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Suite à la Grande Dépression, le congrès américain accorda en 1933 un crédit pour la création de communautés auto-suffisantes destinées aux chômeurs. Chaque maison avait un grand terrain lui permettant de produire sa nourriture et l'entraide était de mise entre les habitants. Ce programme idéaliste fut très fortement soutenu par la femme du président Roosevelt, Eleanor : c'est en son honneur que Norvelt porte ce nom. Pour en savoir un peu plus, la lecture du site explore history se révèle passionnante.
Au moment où se passe l'histoire, en 1952, Norvelt est en train de sortir de ce programme et de devenir une ville comme toutes les autres. Il y a pourtant encore quelques habitants à qui cet idéal d'entraide et de partage tient à coeur, c'est le cas de la mère de Jack. Alors quand celui-ci (sur l'ordre de son père qui veut transformer ce terrain en piste d'aviation) tond le champ de maïs destiné à confectionner des repas pour les nécessiteux, sa mère entre dans une colère noire et le prive de sorties pour tout l'été. La seule chose qu'il a le droit de faire, en dehors de creuser un abri antiatomique dans son jardin, c'est d'aller aider sa vieille voisine. Ancienne infirmière, elle s'occupe maintenant de signer les certificats de décès et de rédiger les nécrologies pour le journal local. Comme elle ne peut plus écrire à cause de l'arthrose qui plie ses doigts, c'est Jack qui lui sert de crayon et comme elle ne peut plus conduire non plus, c'est Jack qui lui sert de chauffeur (il a 12 ans !). C'est bien malgré lui que Jack se fait entraîner dans le sillage des nombreuses morts qui vont émailler ce drôle d'été. Il croisera quand même de temps en temps sa meilleure amie (la fille du croque-mort) qui s'amusera à lui faire peur en lui montrant les cadavres conservés dans la morgue de son père.
Sur un fond historique extrêmement fouillé (l'auteur a lui -même grandi dans cette ville) Jack Gantos mêle habilement chronique sociale et histoire policière rocambolesque. Il écrit avec cet humour pince-sans-rire et décalé si typiquement anglophone (on pense à Harold et Maude ou à certains films des frères Cohen) qui lui permet de parler de tout sans devenir vulgaire ou lourd. Son style est coloré, vivant et entraînant, il sert parfaitement le scénario du livre.
Écrire un livre destiné aux enfants dont le sujet principal est la mort - non seulement des êtres vivants mais aussi des idéaux - est un défi très difficile dont l'auteur s'est si bien acquitté qu'il a gagné le prix du meilleur roman jeunesse américain attribué par l'American library Association en 2012.
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