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L'Odeur de chlore, c'est la réponse de l'usager au programme "Modulor" de l'architecte Le Corbusier. C'est la chronique d'un corps qui fait ses longueurs dans la piscine du Corbusier à Firminy. Le lieu est traité comme contrainte d'écriture qui, passage de bras après passage de bras, guide la remémoration. Dans ces allers-retours, propres à l'entraînement, soudain ce qui était vraiment à raconter revient : le souvenir enfoui offre brutalement son effarante profondeur.
Quelque chose de très contemporain cherche à se formuler ici : comment dit-on « l'usager » au féminin ? Comment calcule-t-on la stature de la femme du Modulor ?
Lorsque le corps idéal est conçu comme le lieu du standard, comment s'approprier son propre corps ? Comment faire naître sa voix ? Comment dégager son récit du grand récit de l'architecte ?
J'ai cherché à traduire la langue du corps, une langue qui est toute eau et rythme. Délaissant la fiction, j'ai laissé le réel me submerger. À la « machine à habiter », je réponds avec du corps, de la chair, jusqu'à rendre visible l'invisible, jusqu'à donner une place à l'inaudible.
Si tu savais comme je suis bien.
Surprenant petit livre. On ne peut pas parler de roman, il n’y a pas d’histoire dans ce court récit. A peine commencé, il est terminé. Je le reprends, j’ai dû louper quelque chose. Il est bien écrit, mais… je suis passée et repassée à côté !
Un court récit sur fond de chlore et de couleur pastel, pas de quoi se noyer dans cette célèbre piscine où l'auteur nous fait plonger sans grand intérêt. Dommage, je suis sans doute passée à côté.
Surprenant texte que ce bref roman qui s’amarre dans la réalité d’un lieu, d’un corps, d’une odeur prégnante comme certains souvenirs.
Pas plus long que quelques longueurs de bassin, il se lit d’un seul souffle, presqu’en apnée, et son ambiance toute particulière s’accroche à la mémoire comme l’odeur chlore sur la peau. Il faut dire aussi qu’à mi- lecture, comme le nageur imprudent se laisse emporter par son élan et fonce tête baissée contre le bord du bassin, le lecteur, entraîné sans méfiance par l’écriture fluide d’Irma Pelatan et les souvenirs qu’elle déroule comme autant de lignes de nage, se heurte brutalement contre un fragment de mémoire, acéré comme un étoc mais invisible à la surface.
S’appuyant de toutes ses forces sur cette pierre de douleur, c’est de là qu’Irma Pelatan prendra son élan pour plonger entre les lignes brouillées, eau et encre mêlées, de son histoire, pour enfin la dire et l’écrire, avec un talent plein de promesses.
Nous le savons, la mémoire olfactive est très puissante. Les odeurs déclenchent des émotions, nous rassurent ou nous consolent. Parfois elles nous renvoient directement dans le passé, à un moment, dans un endroit, à une émotion. L'odeur de chlore renvoie naturellement à la piscine. Mais pour Irma Pelatan ce n'est pas à n'importe quelle piscine que cette odeur la renvoie. Non, c'est à celle de Firminy, une ville située à proximité de Saint-Etienne. C'est le célèbre architecte Le Corbusier qui a imaginé cette piscine. Ce site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO valait bien qu'on lui consacre un premier livre. Irma Pelatan s'est jetée à l'eau.
L'odeur de chlore, c’est la réponse de l’usager au programme Modulor de l’architecte Le Corbusier. C’est la chronique d’un corps qui fait ses longueurs dans la piscine du Corbusier à Firminy. Le lieu est traité comme contrainte d’écriture qui, passage de bras après passage de bras, guide la remémoration. Dans ces allers-retours, propres à l’entraînement, soudain ce qui était vraiment à raconter revient : le souvenir enfoui offre brutalement son effarante profondeur.
Entre 4 et 18 ans, Irma Pelatan fréquente deux à trois soirs par semaine la piscine municipale de Firminy. La natation fonde en elle un certain rapport au corps et un certain rapport au rythme. Cette piscine est déjà un discours sur le corps. En effet, l'architecte du bonheur concevait ses réalisations comme des machines à habiter. Selon lui, le corps devait définir l'habitat. Alors comment vivre dans de tels espaces -qu'ils soient privés ou collectifs- lorsque son corps n'obéit pas aux standards définit par Le Corbusier ? Bien que celui d'Irma Pelatan ait changé durant ces quatorze années, bien qu'il ait évolué, ce corps n'a jamais semblé avoir été adapté au lieu, au projet de l'architecte. La piscine n’avait pas été conçue pour une petite fille, pas plus que pour une jeune femme. Tout tournait autour du corps, mais pas du sien. Tout tournait autour du corps d'un homme mesurant un mètre quatre-vingt trois. Sans cesse, elle sentait que quelque chose clochait. La sensation d’harmonie visée par le Modulor ne la concernait jamais.
L'odeur de chlore c'est à la fois un texte qui interpelle sur la relation que l'on entretient avec son corps, du bouleversement que de sa transformation génère, des efforts physiques que l'on doit faire pour se l'approprier, pour le rendre supportable, mais c'est également une critique de la standardisation de ce corps, notamment lorsque cette dernière aboutit à la construction de lieux de vie. L'odeur de chlore n'est pas un roman, il s'apparente davantage à court recueil de souvenirs. Ceux de l'effort. L'effort de devoir se dépasser sportivement, l'effort de devoir accepter son corps changeant, l'effort de devoir s'adapter au lieu dans lequel on évolue.
En dépit de sa plume fluide et limpide, Irma Pelatan m'a entraînée au fond de la piscine. J'ai bu la tasse. Dommage j'aurai préféré plonger dans L'odeur de chlore.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2019/07/mon-avis-sur-lodeur-de-chlore-dirma.html
Enfant, adolescente puis jeune femme, Irma Pelatan, l'auteur de ce texte étrange, a nagé plusieurs fois par semaine dans la grande piscine de Firminy.
Elle raconte tout au long de ces 98 pages, avec une écriture légère et aérienne, ses souvenirs de nageuse.
On se rappelle alors nous aussi l'odeur particulière qu'il règne dans ces établissements, les grands vestiaires, les bracelets de plastique attribuant un casier et les heures passées dans l'eau, nos doigts fripés et nos cheveux mouillés à la sortie...
Mais j'ai malheureusement peu accroché à ce court texte et je pense être passée à côté de ce que l'auteur voulait nous dire...
Merci aux 68 premières fois pour cette découverte...
« J’ai beaucoup nagé dans mon enfance, tu sais, car le sport nous tenait lieu de culture, de loisir, de valeur, de lien; tout ça, qui peinait à se dire autrement dans la famille, se sortait par le corps, par un corps tenu, une vraie culture du corps, affreusement mécaniste, ce corps de l’effort. Comment suggérer alors? Comment fonder l’intériorité, la preuve de son existence au monde, si ce n’est dans le travail et l’effort, mesurés à parts égales aux attentes du père et au chronomètre, les deux figures de la Loi. »
Avec «L’odeur du chlore», Irma Pelatan fait resurgir ses souvenirs au rythme des longueurs de piscine et, au fur et à mesure que son corps se transforme, nous raconte l’ambition architecturale du Corbusier.
Nous voilà cette fois à Firminy, petite ville du Massif central dont la notoriété, après la fermeture des aciéries, tient au prix national d'urbanisme décerné à la ville en 1962 pour un ensemble architectural dessiné par Le Corbusier et comprenant notamment, outre des immeubles d’habitation, des équipements collectifs et une église – qui ne sera terminée que bien longtemps après la mort de son concepteur.
Parmi les équipements collectifs figure la piscine dont il est question dans ce récit.
Pour la narratrice et pour sa famille, la piscine devient très vite un cocon protecteur: «Quand j’étais de l’autre côté de la vitre, je sentais (…) qu’il y avait une grande force à se montrer presque nue face aux habillés. La vitre était une protection, me rendait inatteignable.»
Membre du Club des Dauphins, c’est là qu’elle va voir son corps se développer, prendre conscience de sa féminité grandissante. «Mon corps est devenu celui d’une femme. Cette piscine a vu mon corps se faire femme, semaine après semaine, elle a vu mes seins pousser, mes hanches naître, elle a su mes règles. Et, de tout aussi loin, elle a vu mon corps grandir et grossir, échapper à la courbe, devenir trop, devenir autre, quitter la norme.»
Au fur et à mesure des longueurs effectuées, des progrès réalisés, des confrontations victorieuses, on se prend à rêver, à faire de cet endroit le point de départ vers d’autres voyages. «On soufflait de l’eau chlorée par les narines, mais ça voulait dire la mer. Ça voulait dire la puissance de la mer, le sel de la mer, la majesté de la mer. L’espace sans limite.» La mer où Le Corbusier finira par mourir, laissant à André Wogenscky le soin de conclure son œuvre et à Irma Pelatan de comprendre que les apparences sont quelquefois trompeuses, y compris lorsque le veut être l’architecte de sa vie.
https://urlz.fr/9mFd
Dans cet espace aquatique, une petite fille devient femme. À force de longueurs, elle voit ce corps qui change, se modifie, évolue et se forge. Peut-être frôle-t-elle la perfection dans ce lieu si normalisé.
« Comment mon corps peut-il être un mystère à moi-même ? »
En un court récit, Irma Pelatan, dessine le parcours du corps. Captivée par son rôle et son devenir au fil de sa vie. Comment il se comporte face à la nature des choses et la place qu’il a parmi les autres. C’est bref et il n’en fallait pas plus pour ce texte tout en pudeur. Le rapport du corps à soi et aux autres n’a plus le même goût après cette lecture.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2019/03/26/37208191.html
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