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Commençons par nous adresser aux convaincus : voici, mis au point par l´auteur lui-même, une sélection (245 pages et 430 000 signes, quand même) de six ans (2001-2007) de la lettre rituellement reçue chaque dimanche entre 11h50 et 12h00 par les quelques centaines d´abonnés aux Notules dominicales de la culture domestique.
Et un problème Internet : tout est en ligne, il suffit de visiter les archives. C´est aussi l´adresse où on peut s´inscrire pour les recevoir, quitte à recevoir aussi, chaque premier de l´an, la demande solennelle de l´envoyeur : - Vous êtes sûrs, vraiment, de vouloir continuer à les recevoir ?...
Et tout aussi rituellement, on confirme. Problème Internet, parce que l´ensemble que constitue ces 6 ans d´écriture doit pouvoir être interrogé, désormais, comme texte. Et dans une ergonomie, feuilletage, recherche, rubriques, qui permette ce qui constitue l´écriture en littérature : la mise en réflexion du langage par rapport à ce qu´il nomme. Et c´est bien ceci dont il faut dire un mot...
S´il s´agissait d´une inscription de la vie quotidienne, cela importerait peu. Internet en est plein. Logique du reflet. C´est de la vieille interrogation du monde par le langage, qu´il est question, et savoir comment on déploie, chacun dans son territoire personnel, cour des Guermantes, Yorknapatowpha, ou tel coin des Vosges avec pharmacie, coiffeurs et collège, plus régulières échappées parisiennes au voisinage de Georges Perec, ce qu´aucun de nous ne saurait justifier : la pulsion opiniâtre que ce soit par l´écriture. Internet alors, ici, un amplificateur, une manière de contrainte supplémentaire avec questionnement en temps réel.
Quand bien même le prisme de cette vie quotidienne, selon les rubriques récurrentes des Notules, n´est pas si banal :
il s´agit du journal d´un enseignant de français en collège, la vie de l´établissement, les scènes de classe, les notes de service, le rapport à l´inspection, à la hiérarchie, les stages de formation passent ici aux rayons X :
En toute liberté, puisque l´institution ne se sait pas ainsi scrutée, scriptée ;
on est dans un village des Vosges, le mécanicien a fermé, mais on passera chez le notaire, le boucher : surtout, on habite, et pour cause (de mariage), la pharmacie du village, autre marqueur considérable d´époque et de mutations ;
mais l´homme est aussi un perecquien notoire : et même chargé de la rédaction du bulletin de l´association des amis de Georges Perec, lequel Perec est cité 47 fois dans ces pages - d´une part, l´approche du réel se fait selon le déplacement induit par Georges Perec, voir item suivant, mais l´expéditeur des Notules au moins une fois par mois vient à Paris pour séminaire, incursions bibliothèques (il étudie la Série noire) et quelques expositions ;
indépendamment de pouvoir, via le texte proposé, être reçu chez Paulette Perec avec l´auteur, on suivra de près quelques polémiques et empoignades d´une petite communauté des plus actives du monde littéraire, Perec oblige ;
mais, revenant à Epinal, qu´aurions-nous à faire des résultats systématiques de l´équipe de foot locale (on assistera aux matches), s´il ne s´agissait pas d´un compte perecquien ?
et tenir registre des films qu´on voit, des livres qu´on lit, qu´est-ce que cela enseigne rétrospectivement de la peau du monde ?
mais, revenant à Epinal et alentour, qu´aurions-nous à faire d´un inventaire de tous les noms d´officines de coiffeurs, s´il ne s´agissait pas d´une tentative d´épuisement à la Perec ?
mais, revenant à Epinal, comment ne suivrions-nous pas l´auteur dans l´exploration dominicale systématique de tous les monuments aux morts de son département, quand l´outil Perec laisse soudain affronter une part d´histoire ?
Tout cela pour dire que je suis très fier que Philippe Didion ait accepté que ses Notules rejoignent sur publie.net deux ensembles d´écriture pareillement chargés d´une humanité saisie comme on l´aime, en dureté et tendresse, le Désordre de Philippe De Jonckheere (si ces 300 pages de Phil n´avaient pas été téléchargées quelques dizaines de fois, je n´aurais pas proposé à D
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