Le palmarès de la rentrée littéraire 2018
Kewei naît en 1950 dans une famille de paysans au pied de l'Himalaya, dans la vaste campagne chinoise. Au marché de Ya'an, sur les sentes ombragées du Sichuan, aux champs et même à l'école, Kewei, en dépit des suppliques de sa mère, dessine du matin au soir. La collectivisation des terres bat son plein et la famine décime bientôt le village.
Repéré par un Garde Rouge, Kewei échappe au travail agricole et à la rééducation permanente.
Sa vie bascule. Il part étudier aux Beaux-Arts de Pékin, laissant derrière lui sa mère, sa toute jeune épouse, leur fils et un village dont les traditions ancestrales sont en train de disparaître sous les coups de boutoir de la Révolution.
Dans la grande ville, Kewei côtoie les maîtres de la nouvelle Chine, obtient la carte du Parti.
Devenu peintre du régime, son ascension ne connaît plus de limite. Mais l'Histoire va bientôt le rattraper.
Le palmarès de la rentrée littéraire 2018
La sixième édition des explorateurs de la rentrée ? Du neuf, toujours du neuf, l’enthousiasme est intact !
Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
Un roman qui débute pendant les atrocités de la révolution culturelle et qui se poursuit jusqu'en 1989 en Chine.
On suit le destin de Kewei.
C'est sombre comme l'époque ; il est question de pauvreté, de violence, de misère, de famine, de froid, de délation, de dictature, de culte de la personnalité, de lavage de cerveau et de grande solitude aussi.
Il est très difficile de s'attacher aux personnages tant tout cela est réaliste.
L'écriture est ciselée, élégante et sans jugement dans sa description de la brutalité des faits.
Il y a néanmoins quelques longueurs surtout sur la fin.
Cela reste un roman puissant.
L'Histoire de la Chine de 1950 à 1989.
Du "Grand Bond en avant" de Mao aux révoltes étudiantes Place Tian'anmen (1989), l'auteur démonte le communisme à la chinoise qui vous fait roi un jour et traitre le lendemain.
Petites lâchetés, hypocrisies, purges, lavage de cerveau, mises au ban arbitraires.... n'en jettez plus !
La Grande Histoire vue au travers Tian Kowei - personnage central du roman - fils d'un paysan du Sichouan et peintre à ses heures perdues.
Tian Kowei deviendra un homme respecté, membre du Parti, et rejoindra la prestigieuse Académie des Beaux-Arts de Pekin. Mais l'exercice de son art sera mis au profit du parti , Kewei sera LE peintre de la propagande.
Rien de neuf sous le soleil !
Certes, ce roman est bien écrit, richement documenté, mais j'avoue ne rien avoir appris sur la période.
Des objectifs politiques, philosophiques dévoyés car l'Homme est... faible et vil.
L'Histoire (avec un grand H) prend le pas sur le roman.
Une belle expérience de lecture néanmoins.
« Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos égos ? Maîtres de nos rêves, esclaves de ce qui les concrétise? »
Quel roman dense !! Il nous plonge dans la Chine de le seconde moitié du XXème siècle, à la suite de Kewei, né en 1950 dans le Sichuan, devenu peintre comme l'était son père. La grande pauvreté qui sévit à la campagne depuis la révolution culturelle, jusqu'à la famine, le régime totalitaire qui domine par la peur et les humiliations, la figure toute-puissante du Grand Timonier...J'ai éprouvé une sorte de fascination atterrée à la description de cette politique de la pensée unique, cette absence absolue de liberté...
Le personnage de Kewei vit au rythme de son art, et de la façon dont il est perçu, reçu : de sa condamnation ou de sa mise en avant en fonction des attentes des membres du Parti.
L'art au service de la propagande ou l'art comme moyen de résistance...un des grands sujets de cette fresque fournie, de ce livre très documenté et très bien écrit.
J'ai beaucoup appris lors de cette lecture, qui m'a vraiment intéressée mais m'a aussi coûté. Trop longue, peut-être, à la limite du rébarbatif parfois... J'ai été satisfaite et soulagée d'en voir la fin !
Quel livre dense et documenté ! Paul Gréveillac nous emmène en Chine et nous fait accompagner, pas à pas, Tian Kewei tout au long de sa vie depuis la création de la République Populaire de Chine. Nous suivons Kewei, de près, tant dans ses différents déplacements et missions que dans ses pensées et réflexions, dans ce régime totalitaire. Artiste, il fait un choix radicalement opposé à celui de son père, « droitier », et décide de suivre la pensée de Mao Zedong, quitte à renier ses origines et a accepté la violence et la faim, prix à payer pour la concrétisation de la nouvelle Chine. Pour le Grand Timonier et ses idées, il utilise son art, la peinture, et est un protagoniste de la « Révolution Culturelle » chinoise. Il s’y engage totalement, jusqu’à tout donner pour cela.
Ce roman, très détaillé, très descriptif, complet, est historique et pose la question de l’influence de la politique sur l’art, de l’art comme outil de propagande, quitte à déformer la réalité et à ce que toutes les œuvres se ressemblent, mais également, à l’inverse, de l’art comme outil d’opposition. Il rappelle la question de la liberté d’expression dans un régime autoritaire, de la censure. Il nous immerge également dans la violence radicale utilisée pour faire taire les citoyens contre-révolutionnaires. Il nous fait ressentir l’atmosphère lourde.
L’auteur ne triche pas, son travail et sa connaissance du sujet sont réels, et m’ont semblé assez rarement aussi travaillés dans un roman. Néanmoins, cet ouvrage demande de la persévérance au lecteur pour arriver au bout des 457 pages de récit et de description, et tout un chacun pourrait avoir besoin d’être prévenu avant de se laisser immerger dans ce de récit, riche en informations.
Kewei né en 1950, dans une famille de paysan du Sichuan, n’a qu’une passion la peinture.
« Xi Yan quand elle surprenait son fils en train de dessiner ou, pire, de peindre, se disait quant à elle que la malédiction s’était abattue sur sa famille. »
Les dix premières années de sa vie ne furent pas faciles, il lui a fallu comprendre et se plier. Très vite il est devenu le meilleur de sa classe, il a des facilités mais il a dû comprendre que :
« … pour tenter de s’approprier un sujet, d’y insuffler le soi, il faut savoir en parler. Le transcender par le verbe. Et c’est pourquoi il faut maîtriser, dans la peinture traditionnelle chinoise, l’art d’écrire, avant celui de peindre. »
Il fut rossé par ses petits camarades de classe, il s’endurcit et leur devint supérieur.
Un objectif à atteindre « La triple perfection : alliage de la peinture, de la calligraphie et de la poésie. »
« Il avait su lire quelques mois avant les autres, sans efforts. Il avait depuis creusé l’écart. Son père était très fier. Sa mère terrorisée. »
Nous sommes en pleine révolution chinoise, les exactions sont en marche, tout est fait pour faire plier les récalcitrants à la collectivisation.
Qu’importe la famine, les maladies, les morts semés en chemin, pourvu que la concrétisation de la nouvelle Chine se fasse.
Ceux qui meurent en route sont ceux qui sont naturellement ennemi de la Chine nouvelle. Les autres trop occupés à survivre, à plier sous les coups et la famine n’ont plus de libre arbitre.
Alors Kewei ?
A vingt ans, marié il reçoit l’injonction d’intégrer l’école des Beaux-Arts de Pékin. Deux mille kilomètres pour arriver dans une ville qui lui semble, à lui qui n’a jamais quitté ses montagnes Sichuanaises, être à la fois une « jungle et un désert ».
L’éducation dispensée consiste à ce que chacun intègre qu’« il n’existe pas, dans la réalité, d’art pour l’art, d’art au-dessus des classes, ni d’art qui se développe en dehors de la politique ou indépendamment d’elle. La littérature et l’art prolétariens font partie de l’ensemble de la cause révolutionnaire du prolétariat. »
L’apprentissage est plus que rude, l’auto-critique encore plus féroce, ne pas flancher.
Tenir, se faire remarquer pour une vie quotidienne plus douce et faire venir sa femme et son enfant. C’est une lutte de tous les instants.
Apprendre aussi que les serpents les plus venimeux ne sont pas ceux qui rampent dans la nature…
Kewei issu de paysans moyen-riches, de conditionnements en reniements, apprend à faire le « dos rond » comme s’il avait une seconde peau.
En parallèle Liu le pinceau, orphelin élevé dans la rue, passe sa vie en marge, peint et créé un groupe d’artistes marginaux.
Le fils de Kewei va grandir entre ces deux vies, ces deux choix. Ce qui va le mettre en marche vers les évènements de Tian’anmen.
Quarante ans d’Histoire de la Chine, dans laquelle le lecteur est emporté comme par le torrent d’une rivière. L’écriture exigeante, complexe, lyrique et captivante de Paul Greveillac nous fait vivre le quotidien de ce peuple de l’intérieur, jusqu’au piège du crépuscule d’une vie.
Ce roman est exceptionnel tant par le savoir que par le réalisme des personnages, le lecteur vit cette histoire dans sa chair.
Le temps de cette lecture, j’ai épousé la mentalité chinoise, j’ai subi, je me suis rebellée, j’ai eu froid, faim, mal tout le temps, jamais un véritable instant de quiétude, j’ai subi ce régime dictatorial.
Une vie de création, de dilemmes, condamnés à errer sur cette interrogation « Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos ego ? »
Aurez-vous une réponse après cette lecture bouleversante ?
« Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau ?
S'il fallait plus que des mots ?
…Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp » JJ Goldman.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 11 février 2019.
Paul Greveillac nous livre avec ce roman « Maîtres et esclaves » une grande et magnifique fresque, au souffle puissant, de la Chine de Mao Zedong vue au travers des destins de nombreux personnages dont la plupart seront broyés par les dérives d’un régime autoritaire.
Le roman commence en 1950, un an après l’avènement de Mao Zedond, avec la naissance de Tian Kewei, dans la province du Sichuan, d’une famille de paysans « moyens-riches ». Nous allons le suivre pendant presque 50 ans ; sa vie personnelle sera intimement marquée par les soubresauts politiques de la Chine communiste. Tian Kewei deviendra un peintre reconnu du régime dont il traversera toutes les vicissitudes : le Grand Bond en Avant responsable d’une terrible famine, la délation, l’autocritique, la justice populaire expéditive.
Ce roman est remarquablement documenté et nous fait découvrir l’histoire de la Chine de l’intérieur, à travers les yeux et les souffrances de simples citoyens. Pour autant, l’écriture est belle, poétique, capable de nous donner à voir un tableau, un paysage comme si nous y étions nous-mêmes en face.
Ce roman est également une profonde réflexion sur l’art et le pouvoir, sur le degré d’influence de l’un sur l’autre. Deux conceptions de l’art s’y affrontent : l’art en soutien du pouvoir, autrement appelé propagande et l’art comme expression d’une liberté revendiquée.
Très beau roman qui pêche cependant par des longueurs, des personnages qui n’apparaissent que pour être victimes de décisions absurdes du régime maoïste et disparaissent aussitôt, des réflexions politiques trop développées qui font parfois perdre le fil et nous éloignent de l’émotion liée au destin de Tian Kewei.
Roman d'apprentissage d'un enfant dans la Chine des années 50 ? Roman historique d'un paysan- peintre du régime pendant la Révolution culturelle ? Ce livre très dense est protéiforme, tout à la fois poétique comme une peinture chinoise Shuimo et réaliste, didactique et documentaire, car impressionnant par la quantité de révélations historiques. L'écriture est limpide, aisée, et l'histoire de Tian Kewei se suit avec beaucoup d'intérêt.
Ce qui m'a le plus passionnée c'est l'opposition et la dualité qu'évoque le titre: "Maîtres et esclaves". "Sommes nous maîtres de nos destins, esclaves de nos égo? " (p 299) En effet, Kewei, maître de son talent est devenu esclave de son destin, et son talent, perverti par la dictature, pour sa survie,le transforme en bourreau obéissant.
J'ai été embarquée dans cette Chine abîmée par tant d'années de souffrances, tortures en tous genres,sous le régime de Mao, jusqu’à nos jours et la rébellion de la place Tian'Anmen, dont je connaissais d'ailleurs fort mal l'histoire, et une fois refermé ce livre continue de résonner en moi.
Une seule frustration : ne pas pouvoir visualiser le cheminement artistique de ce jeune peintre et l'évolution de son art..J'ai donc pallier à ce manque en allant chercher sur Internet les différentes représentations de l'art sous Mao.
Merci à Lecteurs.com, et surtout Paul Greveillac son auteur, pour m'avoir fait cadeau de cette magnifique découverte
J ai lu beaucoup de livre sur la vie des chinois mais cet auteur et le livre j a vous que je serais très contente de le lire car il y a toujours à decouvrir de leurs vie
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