Comme le dit très justement le gendarme Poustacrouille, qui participa à la tuerie finale, «tendre la joue c'est bien joli», mais que faire quand on a en face de soi «des gens qui veulent tout détruire ?» On crache sur le pays, la famille, l'autorité, non mais des fois ! Quelle engeance, ces anars ! Et quelle idée aussi de croire qu'on va tout révolutionner en enlevant l'ambassadeur des États-Unis à Paris !
Classique de la série noire française, ‘Nada’ adapté au cinéma par Claude Chabrol, aborde le terrorisme.
C’est une écriture dynamique et filmographique décrivant un petit groupe de cinq anarchistes activistes en rébellion qui kidnappent l’ambassadeur des États-Unis. Sans but précis, ni financier ni action sociale, sinon le rejet de l’autorité et la haine de la police. Un semblant d’organisation mais surtout beaucoup d’improvisation feront que malgré tout, ils enlèveront l’homme d’État dans un lupanar ce qui les réjouit déjà beaucoup en pensant aux titres de presse à venir.
Genre Pieds-Nickelés, ils sont vite repérés par la police menée par un inspecteur salaud et sans état d’âme, seulement préoccupé par sa propre gloire et son avancement professionnel.
J-P. Manchette va décrire l’époque et investir son roman dans le contexte social post 68, rencontrer des errances aux buts politiques flous sinon ceux de revendiquer à tout prix une identité révolutionnaire dans la lutte armée. Toutefois, l’auteur sait rendre ses personnages attachants par leur crédulité.
Ça va mal finir mais la nouveauté sera que tout sera expliqué et revendiqué aux journalistes ce qui ne mettra ni l’État ni la police à l’honneur concernant leurs actions cyniques et secrètes mises à jour puisque dans l’ombre, ces guérilleros urbains sont in fine, utilement manipulés.
Une critique qui reste très actuelle du terrorisme qui se sent acculé à pratiquer une violence gratuite, sans contrôle et aux conséquences désastreuses pour autrui et eux-mêmes, et dont les appareils d’État savent parfaitement bien soit les évincer soit en récupérer les avantages et souvent les deux à la fois.
Le groupe Nada n’aura existé que le temps d’un assaut décrit de main de maître…
Caustique, noir et cynique.
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