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Dans l'épopée napoléonienne, il fallait, comme dans toute aventure christique, un Judas. Ce fut Marmont, duc de Raguse. Si Marmont partagea avec Bernadotte, Murat ou encore Augereau une réputation de traîtrise, justifiée ou non, le dernier survivant des maréchaux du Premier Empire (mort en 1852) resta écrasé par ce qu'on a appelé la « défection d'Essonnes » et servit de bouc émissaire à l'échec final. Son titre lui-même, qui donnerait le mot « ragusade » ou le verbe « raguser », servirait à signifier la trahison au xixe siècle.
Cependant, il y eut un avant 1814. Marmont fut l'un des plus anciens compagnons de Bonaparte aux côtés de Muiron ou de Junot. Il connut près de lui une ascension prodigieuse : capitaine en 1793 à dix-neuf ans, général de division en 1800 à vingt-six ans, ou encore maréchal d'Empire en 1809 à trente-cinq ans. La fortune, l'amour, tout semblait sourire au protégé de Napoléon. Son administration dans les Provinces Illyriennes entre 1807 et 1811 laissa un souvenir vivace en Croatie, où de nombreuses rues et places portent encore aujourd'hui son nom, tandis que sa campagne d'Espagne en 1811 contre les armées de Wellington fut, malgré la défaite des Arapiles, loin d'être indigne.
Tout s'effondrait en 1814, puis à nouveau en juillet 1830 lorsque la fatalité le conduisit à commander l'armée royale durant les Trois Glorieuses, et la fin de sa vie serait celle d'une impossible rédemption.
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