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Maria CHAPDELAINE D'origine bretonne, né à Brest en 1880, élevé à Pairs où son père est professeur de lettres, Louis Hémon est admis à l'Ecole coloniale, mais démissionne, moins attiré par une carrière administrative que par le sport et les lettres.
Fasciné par l'Angleterre, il s'y fixe en 1903, devient correspondant de journaux sportifs, écrit des contes et deux romans, exerce divers métiers. Il émigre en 1911 au Canada, passe l'hiver à Montréal et au Québec, ce qu'il relate dans Au Pays de Québec, s'engage en juin 1912 comme journalier à Péribonka près du lac Saint-Jean chez les Bédard, cultivateurs qui seront ses modèles pour son chef-d'oeuvre Maria Chapelaine.
Il en a expédié le manuscrit au journal Le Temps avant de partir à pied sur la voie du Transcanadien où un train l'a fauché près de Chapleau (Ontario) en juillet 1913. Publié en 1914 en feuilletons à Paris, et en volume au Canada, ce roman qui sera traduit dans toutes les langues fait de lui le chef de file des écrivains régionalistes canadiens jusque vers 1940. Il n'a connu un succès considérable en France qu'après sa publication en volume en 1921, mais dès 1919 deux lacs canadiens avaient été rebaptisés Hémon et Chapelaine en son honneur.
Louis Hémon a été aussi le précurseur des romanciers sportifs avec Battling Malone, pugiliste (1925). Autres romans : Colin-Maillard (1924), Monsieur Ripois et la Némésis (1928). Sans oublier le recueil de nouvelles : La Belle que voilà (1923).
Dans ce grand Nord à défricher superbement décrit, les hommes s’ordonnent autour de deux grands pôles : il y a les coureurs de bois et les fermiers. Louis Hémon parle de « deux races : les pionniers et les sédentaires » (p 36). Et c’est entre ces deux options de base auxquelles s’ajoute en dernier une troisième, que Maria, seule fille à marier de la famille, devra choisir son avenir. Trois hommes lui proposeront, soit une vie de vagabondage et d’aventures dans les bois, soit la paix tranquille d’une paysanne dans sa ferme, soit encore l’exil dans une grande cité des États-Unis.
Le choix de Maria oscille entre ses désirs, ses besoins et l'authenticité de sa nature.
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Maria Chapdelaine est un récit, issu du séjour de Louis Hémon au Canada entre 1912-1913, malheureusement mort accidentellement, happé par un train, il n’en vit pas le succès.
Ce livre fit les beaux débuts de la maison Grasset, mais Louis Hémon est aussi l’auteur de Monsieur Ripois, La belle que voilà, Colin-maillard etc… tous publiés à titre posthume.
L’auteur nous décrit la vie des colons, venus s’installer sur cette terre où tout est à faire. « Icitte » nous nous trouvons à Péribonka (rivière creusant le sable) qui compte actuellement 515 habitants pour une superficie de 110 km₂.
La famille Chapdelaine a cette particularité de vivre isolée de l’autre côté du lac St Jean. Il faut reconnaître que le père, Samuel, a une âme de défricheur, et lorsqu’il a défriché, si quelqu’un vient s’installer à proximité, il part plus au nord encore. C’est la cinquième installation que la famille connait et la mère Laura en a assez, elle aimerait se fixer. Ce couple a eu six enfants et Maria est la deuxième.
Icitte, les gens ne subissent pas les saisons, ils les vivent et accommodent leurs activités à celles-ci.
« Le vieux cheval planta dans la neige semi liquide les crampons de ses abots et s’en alla vers la rive par bonds, avec de grands coups de collier. Au moment où ils atterrissaient, une plaque de glace vira un peu sous les patins du traineau et s’enfonça, laissant à sa place un trou d’eau claire.
Samuel Chapdelaine se retourna.
Nous serons les derniers à traverser, cette saison, dit-il. »
« A soir », chacun choisit chez qui il va frapper pour la veillée, ils ont peu mais connaissent le partage. Chez les Chapdelaine, Maria, belle jeune fille, bien charpentée et courageuse à l’ouvrage est convoitée par trois prétendant : François Paradis, un coureur des bois, Lorenzo Surprenant qui vit aux Etats-Unis et Eutrope Gagnon, homme de la terre comme Samuel.
Ses deux premiers prétendants ne veulent pas que la terre mange « tout leur règne » il préfère avoir une job, seul Eutrope est attaché au défrichage et à la culture.
Le cœur de Maria penche pour François, « vous serez encore icitte…au printemps prochain ?
Oui.
Et après cette simple question et sa simple réponse ils se turent et restèrent longtemps ainsi, muets et solennels, parce qu’ils avaient échangé leurs serments. »
Quel « règne » choisira Maria, toute la question est là ?
Maria a été élevée par des parents dont « La vie avait toujours été une et simple pour eux : le dur travail nécessaire, le bon accord entre époux, la soumission aux lois de la nature et de l’Eglise. Toutes ces choses s’étaient fondues dans la même trame, les rites du culte et les détails de l’existence journalière tressés ensemble, de sorte qu’ils eussent été incapables de séparer l’exaltation religieuse qui les possédait d’avec leur tendresse inexprimée. »
On peut gloser à l’infini sur son choix final, mais en lisant cette vie simple, faite de vraies valeurs cela s’explique.
Des malheurs il y en a, et dans cette vie rude personne n’est épargné. Les saisons charrient leur besogne comme la fonte des neiges charrie le fleuve. Tout coule, tout passe ou tout casse.
C’est d’une écriture magnifique que ce texte nous livre le premier livre du Canada et qui va ouvrir la voie à la littérature canadienne. Ce qui est amusant c’est que Louis Hémon était un breton pure souche.
Poétique, réaliste, humain, de beaux portraits sont dessinés, comme la charrue trace son sillon dans la terre meuble du printemps.
Un plaisir de lecture renouvelé et à la fois plus profondément savouré.
A cette période de l’année où un flot abondant de livres nous arrivent par vague, j’ai plaisir à retrouver un classique et une écriture majestueuse.
Ce livre a été vendu en 1921 à 420 000 exemplaires et l’Académie Française l’a proclamé chef d’œuvre immortel de notre pays. Ils ont eu raison nos académiciens, enfin ceux de l’époque.
Je conclurais ma recension par l’incipit du récit : « Ite missa est ».
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 04 décembre 2017
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