre pourquoi sa fille l’a quittée sans explication et ce qui l’empêche, elle, de vivre pleinement son existence.
Pourquoi n'ai-je pu ressentir de réelle sympathie pour les personnages, pourtant si humains ? Est-ce en raison de la mélancolie d'Hannah, dont la longue introspection a fini par me sembler pesante et déprimante malgré le cheminement de l'héroïne vers la résilience et la lumière ? Ou parce que je n'ai pas affronté de gaieté de coeur les thèmes, abordés avec une si grande justesse, du temps qui passe et du temps qui reste, de l'écoulement de la vie et des différentes chances qu'elle peut offrir et qu'il faut savoir saisir ?
Quoi qu'il en soit, même minant, jamais le récit n'est ennuyeux, et surtout, il est admirablement porté par l'évident talent littéraire de l'auteur. Sous l’apparent désordre des flash-back se cache une construction habile où chaque détail est soigneusement pesé, tandis que les longues phrases fluides et rythmées témoignent d'une très jolie plume, fine et sensible, toute en délicatesse et subtilité.
Laurence Tardieu signe ici un roman de grande facture, qui lui permet indéniablement de figurer dans la cour des grands, en tout cas parmi les écrivains à suivre.
Dans Nous aurons été vivants, Laurence Tardieu continue d’explorer ses thèmes de prédilection : le temps qui passe, l’abandon, la douleur de l’absence. La narratrice, Hannah, livre ici la douleur de la disparition de sa fille Lorette, partie voilà sept ans sans explication, alors âgée de 19 ans. L’impression fugace de sa silhouette traversant la rue entre deux bus, le 17 avril 2017, fait surgir chez Hannah des souvenirs brûlants, et constituera un basculement déterminant dans sa vie.
Le récit est très sensible, tout en finesse. J’ai particulièrement apprécié sa composition, centrée autour de cette journée charnière du 17 avril 2017. Laurence Tardieu ne se contente pas de décrire le souvenir de sa fille, ou la douleur de son absence et la perte du goût de la vie et de la création, pour elle qui était peintre. Dans une deuxième partie du livre, elle traduit très bien combien cette vision de la silhouette de sa fille déclenche un flash-back brutal dans sa vie, qui lui permet de prendre conscience du temps qui passe, de faire resurgir des souvenirs heureux, sa propre enfance puis sa vie de femme puis mère, et de se remémorer les faits politiques et historiques de bascule ayant marqué l’Europe de ses trente dernières années. De même, si elle évoque sa propre douleur, sa culpabilité et la relation mère-fille, elle aborde de façon plus large les relations familiales et la souffrance de ses proches touchés eux aussi par cette notion de vie qui trébuche brutalement. Enfin, j’ai apprécié la lumière qui finit par émaner de cette douleur dans la troisième partie du livre : oui la narratrice cherche la vie dans la disparition mais aussi l’acceptation du passé. Il s’agit bien d’un livre de résilience et de libération, même s’il lui a visiblement fallu attendre que le temps passe.
https://accrochelivres.wordpress.com/2019/05/04/nous-aurons-ete-vivants-laurence-tardieu/
Un matin d'avril 2017, Hannah croit voir sa fille Lorette, disparue sans aucun mot d'explication sept ans auparavant. Cette vision fugace (ou est-ce un rêve?) fait remonter en elle tout un passé enfoui, la cohorte de membres de sa famille disparus, un secret pesant.
Hannah, qui fut une peintre reconnue avant la disparition de sa fille, a toujours été hantée par la mélancolie, la tristesse, la peur de la mort. La vision de sa fille la force à s'interroger sur sa vie, qu'elle a plus subie que choisie. Elle le fait pendant une unique journée : le roman s'ouvre avec ce matin d'avril où elle croit voir sa fille et s'achève le soir du même jour.
En convoquant le souvenir de son père, de sa mère et de sa tante, Hannah comprend qu'elle s'est envasée dans l'histoire de sa famille paternelle tellement lourde à porter qu'on l'a enterrée au lieu de la libérer par la parole. Lorette, sa fille, elle, a choisi de lutter même si c'est par la fuite pour ne pas avoir à subir.
Au cours de cette journée, Lydie, l'amie chère d'Hannah, qui a été son roc depuis des années, qui l'a aidée à avancer sur le chemin de la vie, forte, solaire, s'effondre à son tour, quittée par son mari.
Ces deux évènements, la vision de sa fille et le séisme affectif que traverse son amie, ramènent brusquement Hannah à la vie et c'est l'envie de peindre, disparue avec sa fille, qui symbolise ce retour. C'est la peinture qui l'avait aidée à extérioriser les non-dits et c'est vers la peinture qu'elle retourne, apaisée, à la fin de ce roman intimiste, où l'émotion affleure au détour des phrases, des mots.
Les interrogations d'Hannah, sa quête d'un sens des évènements, sa lutte contre la tristesse, les passages déchirants pleins de regrets (regrets de na pas avoir interrogé son père, regret de ne pas avoir été assez présente pour lui, regret de ne pas avoir compris le mal-être de sa fille) parlent à nos coeurs et font vibrer une corde qui peut être sensible pour certaines d'entre nous.
Beau roman intimiste à l'écriture poignante qui aurait cependant pu faire l'économie de considérations politiques maintes fois entendues sur l'état de l'Europe, du monde.
Laurence Tardieu, auteur de l’intime aborde ici la disparition de l’enfant, et plus largement celui du temps qui file au travers d’un certain nombre d’évènements choisis qui auront marqué, la vie d’Hannah, sa famille et de son entourage.
Alors qu’elle marche dans les rues de Paris, Hannah croit apercevoir, furtivement, sa fille Lorette disparue volontairement depuis sept ans. Pour Hannah, c’est le choc, une déflagration intérieure que Laurence Tardieu traduit par de longues, très longues phrases, dans un texte à mon sens un peu trop délayé et parfois assommant de redondances et de banalités ; certes, c’est un effet voulu par l’auteur, mais auquel je goûte assez peu.
J’ai davantage apprécié le cœur du roman, qui à contrario est constitué de quelques dates clé dans l’existence de cette famille, et dont le texte est rédigé dans un style nettement plus conventionnel, avec des phrases de longueur acceptables, et nettement moins nébuleux. Le temps qui passe, le retour sur la construction de cette famille et ce qui a pu amener Laurette à disparaître et laisser sa mère hors-sol et dans l’impossibilité de peindre.
L’issue de roman nous ramène à ce jour où Hannah croise Laurette, mais dans une atmosphère nettement plus positive, vers la voie de l’acceptation et de la compréhension.
« Quelque chose demeure en nous invincible. »
Malgré les réserves stylistiques, j’ai apprécié ce roman parce qu’il est prenant et ses personnages ont tous quelque chose d’attachant et d’émouvant. Laurence Tardieu décrit parfaitement ce que peut ressentir une mère face à la disparition volontaire d’un enfant ; la culpabilité, l’angoisse, le désespoir assorti à l’espérance, la douleur, l’incompréhension transpirent de ce texte. J’ai aimé retrouver quelques allusions à son précédent roman, notamment en ce qui concerne la maison familiale ; de ce fait je me demande quelle est la part de réalité dans cette fiction.
Un roman sensible, bien écrit, très mélancolique que j’ai lu avec plaisir sans pour autant être totalement emportée par l’émotion.
Pourtant, le sujet est douloureux, celui d’une mère, Hannah, dont la fille Lorette, âgée de 19 ans, a choisi volontairement de partir, de disparaitre, il y a sept ans maintenant. Comment surmonter une telle douleur ? Reviendra-t-elle un jour ? Que lui est-il arrivé ?
Tous les souvenirs refluent et assaillent Hannah le jour où elle pense l’apercevoir par hasard ; un mirage ? Une réalité ?
Depuis la disparition de sa fille, Hannah, en proie à une immense culpabilité, a renoncé à tellement de choses, dans l’attente, submergée par la douleur et l’incompréhension. Elle avance comme une ombre, refuse d’abdiquer, s’autorise parfois à se souvenir. Et pourtant, même les souvenirs les plus tendres de l’enfance de Lorette, des années de bonheur avec le père dont elle est séparée, ses joies d’artiste peintre déclenchent une mélancolie sans fin. Que reste-t-il au final du bonheur lorsque celui-ci a pris des chemins de traverse ? La vie est faite ainsi, elle prend et reprend.
Le texte est très bien écrit, il interpelle. J’ai aimé lorsqu’Hannah revient sur sa propre enfance, son père, son frère, les liens familiaux.
Les personnages secondaires sont eux aussi assaillis par les doutes et portent un regard interrogatif sur la vie, leurs choix. La disparition de Lorette, dont personne n’ose vraiment parler, plane sur le couple qu’Hannah forme avec Philippe, sur l’amitié avec leurs amis.
Ce que j’ai préféré c’est l’amitié indestructible entre Hannah et Lydie, ces deux-là sont unies, se soutiennent, même leurs silences sont émouvants.
Au final, une belle lecture (trop) mélancolique, introspective qui m’a touchée, sans me convaincre totalement. Hannah réussira-t-elle au final à accepter le choix de sa fille ?
Au mitan d’une vie qui passe de plus en plus vite,Hannah, un matin, croit apercevoir, de l’autre côté de la rue, la silhouette de sa fille, lorette, disparue depuis sept ans. Quelques secondes d’espoir, vite effacées par le passage d’un bus. Les souvenirs viennent alors envahir l’esprit d’Hannah. Pour enfin, s’autoriser à se souvenir.
Laurence Tardieu sait parfaitement s’installer dans les pensées mélancoliques des femmes. Pour elle, l’écriture comme la peinture pour Hannah, est une forme de thérapie. La création permet d’évacuer les peurs,les souvenirs sont un refuge. J’ai apprécié retrouver ici cette maison familiale, point d’ancrage nécessaire au beau milieu de la vague d’attentats, dans A la fin le silence.
Cette vision fugitive de Lorette,réelle ou imaginaire est le point de départ d’une ultime rencontre avec le passé.
» Depuis toujours, la peur est son empreinte au monde. »
Déjà enfant, Hannah avait des états d’âme, peur de la mort. Elle aimait se réfugier dans le lit de son frère aîné, aujourd’hui cancérologue. La mort et le néant appartenait aussi à l’histoire de son père, cet homme secret qui s’enfermait de plus en plus dans le silence.
C’est au moment de la chute du mur de Berlin, qu’Hannah prend conscience de sa grossesse et de sa crainte de devenir mère. La petite Lorette saura pourtant faire découvrir à la jeune femme l’amour maternel, celui qui vous fait craindre à chaque instant la perte.
A dix-neuf ans, Lorette a choisi de partir sans un mot, de quitter le cocon familial.
» Que sait-on de ce qui se passe dans la tête d’un adolescent, que sait-on de ses révoltes, de sa faculté d’empathie, de son sentiment de peur… »
Depuis, Hannah ne peint plus. Pourtant, la peinture a été le combat et la joie de trente années de sa vie. Son mari, Philippe, l’a quittée, son père est mort. Il ne reste plus que la fidèle Lydie, son amie depuis trente ans.
Cette vision fugace de Lorette qui lui manque tant, l’anéantit mais elle convoque dans son esprit les morts, les instants de bonheur passé, la conscience du temps qui passe, peut-être de plus en plus vite quand on vieillit. Pour assumer la réalité du monde, chacun a besoin de sentir qu’il appartient à une histoire, à une famille.
Des états d’âme que Laurence Tardieu sait si bien partager depuis La confusion des peines, roman plus autobiographique. Des pensées qui révèlent la souffrance des corps, qui vont chercher au plus profond de soi cette part d’invincibilité qui aide à surmonter toutes les épreuves.
Dans cette quête intime, l’auteur a toujours un regard éclairé sur notre environnement, sur les inquiétudes qui nous poursuivent au quotidien, sur notre rapport au temps et aux différentes étapes de la vie.
C’est en puisant dans l’intime que Laurence Tardieu donne toute la puissance à ses romans
Avril 2017, Hannah Bauer croit reconnaître sa fille, Lorette, de l’autre côté du boulevard. Sa fille qui est partie sans un mot il y a sept ans. Cette apparition fait resurgir en Hannah tous les souvenirs qu’elle a voulu faire disparaître. Et cette journée s’avère aussi cruciale pour d’autres personnages liés à Hannah.
Dans la seconde partie du roman, Laurence Tardieu nous ramène quelques trente ans en arrière, alors qu’Hannah est enceinte. Et déroule le fil de sa vie, de sa relation avec Lorette, avec son père et les non-dits qui jalonnent leur histoire, avec son mari dont elle s’éloigne petit à petit, avec sa meilleure amie Lydie, son point d’ancrage.
Laurence Tardieu nous emmène encore une fois dans les méandres de la mélancolie, au cœur du temps qui passe inexorablement et sans retour.
Véritable exploratrice de l’intime, elle sait magnifier ce qui pourrait être un récit pessimiste sur la vie en y insufflant de la poésie grâce à cette écriture pleine de sensibilité et de luminosité dont elle est coutumière.
Un roman intense et nostalgique sur la famille, les liens et les attachements filiaux et amicaux et le temps qui nous reste.
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