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Depuis 1990 et les premières élections démocratiques, les éleveurs mongols se tournent vers d'ancestrales habitudes de liberté. Ils puisent dans les sources identitaires que sont le chamanisme, Gengis Khan, et surtout le lamaïsme jaune, adopté par leurs ancêtres au XVIe siècle. En même temps, ils accueillent la modernité avec autant d'enthousiasme que l'étranger sur leur terre ou le printemps après un long hiver. Jamais ils ne se défont de leur fierté nomade, cet état d'âme qui leur a permis de perpétuer un mode de vie qui peut sembler à première vue anachronique, mais qui est une source sans fin de découvertes. Comment ne pas être fasciné par cette réalité ? Plus d'un million de citoyens mongols vivent aujourd'hui du pastoralisme nomade. Leur providence, c'est l'herbe de la steppe, qui croît envers et contre tout sur un plateau balayé par le vent, où l'hiver dure huit mois de l'année. Ce tapis de graminées, de plantes à stipes, se couvre soudain de fleurs au mois de juin. Dès la fin août, il s'endort sous une couche de givre. Des animaux adaptés au froid se nourrissent de cette végétation rase : les petits chevaux mongols, les moutons, les chèvres, les yacks, les chameaux de Bactriane, à condition qu'ils se déplacent sur de vastes espaces. Les éleveurs survivent grâce à leurs troupeaux qui leur fournissent tout ce dont ils ont besoin : nourriture, boisson, vêtements, tapis et cordages, moyens de transport et combustible sous forme de bouse séchée. Le nomadisme mongol ressemble à un pacte établi avec la nature. Il s'accompagne d'une culture riche et subtile. Les chants, longs ou diphoniques, entonnés au quotidien ou à l'occasion des rencontres toujours attendues dans l'espace sans fin de la steppe, en sont l'un des trésors. Les fêtes rythment la vie des éleveurs, en particulier celle du naadam. Cette compétition des " trois jeux virils " - la lutte, le tir à l'arc et la course de chevaux - plonge ses racines dans le passé des peuples turco-mongols, dans l'âpre combat pour la survie des tribus. Entre les deux géants que sont la Chine et la Russie, la Mongolie est soumise désormais aux aléas de l'économie mondiale. Mais les éleveurs des steppes perpétuent leurs traditions et continuent d'affirmer leur goût pour la liberté.
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