Résumé:
On se souvient qu'à la fin de L'homme de ma vie Pepe a tué sur la jetée le sociologue Anfruns, gourou d'une secte de grand pouvoir. Son petit doigt lui dit qu'il éviterait les ennuis en quittant Barcelone. Pepe Carvalho embarque donc son fidèle Biscuter dans sa vieille Ford Fiesta et les voilà... Voir plus
On se souvient qu'à la fin de L'homme de ma vie Pepe a tué sur la jetée le sociologue Anfruns, gourou d'une secte de grand pouvoir. Son petit doigt lui dit qu'il éviterait les ennuis en quittant Barcelone. Pepe Carvalho embarque donc son fidèle Biscuter dans sa vieille Ford Fiesta et les voilà assis, sur le pont du ferry de Gênes, buvant des dry et voguant vers un tour du monde. Il reviendra à Barcelone, seul, fauché, au bord de la vieillesse sans doute, mais peut-être réconcilié avec lui-même. Soulagé. L'inspecteur Lifante va régler la question.
Entre-deux, des centaines de pages qui forment un roman monde, un roman bilan, un roman mémoire, un roman ciné (combien d'épisodes calqués sur des scènes de films : le parallèle Kaboul- Vienne du Troisième Homme, par exemple), un roman jeu de piste pour un lecteur déboussolé. Un roman d'amour, surtout, à la littérature.
Un roman qui est pour Pepe l'occasion d'arpenter les « terres mythiques de sa mémoire », où l'actualité rejoint le mythe et rarement par les chemins les plus courts : du Bosphore à Bangkok, à l'Australie, à l'Argentine en traversant le Pacifique à la voile avec un Basque tueur de l'ETA, l'Afrique en tournée de solidarité, du Maroc à l'Espagne en clandestins, un château cathare et un dénouement inattendu et plutôt bouleversant.
Un finale placé sous un quadruple parrainage : Bouvard et Pécuchet, se raccrochant à leur double pupitre comme à une bouée de sauvetage, Don Quichotte et Sancho Pança, le premier aspirant au bercail, le second reparti pour le rêve, dans une atmosphère visuelle de Rencontres du troisième type.
Millénaire Carvalho, comme tous les tours du monde, tourne en rond et se mord la queue :
Remémoration, nostalgie, bilan vital, état des lieux indigné sur une planète devenue très petite.
Plus que jamais, un Vázquez Montalbán affleurant, jouant en maître de la fiction et du réel.