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À la fin des années 60, quelques étudiants d'extrême gauche partirent s'établir en usine. Dix ans plus tard, Bernard et Marie les suivirent, tentant de croire encore à la révolution. Bernard resta quelques années ; Marie, elle, y est encore.
Leur fils Pierre, qui a été élevé par Bernard parce que Marie un jour s'est brusquement éloignée, ne s'intéresse pas à sa mère ni à cette expérience de l'engagement. Il a grandi silencieusement dans cette distance qu'il a faite sienne.
Cette histoire, c'est Jeanne, son amie, qui la recueille aujourd'hui : auprès de Bernard d'abord ; auprès de Marie, qu'elle part rencontrer alors que personne ne l'a revue depuis des années ; dans les silences de Pierre ; dans l'intimité de la chambre qu'ils partagent ; à Berlin, plus tard. Elle tente de s'y frayer un chemin, de la comprendre, de la réinvestir autrement.
"On" dirait qu'on écrirait un livre sur la vie à l'usine, sur les illusions d'une jeunesse post-soixante-huitarde qui croit dur comme fer aux valeurs de la gauche révolutionnaire...
Ce "on" de la narration qui m'a bloquée dès les premières pages, ôtant presque au livre son côté romanesque, exercice de style qui m'a rebutée, phrases tellement travaillées qu'elles en paraissent artificielles, sans émotion et sans sincérité :
"On trouvera aussi bien, d'ailleurs, à y redire, puisqu'ils ne cessent d'appeler la condamnation de principe : c'est dans l'essence même de leur transgression comme de leur fausse assurance morale. Commençons (c'est une histoire)."
A la page 10, j'en ai déjà marre... et bien que le style me déplaise, "on" persiste !
J'ai envie de connaitre les motivations de Bernard et Marie : le premier qui choisit l'usine comme un moyen de se sortir de l'ordinaire, de sa vie toute tracée ou presque de petit-bourgeois bien étriqué et l'autre qui vit mécaniquement, qui répète comme un automate les gestes qu'on lui a enseignés (à l'usine ou à la cafétéria), histoire de dissimuler quelque blessure sans doute...et leur fils, Pierre, sans envie, sans ambition, sans rancune, largué par sa mère qui a pris le large...
Au tiers du roman, j'ai lâché l'affaire !
J'aime la maladresse des premiers romans, je pardonne volontiers leurs imperfections. Surtout, comme ici, quand la trame narrative m'intéresse : j'avais idée que cette histoire de "prolétaires par choix" pouvait être riche.
J'ai simplement été déçue, et surtout par le style, trop ampoulé, trop en ellipses et ça n'a pas fonctionné ...
Je n'ai pas aimé que, non contente d'énoncer certains points de vue (en phrases trop longues), l'auteur ajoute nombre parenthèses, reformulant la même idée, la précisant, la "complexifiant", comme à la recherche d'une précision linguistique, sémantique, qui ne nous est pas nécessaire (je dois être allergique aux multi-parenthèses comme avec Jaenada ).
La lourdeur de la narration a eu raison de ma patience, dommage !
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