En France la forêt est un mythe national et ancestral. Jules César redoutait déjà « la Gaule hirsute », recouverte de forêts, peuplées certes de belles sylves et nymphes méliennes, mais aussi de barbares redoutables.
Conteur hors pair, Alain Baraton nous invite à nous promener en sa compagnie dans quelques-unes de plus belles forêts de France. Le jardinier en chef de Versailles a noué une passion particulière pour les arbres. Il a été l'un des premiers en France à alerter sur les dangers qui les menacent, comme lors de la Tempête de 1999 qui signa la mort du tulipier de Marie-Antoinette, suivie de celle de son chêne, terrassé par la canicule de 2003. Qui a oublié l'image de ce géant déraciné, gisant dans la cour du Grand Trianon devant une foule venue le saluer une dernière fois ?
Illustres ou obscurs, les arbres sont des témoins de notre histoire. Les forêts nous racontent notre mémoire collective, celle de Compiègne, dans laquelle fut signé l'armistice de 1918, abrite le chêne du roi Saint Louis. Elles nous parlent de nos peurs et de nos rêveries, grandes et petites, comme la mythique forêt de Brocéliande, ou encore la terrible forêt de Mercoire qui abrita la bête du Gévaudan. Elles réveillent nos souvenirs d'enfance, quand la forêt des contes, hostile, initiatrice, est aussi bienveillante, peuplée de féérie.
Dans ce livre fourmillant d'anecdotes et de gai savoir, Alain Baraton nous parle aussi d'écologie heureuse et nous donne une bonne nouvelle : en France la forêt avance, elle a doublé sa superficie depuis 1850.
Ce petit ouvrage anime avec ferveur la mémoire des plus grandes ou belles forêts de France.
La petite et la grande histoire se mêlent, les anecdotes et les émotions personnelles se dévoilent, les détails botaniques se conjuguent dans un récit écrit avec déférence par ce dendrophile, amoureux des arbres et des forêts.
À l’invitation d’Alain Baraton à l’accompagner « dans une promenade romantique, culturelle et scientifique » (p 17), nous acceptons à nous joindre avec intérêt à ce tour de France, non pas cycliste ( !) mais randonneur.
La promenade est romantique, certes, culturelle, sans aucun doute, scientifique, à n’en pas douter. Les citations, en exergue de chaque lieu décrit (Baudelaire, Hugo (Victor et Abel), Clara Dupont-Monod, Napoléon Bonaparte, Apollinaire, George Sand, Sully Prudhomme), émaillent également le texte. Des encadrés distinguent en aparté les précisions jugées utiles (le genêt, l’aigle, David Douglas, petit lexique du forestier…). L’évocation des mythes (Merlin) éclairent la fantasmagorie qui accompagne notre perception du végétal tandis que les évènements historiques nous rappellent nos violences (Beaumont-en-Verdunois).
Les chapitres ponctuent le tour de France des forêts remarquables : Brocéliande, Fontainebleau…mais aussi des moins prestigieuses qui participent tout autant à notre vie et à notre société.
anne.vacquant.free.fr/av/
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