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Le 16 février 2015, une réforme législative a inséré dans le Code civil un article qui dispose que « les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. » Évidence irréfutable ou amorce d'une reconnaissance des droits fondamentaux appliqués aux animaux - depuis le chien familier jusqu'à la termite qu'on écrase, puisque la loi ne distingue pas. L'auteur, avocat de profession, réagit dans ce livre à ce qui lui apparaît un signe supplémentaire et ici quelque peu saugrenu des excès de réglementation qui pèsent sur notre société.
Peut-on être un grand amoureux des animaux, avoir passé une bonne partie de sa vie au milieu d'eux, être juriste qui plus est, et tourner en ridicule la manie militante qui s'est emparée de la protection des animaux avec l'idée d'en faire bientôt des sujets de droit ?
François Xavier Testu répond par l'affirmative. Et comme Zénon qui démontrait le mouvement en marchant l'auteur montre, à partir de souvenirs cocasses ou émouvants, comment l'amour des animaux n'oblige pas à les sortir du Cosmos - le vieux monde ordonnancé dont on a perdu le sens - pour en faire de nouveaux satellites de la société contemporaine, débordante de droits confus et de sentiments désordonnés.
Approfondissant sa réflexion mais sans se départir d'un ton particulier, souvent plaisant, parfois ému, mais délibérément polémique, François Xavier Testu montre comment chaque époque a projeté sur l'animal sa conception de l'homme dans la société. Déjà les gens du peuple, au XVIIe siècle, avaient l'esprit de se moquer des bouffons cartésiens et de leur théorie des animaux-machine, qui s'imaginaient « qu'un chien que l'on bat hurle un peu à la manière d'une cornemuse que l'on fait résonner ». À la fin du siècle suivant, on vit les lords anglais militer les premiers en faveur d'une protection juridique des animaux, pour mieux contrôler le peuple qui les utilisaient comme auxiliaires de travail. Arrivèrent ensuite les matérialistes du XIXe siècle qui, confondant par principe l'homme et la bête, recherchaient chez les animaux les vices ou les vertus de la morale élémentaire de l'époque. Tout cela pour arriver à l'Occidental sensible de la fin du XXe siècle qui, après le naufrage de ses rêveries politiques du paradis sur terre, a trouvé chez les animaux les nouveaux frères inférieurs dont le Droit doit coûte que coûte assurer le bonheur.
Égayé de souvenirs, nourri d'Histoire, truffé d'anecdotes, enrichi enfin par une méditation sur l'animal, mais aussi sur l'homme et « l'environnement » qu'on dénature, ce deuxième livre de la nouvelle collection « Mauvais esprit » comporte une part certaine de provocation vis-à-vis des dogmes dominants en la matière.
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