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Vers 1902, alors qu'il prépare une anthologie de poèmes de Verlaine, Stefan Zweig découvre les écrits de Marceline Desbordes-Valmore. Née à Douai en 1786, arrivée à Paris à l'âge de seize ans, elle entame une carrière d'actrice avant de se consacrer à l'écriture. Hantée par une passion déçue, brisée par de multiples deuils, Marceline Desbordes-Valmore mène une existence douloureuse, qu'elle parvient à transfigurer par la poésie.
Si elle-même était aveugle à son propre talent, se considérant comme une « bien ignorante et bien inutile créature », celle que les médisants surnommaient « Notre-Dame des Pleurs » fût pourtant célébrée par Hugo, Balzac, Lamartine ou encore Baudelaire comme l'un des plus grands génies féminins de la littérature. Ne dérogeant pas à la règle, Zweig se joint à ce cortège d'admirateurs et livre dans cette biographie un hommage vibrant à la poétesse, présenté pour la première fois dans sa traduction intégrale.
Édition présentée et établie par Olivier Philipponnat.
Ce volume est intéressant, pas tant pour le texte de Zweig, un peu trop mélodramatique à mon goût, que pour les poèmes de Marceline Desbordes-Valmore, le récit qu'elle donne de sa vie et les extraits de lettres proposés ensuite. Etonnant de découvrir que son père, peintre d'armoiries, se retrouve dans la misère à la Révolution, et qu'elle s'embarque avec sa mère pour l'Amérique ; que sa mère décède durant le voyage et qu'elle est orpheline à l'âge de douze ans. Touchant, ce poème intitulé "l'oreiller d'une petite fille" : "Dans l'avenir, mon Dieu, ne fais plus d'orphelins ![...] Mets, sous l'enfant perdu que la mère abandonne,/ Un petit oreiller qui le fera dormir !" Cette enfant courageuse, autodidacte et peu instruite, devient une actrice reconnue à l'Opéra-comique, puis une poétesse saluée par Hugo et Lamartine, et lutte contre les difficultés matérielles toute sa vie. Mariée et mère de trois enfants, elle en perd deux prématurément, et s'épanche dans des vers qui la consolent : "Laissez-moi passer, je suis mère ; / Je vais redemander au sort/ Les doux fruits d'une fleur amère, / Mes petits volés par la mort." Une très belle poésie vibrante et sincère, à découvrir d'urgence.
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